Un article de l'Equipe sur Yann M'Vila qui s'impose à Rennes.
Citation
M'Vila a tant attendu
Brillant dans les équipes de France de jeunes, Yann M'Vila, déprimé par le manque de confiance de Guy Lacombe, s'est imposé sous l'ère Antonetti.
Il y a quelques semaines, pour booster son milieu de 19 ans, Frédéric Antonetti interrogeait : Yann M'Vila est titulaire aujourd'hui, mais le sera-t-il en fin de saison ? Aujourd'hui, l'entraîneur du Stade rennais sous-entend que le jeune s'imposera de lui-même comme un candidat pour une place dans les vingt-trois Bleus à la Coupe du monde, louant sa «maturité exceptionnelle dans le jeu.» M'Vila, qui a cru a une blague sur le coup, a dix matches de L1 derrière lui. Tous joués cette saison sous la direction d'Antonetti. « Lui m'a dit des trucs et il les a faits en peu de temps, nous confie le jeune homme. L'année dernière, on m'a dit la même chose pendant des mois et ça ne se faisait jamais.»
A son corps défendant, Yann M'Vila était alors l'un des symboles de l'incompatibilité entre le président Frédéric de Saint-Sernin et son entraîneur Guy Lacombe, présumé détecteur de talents, mais qui se privait du capitaine de l'équipe de France des moins de 19 ans, celui que la DTN défendait comme un crack lors de quelques coups de fils passés à la Pinardère. «La saison dernière, je n'ai pris aucun plaisir, j'avais perdu con fiance en moi, confirme M'Vila. Je pensais que je pouvais postuler pour de petites entrées, mais le coach des pros m'a dit un jour : ''tu ne t'entraînes plus avec nous''. J'étais avec la CFA, parfois les 1992-1993 (NDLR : il est de 1990). Sans savoir pourquoi. J'ai attendu, attendu. Je n'étais pas heureux.»
Si M'Vila n'a pas flanché, c'est grâce à son deuxième club. L'équipe de France. Après l'avoir dirigé chez les moins de 18, Erick Mombaerts l'a surclassé en Espoirs dès son premier rassemblement cette saison, sans avoir vu M'Vila en L1, sur la foi de son Euro des moins de 19 ans cet été. « Je priais pour être dans chaque sélection la saison dernière, pour que je retrouve mes potes. J'étais triste de rentrer à la fin des stages. Le sélectionneur Jean Gallice ne comprenait pas ma situation, il me soutenait. ''Tu vas réussir''. Je voyais Boudebouz et N'Diaye jouer en L1...» Pour franchir un cap, M'Vila a envisagé un prêt en juin. Rennes, après avoir laissé filer Brahimi à Clermont, Oniangue à Angers, Camara à Vannes, Le Tallec à Dortmund, Souprayen à Dijon, Lemarchand au Havre et Lasimant à Sedan, a posé son veto sur le petit joyau de cette génération.
«Dréossi m'a beaucoup parlé, m'a dit qu'avec un nouveau coach, il y aurait de nouveaux choix. Lors de la 1re journée, j'étais à l'Euro. Pour la 2e, il y avait deux blessés, j'étais dans le groupe et je suis rentré après l'expulsion d'Inamoto. Pour la 3e, contre Marseille, j'étais titulaire.» Il n'est pas sorti de l'équipe depuis, devenu indispensable, presque avec facilité. «La L1, on s'attend toujours à ce que ce soit dur. Mais je trouve qu'il y a beaucoup d'espaces, on joue plus. En CFA, c'est beaucoup de rentre-dedans». Le plus drôle, suggère-t-il, c'est que la concurrence est plus intense cette année. «On était cinq pour deux postes avec Mbia, Lemoine, Cheyrou, Oniangue et moi. Cette année, nous sommes six avec Lemoine, Cheyrou, Inamoto, Doumbia, Tettey et moi.» Une chose a changé : «Le club a confiance.»
- Cédric ROUQUETTE
lequipe.fr