Portrait de Gregory van der Wiel, nouveau latéral parisien

Dernière recrue estivale du Paris Saint-Germain, l’arrière latéral attendu de France arrive finalement des Pays-Bas. Gregory van der Wiel quitte en effet son club formateur de l’Ajax Amsterdam pour un montant de €6 millions, bonus compris, et rejoint la capitale pour un nouveau défi. Zoom sur l’arrière latéral offensif hollandais qui pourrait devenir une pièce importante du dispositif de Carlo Ancelotti, en concurrence avec Christophe Jallet.


Les débuts de Grégory Van der Wiel à l’Ajax Amsterdam n’ont pas été faciles.

Le départ de Grégory Van der Wiel était prévu depuis le début du mercato, mais celui-ci ne trouvait pas de club qui lui convenait, à l’image d’une approche de l’AS Roma déclinée. Au Paris Saint-Germain, le latéral droit de 24 ans vient prendre une nouvelle dimension et continuer sa progression. Si son talent est reconnu, il a encore une marge de progression importante pour devenir une référence. Cela tombe bien, Carlo Ancelotti devrait lui permettre de remédier à quelques lacunes. De son côté, il devrait apporter toutes ses qualités sur le côté droit de la défense parisienne.

Des débuts difficiles à cause de sa mentalité
Le joueur de l’Ajax Amsterdam va découvrir un nouveau championnat, un nouveau pays, une nouvelle culture, lui qui vit depuis tout petit au sein de la capitale des Pays-Bas et qui y a fait ses premiers pas dans le football. C’est dans le club quadruple vainqueur de la Ligue des Champions que Van Der Wiel fera ses gammes en intégrant le centre de formation à l’âge de 8 ans où il y restera jusqu’en 2002. L’Ajax se sépare du jeune Gregory pendant 3 ans en le cédant au HFC Haarlem, club qui n’existe plus dorénavant, en raison d’un problème de mentalité du principal concerné. Il y découvre là-bas un tout autre monde, complètement différent de la rigueur et du professionnalisme qui existaient à l’Ajax Amsterdam : « Quand j’étais à l’Ajax, j’ai réalisé à quel point j’étais gâté. Là-bas tout était toujours bien organisé. Nous avons reçu un nouveau kit à chaque saison et on était amené au club avec des mini-vans. A Haarlem je suis arrivé dans un monde totalement différent. L’hébergement était bien pire, nous avons joué dans des tenues qui dataient de 5 ans, et devions trouver notre propre chemin pour les formations. L’ambiance était mieux quand même, beaucoup plus détendue que l’Ajax. La période à Haarlem était bonne pour mon développement social. C’était un électrochoc pour moi. »

Le joueur est devenu plus mûr et décide de retourner du côté de l’Ajax Amsterdam en 2005 qui le courtisait de nouveau. Après avoir passé 2 ans dans les équipes de jeunes, le futur latéral droit des Pays-Bas découvre le haut niveau le 11 mars 2007 lors d’une rencontre face au FC Twente en effectuant son premier match avec les pros. Sur cette fin de saison et durant la suivante, VDW ne jouera que 10 matchs et deviendra un véritable titulaire en puissance seulement durant la saison 2008-2009 avec 43 matchs au compteur dont 32 en championnat. C’est Marco Van Basten, le coach de l’époque et ancienne gloire du club, qui décide de le lancer dans le grand bain et le pari se révèle gagnant puisque Van Der Wiel conservera son statut de cadre au sein de la formation néerlandaise. L’international néerlandais remercie d’ailleurs Van Basten pour tout ce qu’il a pu faire pour lui à l’époque : « Van Basten décide de me mettre subitement sur un côté pendant un entraînement. Je me suis tout de suite senti bien : j’avais enfin une véritable opportunité de percer. Cette position de latéral me convient mieux que dans l’axe, où j’ai toujours eu le sentiment que j’ai été limité. Le poste d’arrière droit s’adapte mieux avec moi, parce que je peux me donner à fond sur le terrain et j’ai plus de chances de marquer. Je dois tellement de choses à Van Basten. Je tiens vraiment à le remercier. »

Titulaire indiscutable à l’Ajax et en sélection, Grégory Van der Wiel espère maintenant gagner des titres.

Devenu indiscutable à l’Ajax et en sélection
Il réalise en 2009-2010 sa plus belle saison, en inscrivant 6 buts en championnat et en tapant dans l’œil du sélectionneur national, Bert Van Marwijk. Il portera pour la première fois le maillot Oranje le 11 février 2009 lors d’un match amical face à la Tunisie. Pour couronner le tout, le joueur recevra en fin d’année le titre de meilleur jeune néerlandais de la saison afin de le récompenser de son excellent travail. Cette année la, Van Der Wiel aurait pu voir sa participation à la Coupe du Monde remise en cause à cause d’un petit écart de sa part. Alors que le joueur est forfait pour un match de sélection avec les Pays-Bas en raison d’une commotion cérébrale, il se trouve dans l’incapacité de se déplacer. Cependant, VDW se rend au concert du rappeur Lil Wayne et poste une photo sur Twitter alors qu’il ne devait pas être en état de pouvoir bouger. Cette histoire prend de l’ampleur aux Pays-Bas l’arrière droit est très critiqué par les médias ou encore par le sélectionneur qui n’apprécie pas le geste : « C’est un peu étrange qu’il puisse être capable d’aller à un concert, étant donné qu’il m’a dit qu’il n’était pas autorisé à pouvoir prendre l’avion avec la sélection. »

Tout sera ensuite remis à plat, et Bert Van Marwijk décide de passer l’éponge et de ne pas sanctionner le latéral droit qui sera finalement sélectionné pour le Mondial en Afrique du Sud. Il atteint la finale avec les Pays Bas et échoue face à l’Espagne après prolongations. C’est certainement durant cette compétition que le monde du football a véritablement connu Van Der Wiel, ce dernier ayant réalisé d’excellentes performances avec son équipe. Malgré l’intérêt de plusieurs grands clubs européens, il reste fidèle à son club et décide de continuer son aventure à Amsterdam, le temps de remporter deux titres consécutifs de champion des Pays-Bas. L’Euro 2012 avec les Oranje restera un mauvais souvenir pour le joueur qui aura énormément souffert durant la compétition en n’étant pas au niveau espéré, comme le reste de son équipe, éliminée dès les phases de poule.

Points forts, points faibles et impact tactique
Après une Coupe du Monde 2010 qui a confirmé les espoirs placés en lui, Gregory Van der Wiel a connu une période un peu plus difficile lors de l’Euro 2012. Néanmoins, cela n’entame en rien ses qualités et il reste, à 24 ans, l’un des latéraux droits offensifs les plus talentueux d’Europe. Rapide comme l’éclair et doté d’une accélération fulgurante, Gregory van der Wiel est en plus pourvu d’une endurance remarquable. Ses qualités physiques et aérobiques en font donc un joueur idéal pour l’occupation d’un couloir entier. De fait, il n’hésite pas à s’engouffrer régulièrement dans les espaces pouvant s’ouvrir dans son couloir (flèche blance vers l’avant et zone blanche). Gregory van der Wiel est en effet le type de latéral offensif qui, dans une équipe ayant le contrôle de la possession, passe plus de temps dans la moitié de terrain adverse que dans la sienne.

Animation présentant les mouvements de l’arrière latéral offensif.

L’avantage tactique principal d’un tel joueur est de proposer une solution de passe latérale ou diagonale avant à son axe central (pressing central bleu et passes extérieur jaune), ce qui permet donc à son milieu de terrain de se sortir d’un pressing axial fort et de conserver la maitrise du ballon. Par effet domino, un latéral offensif se rendant disponible pour son milieu de terrain, et recevant le ballon, va contribuer à créer des espaces au cœur du jeu (zone triangulaire jaune). En effet, les milieux de terrain adverses pouvant sortir au pressing sur lui (pressing bleu vers le latéral) et quitter la zone centrale. Grâce à son implication dans la construction du jeu, il offre également à son équipe de nouveaux angles de passes depuis son aile droite (flèches et zones blanches et jaunes), ce qui est utile pour percer une défense cadenassée. Sa qualité de centre, comme sa technique générale, reste correcte sans être exceptionnelle, et sa relation aérienne avec Zlatan Ibrahimovic peut être une option supplémentaire à explorer pour le technicien italien.

Un apport offensif mais des espaces en défense
Ses courses en avant permettent également de conserver une certaine largeur de jeu lors de l’offensive, lorsque les avants excentrés ont tendance à se recentrer et à repiquer balle au pied (flèches blanches de mouvement vers l’intérieur du numéro 7). Gregory van der Wiel étant axé sur l’offensive, sur un renversement de jeu, il sollicitera aussi le ballon par appels de balle dans le dos de la défense (zone blanche + passes longues-déviation jaunes) sur son aile, pour ainsi se placer dans des situations dangereuses aux abords de la surface de réparation où sa frappe puissante peut faire mouche. L’ancien joueur de l’Ajax Amsterdam est donc complémentaire des milieux offensifs parisiens, dribbleurs et percuteurs, ainsi que des schémas de jeu étroits affectionnés par Carlo Ancelotti, comme le 4-3-2-1 ou le 4-3-3. Dans ce type de formation et d’animation, l’apport d’un latéral offensif comme Gregory Van der Wiel est indispensable à l’équilibre global de l’animation offensive.

Ses capacités défensives sont, par contre, en deçà de ses talents d’attaquant. Contre-coup de son volontarisme offensif, Gregory van der Wiel laisse énormément d’espaces dans son dos (zone rouge). Soit autant d’opportunités qui peuvent être exploités par l’adversaire si, malgré sa rapidité, il ne se replace pas à temps.Car malgré son expérience conséquente pour un joueur de 24 ans, il ne brille pas toujours par sa lecture du jeu et son replacement défensif immédiat lors des contres adverses. Cela peut donc laisser sa défense exposée, la pousser à la faute et demande donc une attention particulière pour le milieu de terrain chargé de couvrir ses montées. Pas forcément à l’aise dans les duels face à des joueurs techniques ni excellent dans le marquage serré d’un adversaire doué dans ses appels de balle, il reste néanmoins un défenseur correct pour le championnat de France. L’apport de Carlo Ancelotti ne pourra que lui être bénéfique dans sa progression tactique et dans l’amélioration de sa technique défensive. Il propose une alternative intéressante à Christophe Jallet sur le flanc droit de l’animation parisienne.

Article réalisé avec Adrien Chantegrelet