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Version complète : L'histoire du PSG
Forum de Culture PSG > Les forums du Haut : L'actualité du PSG et du football > La vie des tribunes parisiennes
M4URIC3
Bon, la plupart d'entre-vous connaissent peut-être déjà cette vidéo mais je me permet de la remettre étant donner que je viens de la revoir et que ça fait toujours autant plaisir. wub.gif

http://www.megavideo.com/?d=bw4p2p9b

Rien à voir avec les tribunes... mais tout ce qui touche au premier forum est plutôt en rapport avec l'actus donc je l'ai posté ici... Si les modos veulent modifier ça, ça pas de souci.
Roufi
très bonne cette vidéo pour les plus jeunes comme moi, sa permet d'en apprendre beaucoup plus sur l'histoire du club. Merci wink.gif
GrekFreat
Merci, j'éspére qu'elle restera longtemps car je suis pas sur de pouvoir la matter ce soir
stoner_man
C'est quoi cette vidéo?

Un match? Lequel?
M4URIC3
Citation (stoner_man @ 25/05/2009 à 20:55) *
C'est quoi cette vidéo?

Un match? Lequel?


Un récap des années PSG des années 70 à 2000 pour les 30 ans. Un reportage quoi.
Rodriguez
C'est "les 30 ans du PSG"

Merci wub.gif
eezer
C'est facile de critiquer mais le doc part un peu dans tout les sens, dommage, voir l'évolution du club petit à petit, chronologiquement aurait été plus sympa.

Apres c'est toujours un plaisir de revoir certaines images, buts, joueurs qu'on aurait presque oublié. Mon petit Patrice Loko wub.gif wub.gif
Homer
Compter Florian Maurice comme grand buteur du PSG... Mais bon documentaire, il est vrai aussi que comme Ississéparis, j'aurai aimé voir un doc chronologique...
apero60
Citation
Entretien avec Manu, fondateur du Kop Of Boulogne, groupe mythique du punk français, auteur du mémorable titre « Paris-SG », et fondateur du KOB au début des années 1980.

D’où est venue ta passion du football ? As-tu joué en amateur ?
Je suis un passionné de foot. Je suis d’origine espagnole, catalane plus précisément. Mon père et mon frère ont toujours regardé le foot à la télé. Ensuite, j’ai travaillé en usine et j’ai joué deux ans en club, comme goal, à la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT). Je commençais à être punk. Du coup, j’ai découvert l’alcool et les joints et je ratais parfois des matchs parce que je ne me réveillais pas le dimanche matin.

Quand as-tu commencé à entendre parler du PSG ? Par quel biais as-tu fréquenté le Parc ?
La première fois que je suis allé au stade, c’était avec mon frère en 1978, pour PSG/Valenciennes, 4-2, pour la montée. J’avais même pas 15 ans. C’est comme ça que j’ai découvert l’ambiance du stade qui m’a encore plus impressionné que le match lui-même !

Au début, tu allais au Parc en famille ? Avec des potes ? En bande ?
Tout seul. C’est petit à petit que j’ai rencontré des gens du même coin que moi, Colombes, Asnières, La Garenne-Colombes, qui allaient également au Parc. On se retrouvait là-bas, dans la tribune.

Quel type de public se rendait alors au Parc ? Quelle était la politique du PSG à l’égard des jeunes ?
A 17 ans, je suis allé à la boutique du PSG, où ils proposaient des cartes d’abonnement pour les jeunes supporters de moins de 18 ans. À cette époque, la tribune Boulogne n’existait pas encore. On était à la corde. À la saison d’après, comme nous étions beaucoup, ils nous ont mis à Boulogne. On était tous mineurs et sans style particulier.

Comment le K.O.B. est-il né ? De qui était-il composé ? Comment s’intégrait-on au K.O.B ? Est-ce que vous suiviez des modèles de supporters étrangers ?
Je suis parti à Londres. Comme j’avais lu une interview de Jimmy Pursey, chanteur de Sham 69, qui parlait de West Ham, je suis allé voir un match des Hammers contre Leeds. Il y avait une telle énergie dans les tribunes que j’en ai oublié ce qui se passait sur le terrain. A la sortie du stade, je me suis retrouvé au milieu de 500 hooligans qui allaient se taper avec les supporters d’en face, qui chargeaient dans les rues, qui renversaient tout sur leur passage. Je n’avais jamais entendu parler des hooligans auparavant. Punk hooligan, ça avait du sens pour moi, puisque Sham 69 avait sa bande, la Sham Army, les Cockney Rejects pareil ! Quand je suis rentré en France, j’étais bouleversé. Lors d’un déplacement à Tours, qui était alors en première division, on s’est fait casser la tête par un mélange de supporters, de manouches et de bagarreurs tourangeots. Au stade, les flics nous provoquaient. Cet événement a forgé notre identité parisienne contre la France entière, et on a décidé de s’organiser. Un jour, on est allés en déplacement affronter les supporters tourangeots pour nous venger. On avait jeté des fumigènes sur les mecs. Pas mal sont repartis en ambulance. C’est mon premier souvenir de violence extrême.

Est-ce qu’on retrouvait les tribus rock dans le K.O.B. (punk, skin, mods, etc.) ? Quels rapports entreteniez-vous avec la scène musicale punk ? Des groupes fréquentaient-ils le K.O.B. ? Et inversement ?
Avec quelques punks, Eric, Chômeur et d’autres, on a fondé le KOP of Boulogne fin 1980. Rapidement, on était une cinquantaine. Deux mecs de mon groupe punk, Sherwood Pogo, venaient. Mais on était un peu une exception parmi les punks quand même. Il y avait aussi des autonomes que j’avais croisés dans des manifs. Il y avait quelques allumés. Chômeur, par exemple, était un électron libre fou. Il était tranquille à côté de moi, et tout d’un coup il partait taper un mec puis revenait s’installer tranquillement. À l’époque, il n’y avait pas de skins. S’il y avait un mec rasé, c’est qu’il était à l’armée. Et il n’y avait pas de groupes, d’associations, de rivalités. On était tous ensemble. On avait graffité les murs de la tribune Boulogne... Sherwood Pogo et Anarchie ! Mais il y avait aussi des supporters qui venaient à la tribune Boulogne mais qui n’étaient pas pour autant d’accord avec la manière dont nous nous comportions.

Vous considériez-vous comme des supporters ou des hooligans ? Les deux ?
Au début, notre grand truc, c’était juste d’être ensemble. On est devenus plus méchants après un match contre Bastia. Les supporters corses sont venus dans notre tribune pour nous bastonner. On n’a rien pu faire parce que les mecs nous ont montré qu’ils avaient des flingues. En plus, ça devait être la quatrième fois que je me faisais piquer mon écharpe. A partir de là, on a decidé d’aller systématiquement envahir les autres tribunes et ramener des trophées, c’est-à-dire piquer les écharpes, les drapeaux et les casquettes des supporters adverses. La plupart du temps, les mecs étaient tellement impressionnés qu’ils ne réagissaient pas. Ils se laissaient dépouiller. Je les déchirais devant eux ou je les ramenais chez moi où j’avais un grand carton rempli de tout ce que j’avais piqué. A cet âge-là, on était en train de forger notre personnalité. On n’avait pas besoin d’idéal pour aller se battre. On venait pour supporter le PSG et pour nous affirmer en tant que mecs. Je buvais plein de Ricard, un alccol qui me rend assez méchant, pour être vraiment chaud. Dans ces conditions-là, la violence arrive vite.

Aviez-vous un code l’honneur ? “P.S.G.” est le cinquième morceau que j’ai écrit pour Sherwood Pogo. C’est une sorte de code de l’honneur du hooligan. Ne pas s’attaquer aux femmes, aux enfants, aux gens en famille. Dans le morceau, on avait plus ou moins repris un chant de supporters : “On va tout casser, on va tout niquer / Fallait pas venir, il vaut mieux partir.” Le vrai chant, c’est “Ah, il fallait pas, il fallait pas venir / Ah, il fallait pas, il fallait pas y aller / Ça c’est Paris !” De toute façon, les supporters des equipes adverses étaient surpris et avaient peur de nous. Ils n’offraient pas de résistance quand on les dépouillait.

Suiviez-vous le PSG en déplacement ? Comment étiez-vous reçus ?
J’ai fait pas mal de déplacements. Je me souviens qu’on a cassé une bijouterie à Rennes, foutu en l’air les deux étages d’un grand magasin qui se trouvait sur le chemin entre la gare et le stade à Auxerre, forcé les portes d’entrée du stade à Nancy parce qu’on ne voulait pas nous laisser pénétrer, défoncé le train du retour.

Quand les autorités du parc, du club et la police ont-elles commencé à s’intéresser au K.O.B. ? Quand ont-elles commencé à réagir en conséquence ?
Au bout de quelques exactions, il y a eu quelques flics dans la tribune. Comme on avait moins de 20 ans, ils se la jouaient devant nous. Ça a renforcé notre idée d’aller au stade comme on va à la guerre. Tant que je suis allé au Parc, personne n’avait l’air de mesurer l’ampleur du mouvement. Longtemps, on n’était pas fouillés à l’entrée. Il n’y avait pas de cloisonnement des tribunes. A la mi-temps, on se baladait sans problème dans les autres tribunes. Il n’y avait pas de grosse présence policière à l’intérieur. Je n’ai jamais été emmerdé par les flics. C’est plutôt nous qui les avons emmerdés. Ça nous est arrivé de les charger, de leur voler leur kepi. Un pote a même volé un flingue à un flic. C’est evident que ça ne pouvait pas durer. Je trouve qu’on bénéficiait d’une impunité assez grave.

Y-a-t-il eu, à un moment, une transformation de la composition du K.O.B. ? Les skins ont-ils réalisé un nettoyage ? Boulogne territoire blanc, cela date de quand ?
A partir de 1982, quelques skins, comme les mecs du groupe R.A.S., ont commencé à venir. Ils n’étaient pas fachos. Puis, il y a eu des skins de la bande des Halles. Certains ont commencé à lorgner vers l’extrême-droite et à vouloir nous faire la guerre. Mais tant que je suis resté au Parc, il y avait toujours des noirs qui venaient. C’est plus tard que les skins ont voulu que Boulogne soit une tribune blanche. Je me souviens d’une fois où des skins étaient accompagnés d’un mec plus vieux, pas rasé mais habillé en imperméable noir, avec une mèche de cheveux, qui désignait d’une main gantée les mecs à qui casser la gueule. A cinq, on s’est passé le mot pour aller les éclater. Rapidement, on s’est retrouvés à plein pour monter, mais les flics, qui commençaient à être plus nombreux, se sont interposés. Un jour, des skins ont pissé du haut des tribunes sur un groupe d’une trentaine de noirs. Après le match, sur le quai, ils étaient là, prêts à se venger en tapant des supporters de la tribune Boulogne, sans distinction. On s’est d’abord enfuis dans le métro. Et puis, on ne voulait pas se laisser faire, alors après avoir déboulonné des bancs, ramassé des trucs sur les voies, on les a attendus et ça a été le pugilat. Le bassiste de Sherwood Pogo avait ramassé une traverse de béton qu’il a balancé sur la porte d’un wagon pour la défoncer. Il y a eu des millions de dégâts. Je me suis fait arrêter et j’ai passé trois jours dans une cage à la préfecture. C’est la seule baston “raciale” à laquelle j’ai participé, mais pas du tout pour des raisons racistes.

Quand as-tu arrêté d’aller au Parc ? As-tu pris du recul ?
En 1984, il n’y a pas eu un match où je ne me suis pas battu avec les skins. En plus, j’allais au Parc avec un cuir sans manches sur lequel était peint dans le dos un punk en train de massacrer un skin avec un couteau. Je me suis battu avec Fabian, avec Batskin. A la fin, on prenait bien soin de nous regrouper avec tous les supporters de notre coin pour arriver en force au stade. Je ne m’habillais plus en punk pour aller au match pour être plus libre de mes mouvements. Je mettais une écharpe autour de l’avant-bras pour cacher une chaîne pendant la fouille. Ça devenait impossible de suivre les matchs. Je passais mon temps à surveiller si je n’allais pas prendre un siège qui volait sur la tête. Du coup, avec des potes, après les matchs du samedi, j’ai fait deux-trois descentes à la sortie du Rose Bonbon, un club de concerts de l’époque, pour casser du skin. J’ai été repéré et après, ils me faisaient chier tout le temps. Une fois, il y a eu une cinquantaine de skins qui sont venus taper, non pas les supporters de l’équipe adverse, mais du Parisien. C’est ce genre de trucs qui a fait que nous, les supporters historiques du PSG, on a decidé de ne plus se rendre au Parc. J’ai été chassé en quelque sorte. En plus, mon groupe, Sherwood Pogo, faisait souvent des concerts le week end. Donc, j’avais de toute façon moins de temps pour aller aux matchs. Mais c’était plus chiant qu’autre chose. Si jamais ça avait été très sérieux, de toute façon, j’avais du répondant dans ma voiture. Chômeur, lui, est resté. Il est devenu skin et a rejoint les autres. Je ne l’ai pas revu depuis 1984.

Quelle impression t’ont fait les évènements du match du Heysel ?
Les blessures graves et les morts, c’est regrettable. C’est un grand gâchis parce que, finalement, les morts sont dûs au fait que beaucoup de gens, pas habitués aux bastons entre hooligans, ont eu peur, ce qui a généré un mouvement de foule. Du coup, des grilles se sont écroulées sous la pression. Moi, je n’ai jamais été plus loin que des coups. On se remet toujours d’un coup de poing ou même d’un bras cassé. Mais on était des fouteurs de merde, sans volonté d’infliger des blessures irréversibles.

Et aujourd’hui, ton retour sur cette période ?
J’ai 44 ans, mais si je me retrouvais dans la même ambiance, au milieu de plein de mecs qui chargent, quelque chose me dit que je pourrais le refaire. Se battre pour s’amuser, ça me semble toujours moins grave que tuer pour du fric par exemple. Après tant d’années, le seul mort qu’il y a eu à un match, c’est un flic qui a tué un supporter par peur.

Considères-tu qu’il y a eu une dérive du hooliganisme ? Comment vois-tu la situation actuelle ?
Ça n’a plus rien à voir ! La politique est rentrée dans le stade alors qu’elle n’a rien à y faire. On était des fouteurs de merde, avec un certain code de l’honneur, et nous n’étions pas racistes. Un raciste, avant d’être un supporter du PSG, est avant tout mon ennemi. La situation actuelle, c’est un peu tout ce qu’on voulait éviter.

Les dirigeants du Parc et du PSG ont-ils une part de responsabilité ?
Bien sûr. Ils ont préféré fermer les yeux. À une époque, les dirigeants du PSG préféraient qu’on parle de leur club, même par la mauvaise publicité du K.O.B. plutôt que le silence.

Aujourd’hui, tu as un fils de 19 ans, qui est en âge d’être hooligan.
J’ai un fils qui est fan de rugby. Il joue au rugby, il fait de la sécu pour des matchs au Stade de France et je pense qu’il ne s’est jamais battu de sa vie... Il est dans un autre état d’esprit
Vasco
Avec un peu de mise en page, ce serait parfait, mais merci pour l'article tout de même.
Dubdadda
Merci pour l'interview très enrichissante mais par contre stp soigne la mise en page la prochaine fois, cela m'évitera de le faire wink.gif
And1
Le PSG VA de la montée en 78 ?
Turlut-psg
http://www.psg.fr/fr/News/101001/Fil-info/...s-ancien-abonne

Ahaha c'est bon sa, comme apparemment sur ce forum y'a des "seniors" cool.gif.
Et puis c'est un peu "l'histoire du psg" aussi, donc voila avis à la populace smile.gif
cocoparissg
Citation (Turlut-psg @ 03/09/2009 à 21:01) *
http://www.psg.fr/fr/News/101001/Fil-info/...s-ancien-abonne

Ahaha c'est bon sa, comme apparemment sur ce forum y'a des "seniors" cool.gif.
Et puis c'est un peu "l'histoire du psg" aussi, donc voila avis à la populace smile.gif

Ca risque pas d'être toi Turlut whistle.gif
Turlut-psg
Citation
Ca risque pas d'être toi Turlut whistle.gif


Encore moins toi Coco popcorn.gif
Fabrice
Dans le même style que l'interview précédente, il y avait eu celle d'un membre du CPP :

Citation
L'Express du 08/05/2003

Témoignage
Moi, Fred, hooligan du PSG
propos recueillis par Boris Thiolay

Je suis un fan de foot depuis toujours. J'ai commencé à jouer à 8 ans dans un club de la banlieue parisienne. Jusqu'à 11 ans, j'ai vécu en HLM, puis dans un autre immeuble, en zone pavillonnaire. Je viens d'une famille d'ouvriers. Mon grand-père était communiste et mes parents ont toujours voté à gauche. Ils n'ont pas eu une vie facile. Mon père travaillait tard et je le voyais rentrer du boulot épuisé. Jeune, j'étais déjà nerveux. Avec mon cousin, quand on était gamins, on s'est toujours embrouillés avec des Maghrébins. J'avais des copains arabes, mais aussi beaucoup de soucis avec eux. Il y avait tout le temps des problèmes, des mecs qui se faisaient dépouiller.

«Le lendemain, j'étais tout fier de raconter que j'avais tapé un Anglais...»


J'ai découvert le PSG et le Parc des Princes avec mon oncle, en 1981. J'avais 11 ans. A 15-16 ans, j'ai commencé à aller régulièrement au Parc, seul ou avec un copain, sans le dire à mes parents. Sur le trajet, tu finis par rencontrer des gens qui vont au stade: un mec m'a amené dans la tribune Boulogne. Moi, j'y allais pour voir le match. Mais là, j'ai tout de suite rencontré des skins. A Boulogne, il n'y avait quasiment que des nationalistes [militants de l'extrême droite radicale]. A cette époque, je suis devenu raciste et nationaliste à cause de ce que j'avais vécu en banlieue. J'avais la haine. Au Parc, il y avait beaucoup de mecs comme moi, venus de banlieue. En 1988, à 18 ans, pour la présidentielle, j'ai voté Le Pen, direct. Jusqu'en 1995, j'ai voté FN. C'était un truc protestataire. Cela fait des années que je ne vote plus, ça ne m'intéresse pas. Je suis toujours plutôt nationaliste, mais je ne suis pas raciste. Avec pleins de mecs, même des amis, je ne peux pas parler politique. Certains sont néonazis. Moi, je voyage beaucoup et j'aime découvrir d'autres pays, d'autres cultures. Mais je n'aime pas qu'on crache sur la France.


La première fois que j'ai tapé un mec, c'était dans le métro, avant France-Angleterre en 1984 [le premier gros débordement lié au hooliganisme en France]. Des mecs se battaient, un Anglais est tombé par terre, il était déjà esquinté. J'en ai profité, je lui ai tapé dessus. J'ai eu peur. C'est con, mais le lendemain, j'étais tout fier de raconter que j'avais tapé un Anglais... Au départ, j'étais un suiveur.

«Je tapais comme un malade»

Mon premier déplacement avec les supporters du PSG, c'était à Nancy, en 1986. Que tu sois skin ou simple supporter, se faire insulter en province parce que t'es parisien, ça crée des liens. On formait un bloc quand on allait à l'extérieur. A partir de 1986, j'ai suivi tous les matchs au Parc et je faisais quelques déplacements. J'étais parmi les premiers mecs à attaquer les bus des équipes ou des supporters adverses. On lançait des pierres, mais on n'avait aucune culture hooligan.


Ma première grosse bagarre, c'était à Lens, la même année. On était deux cars de supporters. On est sortis dix minutes après le match: c'est pas comme maintenant où les flics te font attendre une heure avant de te raccompagner au bus. Là, les Lensois nous attendaient sur le parking. Une vingtaine de skins et des suiveurs: 200 mecs en tout. Nous, on était 80. On a eu peur, mais on a chargé. Je me suis lâché. Je me souviens avoir éclaté un skin sur une bagnole: je tapais comme un malade.


Au milieu des années 1980, on a créé le Commando Pirate, un groupe d'une trentaine de mecs et 120 autres qui suivaient. Dans les années 1990, le PSG jouait partout en Europe. Je faisais au moins un déplacement par mois. On a fait tous les grands matchs. J'ai participé à plusieurs dizaines de bagarres, dont une bonne douzaine de grosses. Contre la Juve [la Juventus de Turin] en 1989 et en 1993, Anderlecht, Arsenal, Liverpool, le Celtic de Glasgow, Galatasaray [il énumère les rencontres comme des campagnes napoléoniennes]... C'étaient des bagarres valables. J'ai fait une dizaine de gardes à vue, de Monaco à Glasgow.


Il y a eu aussi PSG-Caen [en 1993, 10 policiers blessés, dont 1 grièvement]. Je n'y étais pas. Heureusement. Tous mes potes sont allés en prison, pour plusieurs mois. Cela a créé des histoires, parce que certains ont cru qu'il y avait eu des balances. Aujourd'hui, notre groupe, c'est une dizaine de mecs de l'époque toujours actifs et une cinquantaine de types arrivés à des moments différents. Avec les anciens, on a de vrais rapports d'amitié. Je sais que mes amis ne me lâcheront pas et que je ne les lâcherai pas. Si je tombe par terre pendant une bagarre, ils resteront avec moi, quitte à en prendre plein la gueule. Pour l'honneur, pour l'amitié. Dans le groupe, je suis un des seuls à avoir toutes mes dents. Beaucoup ont la gueule abîmée: il faut dire qu'ils ont donné!


Cette année, le PSG est vraiment nul en championnat: on ne fait pas beaucoup de déplacements. J'espère que Paris va jouer la Ligue des champions, la saison prochaine, et qu'on aura un bon tirage au sort. Franchement, je n'irais pas à Rosenborg [Norvège]: c'est pas un gros match. Par contre, quand tu tombes dans un groupe avec Manchester ou la Juve, là, t'as un gros match et il y a des hools en face. Tu sais que ça va donner... En championnat, au Parc, c'est presque impossible de se battre: trop de surveillance, trop de caméras, trop de flics. PSG-Marseille, on ne peut pas bouger. Sauf si, de l'autre côté, il y a vraiment un groupe super-motivé. Certains Marseillais, avant le match au Parc, se donnent rendez-vous au Stade de France. Des gars de chez nous y vont et ils se cartonnent là-bas. Mais personne en France ne va venir provoquer 400 hools au kop Boulogne. Les mecs ne sont pas fous.


Le hooliganisme, c'est bizarre. C'est de la délinquance, mais je le ressens comme du plaisir. Le culte du hooliganisme, c'est d'être capable de constituer un groupe avec un peu d'organisation et de défier un autre groupe. Mon truc, c'est de me battre avec les poings. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de taper sur des mecs comme nous. On appelle ça “aller au contact”... Moi, je n'ai pas de haine contre le supporter de Bordeaux ou de Lens, sauf le temps du contact. Tous les deux, on est du même monde. On joue à un petit jeu: le jeu du hooliganisme. C'est un vice. La violence, c'est attirant. Mais ça ne nous viendrait pas à l'esprit de taper sur un père de famille. Pour nous, frapper quelqu'un qui n'a rien à voir, c'est une bavure. On a un certain respect, une morale.

«L'idée, c'est d'être dans le Top Ten»

Avec les potes, on repère les bons matchs à l'extérieur. On fait le déplacement avant tout pour se marrer. Parfois, on voyage en avion. On va dans les bars, au resto, en boîte... On s'éclate. Mais l'essentiel, c'est de voir le match. S'il y a une bonne victoire et une petite bagarre, là c'est parfait. Quand le match est moins intéressant, j'ai tendance à regarder dans les tribunes et à chercher un contact.


Paris, c'est la seule ville française où il y a une culture hooligan. Parce que le PSG a rencontré tous les grands clubs européens et qu'on est mal-aimés. Mais la vraie culture hooligan, c'est l'Angleterre, l'Italie, la Belgique et les Pays-Bas. A chaque fois que je vais voir un match en Angleterre, je suis impressionné. Mon rêve, c'est d'avoir un jour en face de nous les mecs de Leeds ou de Chelsea [les hooligans réputés les plus violents d'Angleterre]! En 1996, on s'est battus dans un pub avec des jeunes hools de Leeds. On leur a fait mal. Mais les plus anciens, tatoués de partout, ceux qui n'ont même pas bougé parce qu'ils avaient tous fait de la prison et que c'était trop risqué pour eux de se battre en plein jour, ils étaient vraiment impressionnants. Le jour où il y aura PSG-Leeds, on rentrera dans la légende! L'idée, c'est d'être dans le Top Ten en Europe. Après le match PSG-Galatasaray [46 blessés en 2001], les Headhunters [les Chasseurs de têtes, groupe hooligan de Chelsea] avaient écrit sur leur site Internet qu'on était entrés dans le Top Ten. C'est le genre de réputation qui se défend durement et qu'on peut payer cher...


A côté de ça, il y a les “fantômes” du hooliganisme: ceux qui ne font que suivre, qui vont taper sur un mec seulement quand il est à terre, se barrer en cas de coup dur. En plus, dans la jeune génération, t'as des vrais dégueulasses. Ils sont prêts à planter quelqu'un [à coups de couteau]. Il y a aussi de plus en plus de gars qui donnent rendez-vous par portable à ceux d'en face pour se battre, n'importe où. Moi, je n'aime pas ça: on va directement devant le stade.


Avant le contact, on boit quelques bières. Le but, c'est d'être chaud, mais pas trop, parce que si t'es bourré, tu te fais éclater! Certains prennent de la coke. Généralement, on est en basket-chemise-jeans, voire pantalon à pinces. Il y a longtemps qu'on a remisé le look bombers et crâne rasé. Comme ça, on passe inaperçus. Les hools anglais sont habillés avec des fringues de marque: la moindre chemise Long Island, ça vaut 500 balles! Plus il y a de monde, plus on se faufile. Quand on se fait contrôler, on ne fait pas d'embrouilles. Le but, c'est de contourner les barrages de flics, d'arriver jusqu'au stade pour retrouver les mecs d'en face.


Le contact, faut le vivre pour le comprendre: t'es dans la rue, en bande. Tu vois les autres arriver en bande. Tu as peur, tu sais qu'ils ont peur. Mais tu te dis que t'as pas le droit de reculer, qu'il faut les mettre par terre. Arrivé à quelques mètres, t'as la pression qui monte. Mais l'envie est plus forte. Alors, tu rabats ton bonnet ou tu remontes ta cagoule, t'y vas et tu te défoules. Le challenge, c'est de se faire une bonne bagarre, de "mettre la misère" aux mecs d'en face et de rester debout. De leur prouver que t'es le meilleur. De montrer ta réputation. A Paris, on est les meilleurs: tout le monde le sait. Quand on arrive dans une ville, Paris c'est nous!


Nice-PSG, on y est allés parce qu'on savait qu'il y aurait des mecs en face... Ça se sait dans le milieu. Sur Internet, les Niçois racontaient qu'ils allaient nous massacrer. Ils commençaient à se montrer un peu trop. On avait la ferme intention de les taper. On était 70 à se déplacer en individuels [en dehors des clubs de supporters], dont 10 anciens. On a pris l'avion, d'autres sont venus en train ou en voiture. On s'est donné rendez-vous dans un bar du centre-ville, en s'envoyant des Texto ou en se laissant des messages sur les portables. Quand je suis arrivé, il y avait déjà 40 à 50 mecs. On a attendu en buvant des bières. Pendant ce temps-là, les flics arrêtaient les mecs les plus voyants à la gare. On a décidé d'aller au stade par groupes de 10. Le premier groupe est parti à pied, les flics les ont suivis. Nous, on y est allés en bus. Sur place, on a trouvé une petite rue pour contourner les barrages. On est arrivés à 50, directement devant la tribune des “ultras” niçois. J'ai dit aux gars: "Il est hors de question de reculer!" On a commencé à chauffer les Niçois en criant: "Hooligans, Paris!" pour les faire venir. Au départ, les mecs nous jetaient des trucs du haut de la tribune, mais ils n'osaient pas venir au contact. Les premiers à s'approcher en ont pris plein la gueule. A un moment, un Niçois a sorti un couteau, genre couteau de boucher. Il a voulu planter un mec. Un jeune de Paris l'a ceinturé. C'est lui qui a pris le coup de couteau. Le type au couteau, on l'a fracassé contre un mur. Des mecs qui tenaient un camion de frites sont arrivés avec une batte de base-ball et une crosse de hockey. Ils ont été désarmés et ont pris des coups. Un Niçois arrivait avec une pelle: il a été fracassé. Les flics se sont mis avec les Niçois. On a reculé, mais les mecs qui nous suivaient continuaient d'en prendre plein la gueule. On avait amené des fusées pour disperser tout le monde en cas de danger, mais on n'a même pas eu besoin de s'en servir. La bagarre a duré quatre ou cinq minutes. Même si un mec de chez nous a pris un coup de couteau, on leur a mis la misère à 50 contre 200. Après, on a assisté au match. A dix minutes de la fin, on a arraché des dizaines de sièges pour les lancer sur les ultras niçois. Après le match, on a attaqué le café où ils étaient regroupés. On en voyait à l'intérieur qui avaient des pansements. C'était un déplacement assez anodin. C'est le seul truc qu'on ait eu à se mettre sous la dent cette saison.

«On s'est demandé si on ne l'avait pas tué»

Tuer quelqu'un? Se faire tuer? On n'y pense pas. Bon, quand tu te réveilles le lendemain matin avec la gueule amochée, tu te repasses le film et tu ne te sens pas très malin. De toute façon, je ne suis pas armé. Mais c'est vrai que, le soir de PSG-Anderlecht (1992), on avait éclaté un mec sur une voiture. On s'est demandé après si on ne l'avait pas tué. Pour PSG-Juve, les Italiens nous avaient donné rendez-vous dès le match aller avec une banderole déployée dans leur stade, à Turin. A 18 heures, on est allés au pont de Sèvres, où les hools de la Juve se rassemblaient. Ils ont été canalisés par les flics, mais on en a retrouvé d'autres au Trocadéro. Là, un de mes potes a fracassé un mec de 100 kilos avec un coup-de-poing américain. Le mec était par terre, il n'avait déjà plus de dents, et l'autre continuait à frapper. Je l'ai arrêté. Après, mon pote pensait qu'il avait peut-être tué le gars... Mon cousin qui était skin, il a arrêté en 1992. Il avait peur de tuer quelqu'un. Il était parti dans des trucs de fou.


Pour arrêter le hooliganisme, il faut interdire le football. Comment tu veux arrêter des types qui ont pris le vice du combat de rue? On n'arrête pas de nous dire: “Il y a moins de hooligans.” C'est faux. Il y en a déjà plusieurs générations. En plus, il y a plein d'anciens hools parisiens qui se sont rangés, mais qui reviendront si un gros match de Coupe d'Europe arrive. De toute façon, même les mecs interdits de stade arrivent à rentrer, par exemple à la mi-temps. Les stewards du PSG nous connaissent, il y a d'anciens hools chez eux. Et, en déplacement, ce sont eux qui nous encadrent au stade. Heureusement, parce que s'ils nous mettaient les stewards de l'autre club, ce serait même pas la peine! Et puis les hooligans, ils font des petits. Depuis cinq ou six années, ça s'étend, avec les Stéphanois et les Bordelais. A Bordeaux, il y a 30 ou 40 types super-motivés. Quand on va à Saint-Etienne, on est 300 parce qu'on sait qu'on aura du monde en face. A Nice, il y avait un jeune mec qui était fasciné. Lui, il va faire partie de la nouvelle génération. Il va se créer une petite bande, il voudra prouver qu'il est là. Les jeunes qui arrivent, ils sont encore plus chauds. Eux, ils ont grandi dans une société où il n'y a pas de cadeaux.


Mes parents savent ce que je fais, ils m'ont déjà vu à la télé. Mon père ne comprend pas. Quand Paris joue en Coupe d'Europe, ma mère m'appelle pour me demander de ne pas y aller. Quand j'ai connu ma femme, elle savait que j'étais hools. En 1997, elle m'a dit: “Tu t'es bien éclaté. Tu devrais calmer le jeu.” J'ai pensé: “Il faut que j'arrête.” J'y retourne quand même. Je n'arrive pas à me l'expliquer...


Avec ma femme, on s'aime, mais je ne peux pas quitter mes potes comme ça. Peut-être plus tard. Quand je pars, elle a peur. Elle sait que je fais gaffe. Mais quand t'es dans le truc, tu ne maîtrises pas tout. Et encore, moi, je suis assez sensé. Je suis du genre papa-poule: je passe tous mes mercredis avec mes enfants. Un jour, je leur raconterai ma jeunesse, la banlieue, le stade. Mais je me suis toujours dit: “Mes gamins n'habiteront jamais en banlieue et je ne les amènerai jamais au match.” Je ferai tout pour qu'ils n'y aillent pas. Moi, j'ai des choses à perdre. Je prends de moins en moins de risques. Mais, dans les stades, il y a beaucoup de gens qui n'ont absolument rien à perdre.
apero60
psg /la corogne
http://www.dailymotion.com/video/x2u7ac_ps...-dhonneur_sport
apero60
supporter psg dans les années 1980
http://www.dailymotion.com/video/x9r8ox_kob-80s_sport
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