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JO 2016. Voile : Besson et Riou au bout du courage
Billy Besson a été immédiatement rapatrié à Paris. Billy Besson a été immédiatement rapatrié à Paris. | Photo : Reuters
Victime d'une hernie discale aggravée, Billy Besson a néanmoins terminé au courage ces Jeux olympiques avec son équipière Marie Riou. Un exemple de combativité pour celui qui a été transféré aussitôt vers l'hôpital de La Pitié-Salpétrière.
Le duo français de Nacra, ce catamaran mixte qui faisait sa première apparition aux Jeux olympiques, a terminé 5e de la medal race ce mardi. Et a regagné une place au classement général de l’épreuve qu’il termine à la 6e place. Un exploit en soi, au regard du calvaire vécu toute la quinzaine par le barreur Billy Besson, que son équipière Marie Riou a essayé de soutenir autant que possible.
Tous deux visaient l’or. Leurs quatre titres mondiaux successifs dans la série les désignaient aisément comme meilleurs postulants au Graal olympique. À l’issue de l’ultime régate, le couple a fondu en larmes, dans les bras de l’entraîneur Franck Citeau. « Ce qu’on s’est dit ? Ça reste entre nous », dira ce dernier, 4e à 1 point du podium aux Jeux d’Atlanta-1996 (en Tornado, avec Fred Le Peutrec).
Besson, après s’être brièvement exprimé, a ensuite mis les voiles. Aussi rapidement que possible au regard de son état. Blessé à l’entraînement à Quiberon dix jours avant les JO, la nature de son mal a été précisée. On le croyait « seulement » victime d’une hernie discale. Elle a aussi franchi la paroi musculaire, appuie sur le nerf sciatique et provoque un œdème. Le régatier a pris le premier avion pour Paris où on l’attend à l’hôpital de La Pitié-Salpétrière.
Billy Besson : « Comment j’ai tenu ? Je ne sais pas. On fait. On tient. On se bat. On est à deux, donc on n’a pas envie de décevoir l’autre, et ce sont les Jeux alors il faut se surpasser. Ça a été d’autant plus dur pour Marie de naviguer avec quelqu’un de vraiment pas du tout à sa hauteur. Il a fallu qu’elle s’adapte à des façons de faire sur le bateau, des décisions… Par exemple, je ne pouvais pas me mettre à plat en position de trapèze, je ne pouvais pas me mettre en rappel max en termes de poids. Le principal est maintenant de revenir un peu plus fort au niveau du dos, sinon je pense que Madame va se retrouver avec deux bébés à la maison et ça va être d’autant plus dur. La priorité, c’est le dos, essayer de revenir à un minimum vital pour essayer d’être à nouveau à peu près normal. Je vais y aller pas à pas. C’est ça que j’ai dans la tête. Faire un gros break, un bon repos – enfin, un repos qui va changer une vie avec l’arrivée d’un petit gamin dans quelques jours. »
Marie Riou : « Le sentiment, c’est… D’être allés au bout de cette épreuve. On a tout donné, tout ce qu’on pouvait jusqu’au bout, ce n’était pas simple d’entrée parce qu’on n’était pas à 100 %, et on est restés ensemble. C’est une déception dans un sens, mais je suis hyper-contente d’avoir mené ce projet pendant quatre ans avec Billy et Franck, on a fait des super-trucs. Il n’y a pas cette médaille mais… Je ne pouvais faire qu’une chose, c’était préparer le bateau du mieux possible. À la fin, on se dit qu’on a essayé tout ce qu’on pouvait, et on ne regrette rien de ce qui s’est passé durant ces quatre années, et c’est comme ça. Ce n’est pas ce qu’on était venus chercher, ça reste une déception. »
Franck Citeau : « Je les ai trouvés exemplaires. On ne peut pas dire autre chose. Billy a passé ses quinze jours allongé, on le sortait de la chambre en fauteuil roulant, on l’amenait ici (à la marina) en voiture, on l’allongeait par terre et puis on le montait sur le bateau. Malgré ça, ils ont réussi à faire une medal race, à gagner une place au général… Ça a valeur d’exemple. Ils n’ont rien lâché, jusqu’au bout, et rien que pour ça je leur dis bravo. Ça fait quatre ans qu’on vit ensemble, il y a donc énormément d’affectif et c’est toujours délicat de voir son coureur s’effondrer en larmes. L’hôpital l’attend, et puis il a un bébé qui l’attend aussi alors ça va peut-être lui permettre de reconstruire. Mais il faut qu’il digère un petit peu. Billy a encore de très belles années devant lui, soit sur la Coupe, soit sur l’Olympisme, et ça va le rendre très fort parce qu’il va savoir pourquoi il revient. Mais on parle beaucoup de Billy, et si j’ai un bémol à mettre sur ma prestation, elle concerne Marie. À un moment, je l’ai oubliée parce qu’elle avait l’air d’être un roc, elle tenait la baraque, ne montrait pas vraiment de faiblesses, était toujours dans le rapport positif, et je n’ai pas vraiment fait attention. La journée où ils passent un peu à côté, elle n’était pas là. Ils prennent le départ, elle sort sur l’élastique et tombe à l’eau : un phénomène qui ne lui arrive jamais. C’est parce que je me suis un peu trop focalisé sur Billy et c’est un peu dommage. C’est une super-nana, je suis vraiment ravi de l’avoir entraînée parce que c’est une très belle personne et je tiens à la féliciter. »
Ouest France