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PSG, la Qatarstrophada
Par Mathieu Lindon — 15 mars 2019 à 17:07
La lamentablada ejectada du club de foot parisien pourrait booster la popularité de son émirat en l’obligeant à faire preuve de plus de pif.
Si j’ai bien compris, le Qatar est le pays de l’argent et du football. Pourtant, s’il y a une chose qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est d’acheter les matchs. Année après année, le PSG apporte la preuve éclatante de son innocence à l’Europe et au monde entier. Il n’y a pas que l’argent et le pétrole qui coulent à flots, aussi le club parisien. Il a vraiment la barakaka. C’est tout à l’honneur du football car si les Qataris montaient une écurie de Formule 1 avec le meilleur ingénieur, la meilleure voiture et le meilleur pilote, ils arriveraient sûrement à gagner au moins un Grand Prix. Tandis que le football résiste, gloire au PSG. Au demeurant, il paraîtrait que le Qatar ait moins de scrupules à acheter les compétitions elles-mêmes. Qui sait si, bientôt, la Coupe d’Europe ou le championnat de France ne se dérouleront pas dans son désert ? En tout cas, pour la Coupe du monde 2022, c’est acquis et plutôt mal que bien, semble-t-il. Espérons que, dans leur goût pour les sports des autres, les Qataris ne vont pas soudain se passionner aussi pour le ski, encore que depuis des siècles où on ne les contemple jamais qu’emmitouflés jusqu’au cou, les skieuses et les skieurs, ça pourrait être intéressant de les voir s’escrimer en maillot de bain - ils auraient intérêt à être vraiment rapides pour arriver en bas avant que la piste, qu’on rafraîchirait à chaque passage, ait fondu. On sait que le PSG est l’instrument de la politique étrangère du Qatar, un pantin entre les mains de diplomates retors (et naïfs). Un pays si riche et avec de si hautes ambitions pourrait faire peur, il a l’habileté de se rendre ridicule. Les Belges se frottent les mains : les blagues qui les concernaient laissent désormais la place aux blagues qataries. Mais qatari qui qatarira le dernier. C’est le problème des mercenaires, on ne peut pas faire confiance à leur désintéressement, il y a toujours un moment où ils vous claquent dans les doigts. On salive d’avance à la prochaine campagne de recrutement du PSG : tout le monde voudra y aller en se disant que pour qu’ils aient des joueurs de ce niveau, c’est que vraiment on doit être payé autrement mieux qu’ailleurs. Souhaitons que les Qataris n’aient pas le nez aussi creux dans tous leurs investissements, ça en refroidirait plus d’un. Quand on voit ce qu’ils font des meilleurs joueurs du monde, on peut redouter ce qu’ils feront des meilleures armes du monde, enfin redouter. Mais tant qu’ils paient, il n’y a pas raison de s’inquiéter. Et ça, payer, le Qatar a l’air de savoir faire. Ça met du beurre dans les épinards sans manger trop de pain. Si le pays tient absolument à perdre de l’argent pour acquérir de la popularité, il y a tant de causes et d’entreprises qui seraient plus profitables en termes d’image, s’il ne s’agit pas juste de susciter l’hilarité générale. Plutôt que de venir au secours du football qui n’en a aucun besoin et ne cesse de manifester une ingratitude coupable, l’émirat miraud pourrait se consacrer à des pans entiers de l’économie en péril, par exemple l’ancienne région Nord, ces Hauts-de-France où le chômage est ce qu’il ne devrait pas, ou les intermittents du spectacle, toujours dans la crainte d’un mauvais coup. Il ne tient aussi qu’au Qatar que les gilets jaunes voient leur situation financière métamorphosée et leurs banderoles ne seraient plus qu’un hommage populaire à ce sponsoring. Une ristournette sur le pétrole et l’essence serait également bien perçue. Si j’ai bien compris, pourquoi le Qatar ne nous donne pas l’argent à nous, qui serions reconnaissants, plutôt qu’à ces stars pour qui un million de plus un million de moins ?