Bonjour. Pour ceux qui ont apprécié le récit d'hier, en voici un autre qui correspond à mon année scolaire 1992-93. Cette année là, donc je me trouvais dans un lycée professionnel en Isère. Et j'aais eu entre autre plaisir, celui de me voir confier une classe de CAP menuiserie de très haut niveau. Pour situer, mon prédecesseur avait fait une dépression après qu'il lui ait crevé les 4 pneus de sa voiture. Et le collègue qui les avaient eu l'année d'avant, malgré des méthodes musclées (avec d'autres profs du lycée, ils chopaient les trublions après les cours, les amenaient dans une salle à l'écart, puis ils éteignaient la lumière et leur balançaient quelques tartes, dont le nombre augmentait pour les récidivistes...) ne voulait plus en entendre parler. Comme il n'était pas question de les confier aux femmes du lycée, c'est le jeune prof fraichement arrivé qui a logiquement hérité des garnements.
Durant donc cette année scolaire, ladite CAP se déchaina tellement qu'au mois de juin les cloisons d la plupart des salles qui leur étaient attribuées étaient toutes fendillées (non, le lycée n'était pas du tout délabré au départ

).
Autre précision, la classe ne comportait que 13 élèves, mais certains dans le groupe comptaient pour 4. Enfin, le père d'un des rares élèves calmes s'était plaint car il y avait tellement bruit durant les cours que son rejeton souffrait de migraines à répétition.
Sans me lancer dans une longue narration, il y eut quelques moments forts. La période du Ramadan par exemple, car les 4 Maghrébins du groupe revendiquaient le droit de cracher dans les salles de cours au motif selon eux qu'on pas le droit d'avaler sa salive durant cette période. De quoi mettre une bonne ambiance, surtout qu'il y avait également quelques fachos dans la classe, dont un de très haut niveau. Bref, las de voir consteller le sol de crachats et en même temps soucieux de ne pas attenter à la liberté religieuse desdits individus, certains profs sollicitèrent l'arbitrage de l'administraton qui décida royalement qu'il n'y avait qu'à leur ouvrir les fenêtres pour qu'ils puissent expulser le trop plein de salive. Le problème fut donc résolu, mais il s'avéra fort périlleux durant le mois en question de passer sous les fenêtres des salles de cours
Sinon, l'une des jeunes cailleras était champion de full contact et à chaque fois qu'on voulait le mettre à la porte, c'est-à-dire au moins une fois sur deux, il refusait d'obtempérer et se mettait à faire des moulinets quand on cherchait à l'approcher. Un jour j'ai quand même fini par l'attrapper par le pied et j'ai pu ainsi le trainer jusqu'à la porte

Au passage, je ne remercie pas les MJC qui offrent des cours gratuits de boxe ou de full contact à nos chers jeunes de banlieue. La philatélie, la poterie ou le yoga conviendraient beaucoup mieux selon, moi
Un de ses copains A plus sympathique ne venait cependant en classe les poches vides. On peut même dire que sous son manteau se cachait un véritable supermarché hard discount. Mais il était prévenant avec moi et il voulait toujours me faire profiter des produits en promotion: un jour des autoradios, l'autre des jeux vidéo et cassettes, une autre fois divers accessoires auto... Et il alla même jusqu'à me proposer un superbe choix de magnifiques couteaux à cran d'arrêt. Pour les "gun" par contre, il ne put me montrer que des photos desdits objets

Et histoire d'avoir la paix, j'ai fini par lui acheter un jeu vidéo.
Enfin, l'ennemi juré de ces jeunes gens et des autres banlieusards un dénommé M, n'arrêtait pas de les provoquer. Il traitait sans arrêt leurs mères de lapines et prétendait que les cas sociaux dans leur genre, il uarait fallu les noyer à la naissance. Ce qui vous vous en doutez mettait beaucoup d'ambiance: échange d'insultes, chaises balancées sur la partie adverse.
Un des temps forts fut quand ils avaient cours le mardi de 12h à 13h. Comme il s'agissait d'un créneau difficile et comme ils avaient une journée très chargée, consigne avait été donnée par l'administration de leur laisser un quart d'heure pour manger. Problème, M le facho aimait les fromages très odorants et ses sandwiches dégageaient souvent des effluves terribles

D'où un jour ce cri d'une des cailleras qui se trouvaient à proximité:" putain, sale gros sac de M, ton sandwiche pour dauber autant, t'as dû chier dedans

".
Or M était très susceptible. Alors pour se venger la semaine suivante, il est venu avec un énorme casse-croute au saucisson pur porc et il a balancé les peaux sur celui qui l'avait insulté et sur les autres Magnrébins du groupe. Je vous laisse deviner le bordel après.
Mais M ne resta pas impuni. En effet, son père eut la mauvaise idée de se rendre à la réunion parents professeurs.
Au premier abord, c'était un homme charmant, très poli, bien habillé, instruit (je crois qu'il était ingénieur). Mais c'était aussi un ancien champion de France de lutte, un hyper facho (...Algérie française) et un partisan de méthodes d'éducation musclées. Ce qui j'ignorais quand je lui dis que son fils était pénible et ne fichait rien. A quoi, il me rétorqua tranquillement que je n'avais plus à m'inquiéter car son fils (qu'il qualifia d'andouille devant moi

) allait vite se calmer. Et le lendemain, je vis M revenir en classe avec un oeil au beurre noir et un bras bandé.
Voilà pour mon histoire du jour. Bonne journée à tous