Mourad s'est encore gravement lâché

Citation
Boudjellal crache son venin
Sitôt la finale du Top 14 perdue samedi face à Toulouse (18-12), Mourad Boudjellal, sans rien enlever à la performance de ses vainqueurs, s'est lancée dans une diatribe d'une violence extrême à l'encontre des dirigeants du rugby français, coupables à ses yeux de ne pas vivre avec leur temps et de baigner dans la plus grande hypocrisie. Et de s'interroger: "Combien de temps vont-ils continuer à s'accrocher ? Jusqu'à ce qu'ils se pissent dessus ?"
En route pour la finale...
Mourad Boudjellal n'évoluait plus samedi, au Stade de France, quelques minutes seulement après la courte défaite (18-12) de son équipe face au Stade Toulousain en finale du Top 14, dans ce monde des "trolls et des fées" qu'avait fait atteindre au président toulonnais l'exploit des demi-finales face à Clermont (15-12). La magie n'opérait plus et l'heure était à nouveau aux règlements de compte pour un dirigeant qui, loin de toute analyse technico-tactique qu'il laissait à son staff, va réussir la performance de méduser son auditoire pourtant rompu à ses sorties au lance-flammes.
"Cette année, on a changé le jour et l'horaire de la finale", attaquait-il bille en tête, débarqué le premier face aux médias dans les sous-sols d'un Stade de France résonnant déjà des chants de la victoire toulousaine. "On a joué vendredi, à 18 heures (la commission mixte d'extension des sanctions LNR - FFR se réunissait vendredi pour examiner le dossier Hayman, suspendu, ndlr). La finale ne s'est pas jouée ce soir (samedi), elle s'est jouée vendredi. Il s'est passé un truc extraordinaire vendredi: l'accusation n'avait pas de preuves, on lui a donc demandé de fournir des preuves. Mais en attendant, on a pénalisé la défense en lui disant: « Vous attendez que l'accusation fournisse des preuves ». Dans le droit, ça ne peut pas exister." Et Carl Hayman, l'ancien All Black, réputé comme l'un des meilleurs piliers droits de la planète, d'assister depuis les tribunes, impuissant, à la mise en pièce du pack toulonnais par William Servat et des avants toulousains déchaînés.
Présidents, journalistes, dirigeants : le jeu de massacre
"Je ne dis pas qu'on aurait gagné avec Carl Hayman, mais ça aurait été beaucoup plus compliqué pour Toulouse", avance un Boudjellal encore maître de sa logorrhée et qui ne manque pas, comme il l'a déjà fait au micro du speaker, dès le coup de sifflet final, de saluer très sportivement son vainqueur. "Sans rien trouver à redire à la victoire de Toulouse parce que j'ai aucune envie de dire du mal de Toulouse et parce que je respecte vraiment ce club. Toulouse est un beau champion." Hayman aura cruellement manqué à Toulon, mais déjà le sort du Néo-Zélandais, auquel compatit Boudjellal, est transcendé par une vindicte présidentielle à la cible toute désignée. "Moi, ça me faisait de la peine de le voir en tribunes. Mais je ne suis pas vraiment déçu. Parce que c'était beau d'être en finale ; j'ai trouvé ça beau le Stade de France. Après, le match, c'était écrit. Une finale, avant de la gagner, il faut en jouer plusieurs ; Toulouse en a joué plusieurs, en a gagnées, en a perdues. Nous, on va essayer de revenir plus fort la saison prochaine." Ce seront là les seules paroles positives dans la bouche du patron du RCT. Le jeu de massacre peut débuter...
"La colère n'est pas liée à ce match, parce que Toulouse, ce n'est pas des ennemis. La colère, elle est liée à cette année où on a pris des coups, qui ne sont pas justifiés. La seule chose qu'on nous reproche, ça a été de ne pas rentrer dans le système. (...) Je prends des coups depuis six ans parce que j'essaye de dire des vérités, des choses difficiles. Contrairement à d'autres, parce qu'ils étaient formatés pour ça, qui sont arrivés dans des entreprises et ont gravi les échelons en adoptant un langage consensuel, sans déranger les choses, moi, j'ai été formaté dans l'entreprise. Dans l'entreprise, la vérité et la compétence ont une valeur. Mais que peut-on me reprocher ? J'entends des présidents qui se comparent, mais il faudrait juste qu'ils disent qu'ils sont payés. J'entends des présidents qui disent: « Pourquoi il est sur le terrain, pourquoi il dit ceci, pourquoi il dit cela ? » Moi, je vais vous le dire pourquoi je suis sur le terrain: « Parce que je mets du pognon et que si toi, tu en mettais, et bien je crois que tu ne serais même pas dans le rugby ! » "Voilà pourquoi je suis sur le terrain, voilà pourquoi je vide mes émotions comme ça. Essayez d'investir autant que je l'ai fait et vous pourrez juger mes attitudes, mes émotions et ma façon de parler." Le débit s'est accéléré, la voix porte et non content d'éreinter ses pairs, Boudjellal, après s'en être pris aussi à ces médias dont il use et abuse, mais qu'il juge complices du système (voir par ailleurs), peut lancer l'assaut final.
Boudjellal: "Le rugby, ça ressemble à « La Vérité si je mens »"
"Je ne suis pas fier du rugby français. Ce qu'ils ont fait, ce n'est pas beau", lâche-t-il, avant de convoquer ses meilleures références cinématographiques pour appuyer son propos: "Vous savez le rugby, ça ressemble à « La Vérité si je mens ». Ils sont tous très gentils. Chaque fois que tu les vois, on te dit: « T'es mon ami, t'es mon ami, t'es mon ami. » Là, tu as compris. C'est ça, le rugby. Personne n'a de visage. Tu peux les insulter, il y a des gens à qui j'ai dit des choses hallucinantes, ils viennent te faire la bise derrière. Ils n'ont pas de visage, ils n'ont pas d'honneur." Cette fois, Boudjellal est hors de lui.
Et s'il n'a pas le caractère aussi cru que la fameuse "sodomie arbitrale", son propos s'avère d'une rare violence: "A 52 ans, j'essaie de m'entretenir et je fais du sport tous les jours, je fais attention à ce que je mange, explique-t-il. Parce que je n'ai pas envie de leur ressembler. Parce qu'au bout d'un moment, on est dans la caricature." Déchaîné, il harangue: "Ils ne s'en rendent pas compte, mais il y a des gens, ils sont vieux à mourir. Mais qu'est-ce qu'ils foutent encore là ? Le monde a changé depuis dix ans. Déjà le minitel, c'est hyper moderne pour eux, ils sont largués. Qu'est-ce qu'ils nous emmerdent ! Il faut laisser la place, c'est le jeu des générations. Et nous, un jour aussi, on sera trop vieux et on laissera la place à d'autres. Mais ils sont vieux, ils sont vieux et ils s'accrochent, ils se liquéfient presque pour certains et ils continuent à s'accrocher. Combien de temps vont-ils continuer à s'accrocher ? Jusqu'à ce qu'ils se pissent dessus ? Il faut arrêter. Il y a un âge où on ne peut plus gérer le monde moderne. Le rugby, c'est leur enfant. Ils veulent faire quoi ? Ils veulent le garder à la maison et en faire un « Tanguy », comme dans le film, jusqu'à 50, 60 ans ? Parce que c'est à nous ? Et le rugby ne va jamais s'émanciper. Parce que c'est à nous ! On aime le rugby quand c'est à nous". Les fameux gros pardessus des instances nationales apprécieront... Et sanctionneront peut-être ce nouveau portrait au vitriol.
Boudjellal n'en a cure: "Finalement, je suis bien en tribunes. Donc ils peuvent bien me suspendre à nouveau puisqu'ils se permettent de juger les gens. Ils ont décidé dans le rugby, ce qu'était la vérité. Le chemin à tracer, c'est ça et le reste, c'est des pêchés. Eh bien, je commettrais des pêchés." Car le président toulonnais n'en a pas fini avec les choses de l'ovalie: "Malheureusement pour eux, ils devront me supporter un peu plus dans le rugby. Parce ce que je pense que si j'avais été champion de France ce soir (samedi) avec mon équipe, je ne suis pas certain que je serais resté dans ce monde."