Citation
TELLEMENT EXCITANT
L’affrontement entre Paris et Marseille n’avait pas fait autant saliver depuis longtemps. Les enjeux sont comptables, psychologiques et, un peu, philosophiques.
DEPUIS L’ARRIVÉE des Qatariens, tous les PSG- OM n’avaient pas la même saveur que celui qui s’annonce, soit parce que le PSG était vraiment trop fort à l’époque, soit parce que l’OM était vraiment trop largué. Mais ce soir, cette opposition diffuse une sensation de vertige qui donne moins envie de revoir ses classiques que de plonger, tête baissée, sur le choc du jour.
Les Marseillais se sont trop rarement préparés vers un rendezvous au Parc des Princes dans l’habit du leader pour ne pas être tentés de saisir cette occasion de conserver, voire de conforter cette position. Demain matin, l’OM pourrait compter 7 points d’avance sur le PSG, en cas de succès.
Mais les Parisiens peuvent aussi recoller à 1 point et, à ce moment-là, ce ne sera plus la même musique ni la même dynamique. Celle de l’OM a déjà vacillé, en Championnat, à Lyon (0-1) il y a quinze jours, et il n’est pas évident de conclure, après la victoire arrachée contre Lens (2-1) dimanche dernier, que l’équipe de Marcelo Bielsa s’est complètement remise à l’endroit. Les signaux ne sont d’ailleurs pas tous au vert, alors qu’André Ayew, Alaixys Romao et Jérémy Morel, trois joueurs clés dans le système de l’Argentin, sont suspendus aujourd’hui. La dynamique parisienne, elle, est difficilement perceptible. Un jour, comme celui contre Barcelone (3-2, 30 septembre), elle semble irrésistible ; un autre, comme la majorité du temps, elle tourne au ralenti, et ne doit son salut qu’à l’expression de la supériorité de ses talents individuels.
Mais l’automne 2014 coïncide avec la période où l’infirmerie se vide et, ce soir, c’est Zlatan Ibrahimovic qui devrait signer son retour sur la pelouse, après sept semaines d’absence. La crainte qu’inspire Ibra à ses adversaires n’a d’égale que la confiance qu’il répand en ses rangs. Avec ou sans lui, ce n’est plus le même Paris, même si le Suédois ne peut encore tenir quatre-vingtdix minutes.
Avec ou sans Ibra, les Parisiens ont tout de mêmede grandes chances de dominer Marseille au milieu de terrain et les Provençaux n’ont pas encore vécu, cette saison, les tourments d’une soirée avec des joueurs du niveau de Lucas ou Javier Pastore sur le dos. De son côté, le PSG, apôtre de la possession de balle, n’a encore jamais eu affaire à une formation qui pratique un marquage aussi strict et un pressing aussi intense dès la perte du ballon. Mais ce sera peut-être une aubaine pour Paris. Si les Parisiens remportent leurs duels, comme leurs qualités intrinsèques le laissent supposer, ils auront des espaces à exploiter et des flèches pour faire mal au leader du moment. « Bielsa est un entraîneur qui s’adapte souvent à l’adversaire et son système, il le maîtrise très bien, expliquait Laurent Blanc hier. Il avait fait la même chose avec l’Athletic Bilbao. Mais ce système, on le connaît très bien, depuis très longtemps. »
Ce qui attend l’OM finalement, ce soir, est un impitoyable examen de maîtrise… de l’événement. À Lyon, leur premier vrai test de la saison, les Marseillais n’étaient pas passés loin d’un bulletin concluant. Au Parc, ils devront faire mieux, dans une soirée où il leur faudra raisonner sans calculer. Parce que leur marge, après douze journées, est une illusion d’optique qui ne dit pas tout des problèmes physiques qui ont affecté le PSG depuis le début de saison. Privés d’Ibra pendant sept semaines, de Thiago Silva pendant huit, de Lavezzi et Marquinhos pendant un mois, les champions en titre restent tout proches de la plus haute marche.
À l’aube de cette formidable occasion pour Marseille de s’imposer là où il reste sur quatre défaites d’affilée en L 1, tout ne dépend pas de lui. Si les Parisiens parviennent, enfin, à hisser collectivement leur niveau, comme leur entraîneur le pressent, le suspense risque de ne pas s’étirer trop longtemps. Il faudra donc aux leaders du moment beaucoup de courage, de solidarité, de courses utiles et inutiles, et un soupçon de réussite pour accrocher une équipe de la capitale qui, à l’image de Marco Verratti, présente ce rendez- vous comme le deuxième plus excitant depuis la réception de Barcelone.
Citation
Ibra, le risque raisonnable
SI LARÉFLEXION de Laurent Blanc au sujet de la titularisation de Zlatan Ibrahimovic se poursuit aujourd’hui, jusqu’à quelques heures du coup d’envoi, elle semble tout de même bien avancée… Hier, l’attaquant suédois figurait dans l’équipe des titulaires supposés, commeL’Équipele révélait sur son site Internet. À la pointe d’un 4-3-3, Ibra était entouré de Cavani, décalé côté gauche, et de Lucas, à droite. La petite douleur au tendon d’Achille que ce dernier ressentait cette semaine se dissipe doucement et l’entraîneur parisien était très confiant quant à la participation du Brésilien. Au sujet d’Ibra, Blanc avait conscience que celui-ci « ne sera pas à cent pour cent » contre l’OM, «parce qu’il n’a pasfait un sprint à cent pour cent » . Mais ça, c’était avant la dernière séance, qui a rassuré tout le monde. « De toute façon, quand tu parles d’Ibra, le raisonnable n’existe pas » , assure le technicien parisien. Mais le risque est limité, même si Ibra n’a effectué que deux entraînements collectifs. Au milieu, Blanc devrait remplacer Thiago Motta, suspendu, par Verratti, ménagé mercredi à cause d’un pubis douloureux, et maintenir Pastore et Matuidi comme relayeurs. Du coup, Cabaye restera sur le banc. Enfin, en défense, Serge Aurier devrait pallier la suspension de Van der Wiel côté droit.
Citation
Bien plus qu’un joueur
L’attaquant suédois Zlatan Ibrahimovic est, certes, le buteur du PSG. Mais il est aussi le patron du vestiaire, le confident du président, celui qui s’intéresse aux autres catégories de personnel et bien plus encore…
COLLÉ contre un mur, les bras croisés, Zlatan Ibrahimovic attend la sortie des vestiaires des joueurs de l’APOEL Nicosie. Un à un, les Chypriotes s’apprêtent à s’aligner dans le couloir du Parc des Princes, mercredi, avant le coup d’envoi de la quatrième journée de Ligue des champions et, un à un, Ibra, en jean et baskets, les défie de son regard noir et glacial. Comme s’il leur signifiait: «Eh! Les gars! Je ne suis pas là mais je suis là quand même!» Aucun joueur de l’APOEL n’osera s’en approcher pour lui serrer la main… Sept semaines après sa dernière apparition sous le maillot du PSG, contre Lyon (1-1, le 21 septembre), Ibra est de retour mais il n’a jamais été vraiment éloigné non plus.
Pas toujours très heureux lors de sa première année à Paris, le géant suédois a pris ses marques depuis, dans la capitale, et trouvé un bonheur qu’il n’imaginait sans doute pas, juste après avoir quitté l’AC Milan, en 2012. Il a déménagé, acheté un appartement du côté de la très chic avenue Montaigne, et assis son autorité sur un vestiaire parisien, voire sur le club, où tout le monde lui voue une admiration sans limite. En retour, Zlatan Ibrahimovic affiche un investissement décuplé. Pendant son indisponibilité, à cause d’un talon gauche douloureux, il a souvent rassuré ses coéquipiers par sa présence dans le vestiaire du Parc, avant et à la mi-temps des rendez-vous importants, contre Barcelone, Monaco ou l’APOEL, par exemple. Ibra ne s’exprimait jamais devant le groupe à la place de l’entraîneur mais il parlait calmement aux joueurs en tête à tête, les conseillait, les encourageait. « Il a été très important pour nous, reconnaît Marco Verratti. C’était difficile de jouer sans lui.»
Lorsqu’il abandonne sa tenue de civil et retrouve sa panoplie de buteur du PSG, Ibra sait aussi changer de ton selon les circonstances. En début de saison, après une nouvelle contre-performance des champions de France, il s’était énervé contre Lucas, à la fin d’un match. « Tu veux devenir le meilleur joueur du monde ?, lui avait-il lancé. Commence par devenir le meilleur du PSG.»
IL DONNE SON AVIS SUR LES CHOIX TACTIQUES, DISCUTE AVEC LE JARDINIER, EST APPRÉCIÉ DU CUISINIER...
Le Brésilien lui avait répondu qu’il avait compris, que ce n’était pas la peine d’en rajouter. Erreur ! «Non, ça ne va pas !, a enchaîné Ibra. Va falloir que tu penses davantage à jouer sur un terrain que sur les réseaux sociaux. » Face à l’énervement du Suédois, le staff du PSG s’était délicatement éclipsé du vestiaire, laissant le Brésilien se débrouiller avec la colère scandinave. Et cette fois, contrairement au déplacement à Ajaccio la saison passée, Thiago Silva n’était pas là pour défendre son compatriote…
Véritable relais de Laurent Blanc, avec lequel il discute souvent, Zlatan donne régulièrement son avis sur les choix tactiques. En général, il est écouté. Comme à la mi-temps du match à Amsterdam( 1-1, le 17 septembre), lorsqu’il demanda à Salvatore Sirigu de jouer long sur lui, alors que le technicien parisien avait préconisé de repartir à la main, sur les côtés. S’il ne s’oppose pas aux décisions de Blanc, une fois, seulement en un peu plus d’un an, Ibra a interrompu son entraîneur. Après une défaite à Annecy, contre Évian-TG (0-2, le 4 décembre 2013), l’entraîneur s’agaçait des entrées et des sorties du vestiaire d’un intendant. « Tu entres ou tu sors ? », lui lança-t-il. «Ce n’est pas de sa faute si on a perdu» , intervint le Suédois. Silence dans la pièce.
Des intendants au cuisinier, en passant par le jardinier ou le personnel administratif du Camp des Loges, tout le monde aime Ibra à Paris. Parce qu’il est celui qui s’intéresse aux autres, à leur métier, sans faux-semblant. Il gère la cagnotte glanée dans le vestiaire pour les intendants en fin de saison, veille à ce que tout le monde soit récompensé, discute avec le jardinier de l’entretien des pelouses, comme s’il voulait que rien ne lui échappe. Ibra est aussi très proche d’Olivier Létang, le directeur sportif adjoint, avec lequel les discussions sur le football peuvent s’éterniser autour d’un déjeuner et, évidemment, de Nasser alKhelaïfi, le président, qui le consulte sur tout: les primes, le recrutement, les besoins du club. Une façon de se préparer à endosser, à la fin de son contrat, en juin 2016, le costume de directeur sportif du PSG ?
Citation
1
L’OM N’A GAGNÉ QU’UN SEUL MATCH CONTRE LE PARIS-SG, toutes compétitions confondues, depuis le rachat du club de la capitale par QSI en 2011. C’était lors du premier affrontement au Vélodrome en Championnat le 27 novembre 2011 (3-0). Depuis, Marseille compte six défaites et un résultat nul pour 4 buts marqués et 14 encaissés.
Citation
« J’ai perdu le sommeil pendant une semaine »
LUCAS, l’attaquant du PSG, revient sur son incroyable rush du dernier Classique, qui n’avait pas abouti à un but. Et rejette les critiques sur son prétendu manque d’efficacité.
Co-meilleur buteur du PSG en L1 avec 5 buts (avec Ibra et Cavani), Lucas ne s’est jamais senti aussi bien depuis son arrivée au PSG en janvier 2013 (pour 40 M€ hors bonus). Et même si cela ne suffit pas pour faire l’unanimité, l’ancien crack du FC São Paulo (22 ans) se console avec le public du Parc, qu’il s’est mis dans la poche…
« TRAVERSEZ-VOUS votre meilleure période au PSG ?
– Oui, je le pense. Je suis en confiance, je prends du plaisir, je sors d’une belle série de matches et c’est génial de se sentir utile pour l’équipe.
Quand le déclic s’est-il produit ?
– C’est un ensemble de choses. Mon adaptation est terminée. Je suis bien dans ma tête, plus relax sur le terrain, je peux tenter des choses sans avoir peur de rater ou d’être jugé. Je sens que mes coéquipiers croient en moi. Et puis, je connais bien le club, notre style de jeu, le foot français dans son ensemble, tout ça me facilite les choses.
À Paris, vous êtes l’un des chouchous des supporters, comme avant à São Paulo. Comment faites-vous pour être autant apprécié par les supporters ?
– Sur le terrain, je donne mon sang pour l’équipe mais je veux aussi faire plaisir aux supporters. Je veux qu’ils voient du spectacle, j’aime sentir quand ils se lèvent, qu’ils vibrent. Ce sont eux qui m’inspirent et qui m’incitent à tenter des dribbles ou des percées. J’ai l’impression qu’on est sur la même longueur d’onde avec les supporters du PSG.
Ce n’est pas forcément le cas avec certains techniciens, y compris Laurent Blanc, qui continuent de penser que vous devez être plus décisif…
– C’est clair que j’aimerais marquer davantage. Je bosse sur ce point-là. Mais je fais le maximum sur le terrain. Mon rôle, c’est d’accélérer, de créer, provoquer, délivrer des passes décisives, d’aider aussi l’équipe sur les phases défensives. Alors quand j ’ ai réussi tout ça et même si je ne marque pas, eh bien moi, je suis satisfait. C’est un ensemble de choses qu’il faut juger, pas seulement le nombre de buts inscrits. C’est facile de critiquer. Moi, je suis satisfait de mes prestations.
Dans le groupe, avec qui évoquez-vous vos performances ?
– Avec Thiago Silva. Il est toujours là pour me conseiller, m’orienter. On discute de ma position, de mes appels, de mon placement. Parfois, il me montre des phases de jeu d’autres équipes en me disant que je peux faire la même chose.
Comment avez-vous remonté la pente après une saison compliquée, ponctuée par une non-convocation pour la Coupe du monde ?
– J’ai eu les boules, j’étais même en colère. Mais quand ce genre de choses arrive, on n’a pas le droit de baisser la tête . Et comme on dit: ce qui ne tue pas rend plus fort, c’est devenu mon leitmotiv. Pendant ces moments difficiles, j’ai constaté qui était de mon côté : ma famille, mes amis, et Dieu aussi. Le sentir près de moi me permet de me sentir protégé. Avec lui, je suis intouchable. Dieu, c’est mon principal coéquipier.
Quand vous affrontez l’OM, vous devez repensez à votre incroyable action de la saison passée...
– Oui, c’est impossible d’oublier cette action (*). Elle est restée gravée dans ma tête . Malheureusement, le ballon n’est pas rentré. J’ai perdu le sommeil pendant une semaine et j’y pense encore souvent à cette action. Un jour, ça va rentrer. Pourquoi pas dès ce soir ?»
Citation
Turpin a presque tout prévu
Depuis jeudi, l’arbitre bourguignon a peaufiné la préparation de son Classique avec ses deux assistants à Clairefontaine. Suffisant pour le réussir ?
DE TOUS LES ACTEURS rassemblés au Parc, il est à coup sûr celui qui maîtrise le mieux les lois du jeu. Clément Turpin connaît aussi la règle si la rencontre venait à déraper à cause d’un coup de sifflet intempestif, d’une mauvaise appréciation. « Soyons clairs, c’est un match important pour lui mais Clément ne joue par sa carrière sur cette rencontre. Avec lui, comme avec certains de ses jeunes collègues, nous voyons plus loin qu’un match, aussi exposé soit-il. Mais il n’est pas question de les cacher. Nous avons toute confiance en lui. En le désignant sur ce match, nous sommes cohérents avec nos choix » , explique le directeur technique de l’arbitrage, Pascal Garibian.
En septembre, la Fédération a placé Turpin, trente-deux ans, en première position sur sa liste d’arbitres internationaux. L’UEFA semble également vouloir miser sur le Bourguignon. Avant de l’intégrer, sans doute en janvier, à sa top liste, qui rassemble les vingt-quatre meilleurs sifflets du continent, l’instance européenne lui a adjoint les conseils d’une ex-star du sifflet, l’Italien Roberto Rosetti.
Arrivé en Ligue 1 en 2008 avec l’étiquette de plus jeune arbitre de l’histoire, Turpin goûte depuis cet automne à la Ligue des champions. Il a dirigé Arsenal-Anderlecht (3-3) mercredi. Le lendemain, il n’est pas retourné à Montchanin, où il officie, pour le compte de la Ligue de Bourgogne, comme conseiller régional technique en arbitrage, pour la plus grande satisfaction du président Daniel Fonteniaud, qui le décrit comme « un vrai passionné, qui n’hésite pas à faire cinq cents kilomètres aller-retour pour se rendre dans les petits clubs, susciter des vocations ou former ses collègues de la base ».
VEISSIÈRE : « N’ENTRER EN SCÈNE QUE PAR OBLIGATION »
Comme tous les arbitres désignés sur les terrains de L 1 cette semaine, Turpin s’est rendu à Clairefontaine jeudi. Il a d’abord participé à un débriefing collectif avec ses collègues. Puis il a profité des installations toutes neuves, dans le château des Bleus, pour s’adonner à une séance de récupération. Ce n’est que le lendemain matin qu’il s’est vraiment focalisé sur le Classique, avec ses deux assistants, Frédéric Cano et Nicolas Danos. La DTA met à la disposition de ses arbitres toute une batterie de statistiques et de vidéos qui doivent leur permettre de mieux cerner le profil des joueurs qu’ils croiseront.
Malgré cette minutieuse préparation, Turpin n’est pourtant pas à l’abri d’une polémique. Entre l’expulsion de Thiago Motta, deux buts accordés bien que hors jeu, son premier classique, la saison passée au Vélodrome (*), avait fait couler beaucoup d’encre. Ça n’a pas empêché le Bourguignon de poursuivre tranquillement sa route vers le sommet de l’arbitrage français.
« Je ne l’ai pas senti plus affecté que ça, se souvient Fonteniaud, le président de la Ligue de Bourgogne. Clément est solide mentalement. » Après une dernière nuit à Clairefontaine vendredi, il s’est rapproché du Parc des Princes hier. Serein, paraît-il. Et conscient, sans doute, que la recette miracle, pour réussir un PSG-OM n’existait pas. « C’est un bon arbitre, au point physiquement, juge l’ancien international Gilles Veissière. Après, il s’agit de bien accompagner le match et le jeu dès les premières minutes, qui sont toujours capitales. Si les deux équipes ont l’ambition de créer du jeu, de marquer, il doit s’effacer et gagner du temps. Car tout le monde est content, notamment le public, qui est venu assister à un spectacle. Pour moi, l ’ arbitre d’ un PSG-OM ne doit entrer en scène que par obligation. Si le match est musclé d’entrée, sa mission devient hyper compliquée. Dans cette affaire, tout ne dépend donc pas de lui. »
Citation
Quand Armand a arrangé l’arbitre
LEADER des arbitres français entre 1998 et 2005, le Niçois Gilles Veissière a dû attendre une évolution réglementaire pour diriger un Classique. Avant, un arbitre ne pouvait pas arbitrer un club issu de sa Ligue régionale. Le 7 novembre 2004, celui qui a pris part à une Coupe du monde (2002) et deux Euros (2000 et 2004) débarque au Parc des Princes sans se douter de ce qui l’attend : « J’avais arbitré dans les plus grands stades d’Europe, je ne m’attendais pas à un match si particulier. Je suis arrivé au stade tard pour éviter la pression. Mais j’ai vite senti que ce serait compliqué et qu’il me faudrait mettre le bleu de chauffe. » Quelques mois plus tôt, Fabrice Fiorèse avait quitté le PSG pour l’OM. Conspué par le Parc, le Marseillais est sévèrement taclé par Sylvain Armand. On ne joue que la 20e minute mais le rouge s’impose. « Je n’étais pas forcément fier d’avoir été exclu si tôt, se souvient l’actuel Rennais. Et les jours qui ont suivi – c’est malheureux – mais, dans la rue, je recevais des félicitations d’avoir mis un ‘’brin’’ à l’ennemi et à un ancien Parisien. Ce n’était pas spécialement une fierté pour moi : je n’ai jamais voulu faire de mal à qui que ce soit et encore moins à “Fio” que je ne connaissais pas plus que ça mais qui ne m’avait jamais rien fait. C’est là que je me suis aperçu que c’était un match à part. Malgré tout, on avait réussi à gagner ce match sur un but d’Édouard Cissé (2-1). » « Son tacle était tellement maladroit que la décision d’exclure Armand s’est imposé à tout le monde, poursuit Veissière. Je l’ai exclu sans difficulté et, d’un coup, le match est alors devenu facile pour moi. »
Citation
À l’assaut du monde
Le Paris-SG, à la stratégie de développement internationale, a déjà réussi à conquérir les coeurs en province. Mais des barrières subsistent encore avant qu’il ne s’approche, en popularité, des grands clubs européens.
INTERROGEZ un touriste chinois, russe ou brésilien sur ce que lui évoque Paris et il vous parlera de romantisme, d’élégance, de gastronomie, d’art de vivre...
En revanche, selon de récentes études, et en dépit de la nouvelle aura du PSG, la capitale française n’apparaît même pas dans le top 10 des villes « sportives » européennes. « On ne peut pas encore dire que Paris respire le ballon rond, évalue Gilles Portelle, directeur général de Havas Sports & Entertainment. La vie ne s’arrête pas les jours de match, comme à Manchester ou à Liverpool. Cela tient à la nature de la ville, où les sources de divertissement sont nombreuses et parce que beaucoup de provinciaux s’y sont établis. Il n’y a pas, non plus, le même enracinement politique du club qu’à Barcelone, par exemple. Néanmoins, le PSG respire Paris ! Tout y fait référence dans sa communication. »
Pour développer sa marque à l’international, le club s’est emparé de l’image de Paris dans le monde. Une stratégie dont bénéficie aussi la Ville, comme le confirme Jean-François Martins, adjoint de la maire Anne Hidalgo, en charge des sports et du tourisme : « C’est un facteur de rayonnement supplémentaire indéniable. N’oublions pas que le club existait avant l’arrivée de QSI. Aujourd’hui, nous sommes dans une dimension encore plus grande et nos intérêts sont convergents. Ils ont envie de s’inscrire au coeur de la ville et, pour nous, c’est une locomotive incroyable auprès des enfants, des jeunes filles, via sa politique de foot féminin ou le travail de sa fondation, mais aussi pour attirer les touristes étrangers. »
IL MANQUE UN DERBY À LA CAPITALE
Grâce aux stars recrutées depuis l’arrivée des Qatariens en 2011 et sa présence assidue en Ligue des champions, le PSG a grandi aux yeux du monde : quarante-deux chaînes à travers cent soixante pays diffuseront le Classique de dimanche soir, illustrant un peu mieux une notoriété mondiale galopante, bien qu’encore loin des mastodontes que sont Manchester United ou le Real Madrid.
Cependant, en trois saisons, le club de la porte d’Auteuil a réussi à s’imposer même en province. « C’est empirique. On le constate simplement au nombre de maillots que l’on voit partout en France, observe Virgile Caillet, spécialiste en marketing sportif. Le PSG est devenu le vaisseau amiral du foot français. Depuis 2011, Nike a doublé ses ventes. Leurs chiffres les situent au niveau des clubs italiens. » Sur l’exercice 2013-2014, 475 000 tuniques parisiennes ont été vendues, soit une augmentation de 29 % par rapport à la saison précédente. À titre de comparaison, les chiffres de l’OM avoisinent les 350000.
Sur les réseaux sociaux, indicateur de la popularité des marques, le champion de France recense 14,5 millions de fans sur Facebook contre 3,8 millions à l’OM et 1,7 million d’abonnés sur Twitter pour 1,2 million côté marseillais. Le centre de gravité du foot français s’est donc déplacé. « L’augmentation du capital sympathie est très net, reprend le patron d’Havas. Aller au Parc est devenu attractif et valorisant. » Notamment grâce au travail de pacification entrepris par le club. « La fin du hooliganisme a rendu le club plus consensuel, estime Martins. Et je trouve son président Nasser al-Khelaïfi toujours très humble envers les autres. Les dirigeants parisiens affichent beaucoup de sobriété. Ils ne sont jamais agressifs ni arrogants. »
Pour combler son retard sur les autres capitales européennes, les confrontations annuelles entre les meilleurs ennemis Paris et Marseille ne suffisent pas. Il manque à la capitale son derby, selon Gilles Portelle : « Il n’y a pas le même effet rivalité. Prenez Tottenham-Arsenal à Londres ou le choc milanais. C’est énorme ! Cela crée un ancrage dans des villes qui respirent le foot. »
Il manque donc un poumon à Paris que le PFC ou le Red Star, actuellement en National, sont loin d’incarner.
Citation
En loges, un luxe new-look
UN CLASSIQUE, ça se prépare aussi en coulisses. Et les Parisiens ont décidé de bien faire les choses en redessinant totalement leur intérieur. Inaugurés il yaquinze jours contre Bordeaux, les salons Emirates offrent, on s’en doutait, un confort luxueux. Les designers ont voulu recréer un espace qui ressemblerait à la cabine d’un A 380. Même si les Parisiens venaient à créer des fortes turbulences dans la défense marseillaise sur le terrain, il n’est pas certain que les invités, lovés dans leur fauteuil moderne, s’en aperçoivent vraiment…
L'Equipe