
Au vu du debut de saison on devrait voir une grosse perf de Martin Fourcade. Le relais homme a de grosses chances aussi mais concurrence tres forte de plusieurs nations. Chez les filles tout podium sera un petit exploit, Marie Dorin est blessée. Je m'attends a au moins une medaille surprise pour des bleus survoltés a domicile

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Une si longue attente
Fourcade et les siens vont disputer ce week-end leur première Coupe du monde en France. Un plaisir que n’ont jamais connu les Poirée, Defrasne et autres Bailly.
AU GRAND-BORNAND comme partout, l’Eglise est placée au milieu du village. L’originalité ici, c’est que le stade de biathlon y est aussi. Ou presque. À 200 mètres du clocher à vol d’oiseau. Dans ce coin de Haute-Savoie, on ressent un peu l’ambiance du 24 décembre après la messe de minuit : on va avoir plein de cadeaux demain, mais on se demande lesquels. Ce dont tout le monde est certain, c’est que ça va être une grande fête.
Cette fiesta, il y a longtemps que le biathlon français l’attend. Depuis 1991 et la Coupe du monde disputée aux Saisies, ou mieux, depuis les Jeux d’Albertville l’année suivante. 1992, c’est loin. Toute une génération d’athlètes n’a jamais connu le plaisir de courir devant son public. Leader de la Coupe du monde, Martin Fourcade est bien conscient du privilège qui est le sien : « On est avant tout heureux et honorés d’être là, dit-il. Honorés aussi en souvenir de toutes les anciennes générations du biathlon français qui auraient mérité cet honneur. Aujourd’hui, on est là et on va en profiter pour eux.»
PLUS DE PASSION DONC PLUS DE PRESSION
La phrase doit aller droit au coeur de bien des anciens. «Je les envie, ça va être carrément génial , s’enthousiasme ainsi le champion olympique 2006 Vincent Defrasne. Moi, j’ai rêvé toute ma vie de vivre un événement comme ça en France. »
«J’ai hâte d’y être presqu’autant qu’eux, relance Sandrine Bailly, championne du monde 2003. Sur une carrière, c’est un manque de ne pas avoir couru chez soi. Il y avait de l’incompréhension de notre part. Pourquoi pas chez nous, alors qu’on allait tout le temps à Kontiolahti (Finlande) où il n’y a pas de spectateurs et des conditions bizarres ? » Un sentiment d’injustice d’autant plus grand qu’en vingt ans la France est devenue un grand pays de biathlon.
Ce serait exagéré toutefois que de dire que cette absence française au calendrier était le souci constant des champions d’hier. « Je ne peux pas dire que ça m’ait manqué, car je n’y pensais pas vraiment » , reconnaît honnêtement l’octuple champion du monde Raphaël Poirée. Membre du comité d’organisation, la championne du monde 2003 Sylvie Becaert est sur la même ligne. « On ne se posait pas vraiment la question, car le calendrier était figé, et on savait qu’on n’avait pas de piste, dit-elle. Mais, en 2010, j’ai réfléchi avant de prendre ma retraite car une épreuve était programmée ici en 2011. Finalement, comme elle a été annulée, j’ai bien fait d’arrêter…»
Les Poirée, Jay, Defrasne, Becaert, Baverel et autres Bailly ne peuvent donc pas raconter à leurs successeurs ce qui les attend ici, mais ils en ont une petite idée. « Je suis persuadé que, statistiquement, courir chez soi booste les résultats » , estime Defrasne. Avec son corollaire inverse : « Rien que le fait de savoir qu’une course était retransmise à la télé française, ça nous mettait plus de pression » , se souvient Poirée.
« J’ai vécu un Championnat de France en 2010 à Prémanon, c’était impressionnant le monde qu’il y avait ! se rappelle Vincent Jay. Ça me faisait penser au Tour de France où les gens s’écartent de la piste pour te laisser passer. C’était monstrueux ! » Vingt mille personnes sont attendues durant les quatre jours de compétition, cela devrait donner la chair de poule aux biathlètes. Ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui.
L’Équipe
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Pourquoi « Le Grand-bo » ?
Contre toute attente, la petite cité du massif des Aravis a obtenu le droit d’accueillir la Coupe du monde.
CHRISTIAN DUMONT en aurait presque la larme à l’oeil. Propagandiste comme aucun, lui même biathlète dans ses jeunes années, l’ancien directeur des équipes de France rêvait depuis longtemps de voir une Coupe du monde en France et il a longtemps travaillé pour. C’est dire le plaisir qu’il a de se trouver au « Grand-Bo ». Pourtant, il n’était pas écrit que ce serait ici que serait organisée cette Coupe du monde made in France.
Longtemps, la fédération a joué la carte Bessans, dans la Haute-Maurienne. L’endroit est superbe mais ne rentrait pas dans les normes de l’IBU, la Fédération internationale. « Avec la médiatisation croissante, les exigences de l’IBU ont augmenté, explique Dumont, et la Haute-Maurienne, sans axe routier, sans hôtel quatre étoiles, n’a pas obtenu la licence A nécessaire pour unetelle organisation.»
En 2006, la fédération a lancé un appel d’offres et c’est Le Grand-Bornand, 2 300 habitants, perché à 1 000 mètres d’altitude, qui est sorti du chapeau pour accueillir le premier grand événement depuis les Jeux d’Albertville 1992. « Pourtant, le projet sort des règles car ce n’est pas un site permanent » , relève Dumont. C’est le moins qu’on puisse dire : une partie de la piste est tracée sur la route qu’emprunteront les automobilistes dès la semaine prochaine et les trente cibles du pas de tir sont installées uniquement le temps de la compétition.
«Mais c’est ce qui a séduit l’IBU, estime Yannick Aujouannet, le directeur général de l’épreuve : cette idée d’avoir le stade au coeur du village.» Avoir associé la ville voisine d’Annecy au projet a constitué un atout supplémentaire aux yeux des pontes de l’IBU, et la candidature malheureuse aux Jeux de 2018 a fini de booster le projet. Tout était déjà prévu pour décembre 2011, mais c’était compter sans la malchance : la compétition avait été annulée faute de neige. «Cela nous a conduits à renforcer notre dispositif en matière de stockage de neige, explique Aujouannet. 12 000 mètres cubes de neige sous une bâche isolante. » Ce qui, avec les canons à neige, a permis à l’épreuve d’avoir lieu. Enfin !
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Brunet pour conclure
C’EST AU RELAIS féminin que reviendra l’honneur d’ouvrir le bal cet après-midi. En l’absence de Marie Dorin, qui se remet de sa rupture ligamentaire à la cheville gauche, Thierry Dusserre a reconduit l’équipe troisième la semaine dernière à Hochfilzen, mais en modifiant l’ordre des relayeuses. Anaïs Bescond et Marie-Laure Brunet intervertissent leurs places, Brunet concluant alors qu’elle avait lancé ses camarades Boilley, Chevalier et Bescond sur le parcours autrichien. « C’est pour sortir de la routine et parce que MarieLaure semble plus en forme qu’Anaïs pour terminer» , explique Dusserre. Un changement effectué avec l’accord des principales concernées. « Je suis partante quelle que soit ma place dans le relais, sourit Marie-Laure Brunet. Mais si, en plus, je peux lever les bras à l’arrivée… »