Bon, je vous mets la première partie du CR d'hier, je finirai la suite plus tard mais ça pourrait déjà vous donner quelques idées, il y a déjà la dose, bon courage pour aller au bout

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Je précise que je ne suis pas un as des dégustations « techniques », donc je peux me planter sur quelques nuances, et que la marge d’erreurs d’interprétation augmente sur la fin dans la mesure où nos papilles ont été soumises à rude épreuve.
On arrive donc au salon situé au Parc Floral, étendu sur 3 pavillons (2 dédiés à la dégustation, un dernier plus axé cocktails / conférences / espace VIP).
On s’est pointés à 14h30, il y avait pas mal de monde mais on pouvait quand même circuler assez facilement entre les stands. Côté public, hyper éclectique, que ce soit dans les tranches d’âge ou la mixité, j’ai été surpris du nombre de nanas présentes, un bon tiers du public je pense.
J’étais avec un pote amateur comme moi, donc on essaie de ne pas se laisser enflammer par la quantité de choix disponibles (une centaine de marques) et d’avoir une approche quand même assez logique de la chose. Donc pas de catenaccio ni de hourra dégustation, on la joue montée en puissance progressive avec deux trois banderilles bien placées, histoire de ne pas se flinguer les papilles trop vite.
On raye donc dors et déjà de la liste tous les rhums sucrés type vanille caramel pour se focaliser sur les produits moins trafiqués.
Pour attaquer, on se dit que ça fait longtemps qu’on n’a pas dégusté de réunionnais. On attrape notre verre à l’entrée et on se met donc en chasse du stand Rivière du Mât tout en procédant à la reconnaissance des lieux.
Vu qu’on est vraiment d’une rigueur tactique à toute épreuve

, je me jette sur le stand… Depaz, parce que j’adore cette distillerie, qui fournit des rhums rond et complexes, très subtils, bref c’est bien ma came. Et là premier coup de bol, le représentant Depaz est également celui qui fait déguster les Rivière du Mat sur le salon, et vu qu’il n’a rien de bien nouveau dans les Depaz, on retourne dans le plan de jeu initial.
Rivière du Mât Grande réserve - 40%On attaque en douceur avec cet assemblage de rhums de 5/6 ans.
Annoncé comme traditionnel, ce rhum est assez sec dans l’attaque, pas vraiment propre aux mélasses dans la texture. Après discussion avec le représentant, il s’avère que c’est un assemble agicole / mélasse, ceci expliquant une constitution globale beaucoup plus proche de l’agricole.
La bouche est plutôt végétale avec une petite pointe d’amande légère sympa en finale (l’amertume qu’on retrouve très fortement dans les Charrette et que personnellement je n’aime pas trop est ici très finement exploitée), assez court sur la longueur. Idéal pour débuter, ça ne casse pas des briques non plus, sympa sans plus.
Rivière du Mât 2004 – 43% Même type d’assemblage sur le millésime, avec une part de vieillissement en fût de porto. Plus foncé, même attaque plutôt sèche / agricole, un peu plus de corps que le précédent avec quelques notes boisées. Une finale fraiche et végétale, assez courte, sans le côté amande précédent. Même topo, ça passe bien, mais c’est un rhum d’échauffement

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Le stand d’à côté propose des HSE finitions et la gamme 3 Rivières.
HSE - Finition Sherry 9 ans - 45%Une attaque franche et puissante, un petit côté sucré amusant mais qui est suivi par une petite note astringente que je n’ai pas trop aimé, une belle longueur sur le boisé par contre. Plutôt bon dans l’ensemble. C’est déjà une gamme au-dessus.
Je passe aux 3 Rivières qui étaient servis par le maître de chais de la distillerie. Autant dire que si tu critiquais le produit, le mec il envoyait ta gueule dans un vieux fût donc on est resté assez constructifs dans les discussions, même si j’ai commis le crime de lèse-majesté de ne pas respecter l’ordre qu’il avait défini pour déguster.
Trois Rivières Single Cask 2001 fût L169 (embouteillé 2014) – 43%Typique des Trois Rivières dans son attaque très franche et puissante. Par contre par la suite on retrouve des notes florales et épicées (poivre) assez agréables, peu communes pour ces rhums. Finale fraîche et longueur moyenne.
Dans la même gamme sur 2001 je lui préfère le fût L1A (en 70 cl) qui est plus rond et fondu.
Trois Rivières 12 ans – 42%En comparaison avec le précédent, il est plus travaillé et équilibré. L’attaque est toujours franche (typique des 3R) avec une dimension plus minérale que florale et plus boisé. Une belle minéralité qui perdure dans la fraîcheur finale.
C’est plutôt bon, mais globalement les 3R manquent un peu d’arômes pour moi, même si leur finale est sympa dans sa fraicheur.
On passe chez St James, que j’attaque avec curiosité dans la mesure où je connais très mal ces rhums (essentiellement utilisés pour faire le planteur dans les gammes ambré / vieux me concernant).
Saint James cuvée 1765 – 42 %Pour fêter ses 250 ans, St James a sorti une cuvée exceptionnelle en série limité qui est le fruit de l’assemblage de leurs meilleures millésimes (dont un du 19e siècle). C’est une bouteille qui est commercialisée à 800 € donc forcément ils ne la faisaient pas goûter. Donc là on parle de la version qui sera dispo en grande distribution autour d’une trentaine d’euro qui est un assemblage de rhums de 5 / 6 ans minimum, élevés en petit fût.
Le nez émet une odeur assez désagréable qu’on retrouve en bouche, un côté « terreux » qui sur la dégustation pourrait peut être se traduire comme des notes torréfiées / brulées, on évolue sur le bois mais toujours avec ce goût bizarre, bref vous l’aurez compris, j’ai balancé le reste et suis vite passé à la suite .
De loin le rhum le moins bon de la journée voire ça faisait un moment que je n’avais pas goûté quelque chose d’aussi moyen pour rester sympa

. Je lance un regard désapprobateur au mec du stand qui s’en fout – forcément – mais me laisse entendre qu’il est quand même assez d’accord. Je donne donc une seconde chance à la marque, quitte ou double.
Saint James cuvée d’Excellence – 42%Tout de suite on change de gamme.
Un nez beaucoup plus agréable et subtile, une attaque très douce et une puissance montante sur le boisé, les épices et les notes torréfiées. Un léger piquant en bouche, une belle harmonie globale, pas mal du tout. Ca m’incite à poursuivre la découverte.
Saint James Single cask 99 (12 ans) – 42.9%Une première TRES belle surprise

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Un nez puissant avec des notes de fruits secs, une attaque bien équilibrée avec des notes très originales de fèves de cacao associées aux fruits compotés, une belle persistance, vraiment très agréable dans la longueur…
Celle-là elle va pas tarder à rejoindre ma rhumerie… heu mon bar.
Fini les découvertes, on va retourner vers quelque chose de plus connu. Donc le stand J.M / Clément fait parfaitement l’affaire, sans compter que ce sont trois petites minettes assez mignonnes qui servent, on voit la maitrise du marketing...
Côté Clément, rien de neuf sous le soleil, ils font quand même gouter la Cuvée Homère c’est sympa pour le public. Côté JM pareil, tous connu sauf un millésime étiquette cuire qui me fait de l’œil tout de suite.
J.M millésime 1998 – 43.7%En dehors du fait que la nana avait finalement l’air d’avoir 14 ans et servait des micro gouttes de ce nectar (normal dans un sens, là on est dans du JM très haut de gamme donc ils devaient pas avoir trop de bouteilles…), ça a été un grand moment

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Un équilibre splendide de bout en bout, des notes de fruits tropicaux (ananas notamment) apportant à la fois douceur et parfum, une superbe longueur et une pointe d’anis / gingembre sur la fin.
Un délice, rien à ajouter, et assez différent des millésimes J.M que j’avais eu l’occasion de goûter jusqu’à présent. Par contre ça doit coûter un petit paquet de brouzoufs ce genre de bouteille…
Le problème après tout ça, c’est qu’on est monté en gamme vraiment significativement, donc on décide d’aller en reconnaissance au stand VIP. Ils ont bien fait les choses, de la charmante hôtesse à l’accueil au bar en lui-même (old school en cuivre)

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Derrière les 3 personnes qui servaient, je commence mon repérage des bouteilles. Et là, mon regard est attiré par une quille rangée côté tranche, qui me dit quelque chose… Et oui c’est bien elle, non annoncée sur le programme, le très beau flacon Bielle 2002 qu’on trouve à probablement plus de 500€ dans le commerce. Vu qu’elle est presque vide et que je ne suis pas sûr qu’ils en aient plusieurs, je ne réfléchis pas longtemps et j’attaque.
Bielle 2002 - 2014 – 52.8%Les bruts de fût de Bielle sont généralement assez prisés des amateurs de rhum (on peut même parler d'effet de mode parfois concernant cette distillerie).
Ici on est dans le Bielle typique, viril mais très correct, un nez puissant avec de belles notes de canne / de miel, une attaque finalement assez douce mais en seconde lame arrivent les fruits confits, ça finit sur une note très fraiche et longue.
C’est très bon, aucun doute là-dessus, ça peut néanmoins avoir un peu trop de caractère pour certains. Par ailleurs, aller jusqu’à claquer autant de pognon sur une bouteille, ça se discute beaucoup plus…
L’un des mecs qui sert au stand VIP décide de lui aussi goûter ce qu’il sert, ça fait 3 heures qu’il résiste je pense, il craque. Apparemment il travaille surtout dans l’œnologie et s’est mis au rhum en septembre dernier (noob), mais il a un vrai enthousiasme qui fait plaisir, on aurait dit un gosse qui découvrait un nouveau jouet chaque fois qu’il goutait quelque chose de nouveau.
Il m’oriente vers la nouvelle gamme de JM qui suscite beaucoup de commentaires positifs depuis le début du salon. Le très classique J.M a pour une fois innové, et sorti une gamme de rhums d’une dizaine d’années, vieillis en fûts de cognac, d’armagnac ou de calvados.
On se lance dans un débat d’abrutis avec mon pote sur l’ordre idéal de la dégustation des 3 versions, tout le monde donne son avis mais chacun a sa théorie, donc je pars du principe que les finitions cognac sont déjà connues dans le rhum (sur certains Séverin, les Savanna réunionnais, etc) et j’attaque par la pomme .
J.M Finition Calvados – maison Lecompte Pas de doute, au nez ça sent la pomme.
En bouche, l’alliage est à la fois surprenant et enthousiasmant. Le calva est toujours présent dans l’attaque, mais le rhum donne un côté très suave et doux à l’ensemble. On retrouve les notes fruitées du JM par la suite, sur l’acidité des agrumes notamment. Belle prise de risque et très belle réussite.
Il remplacera très bien le calva au moment du trou normand, en laissant deviner vos convives de quel alcool il s’agit.
Interlude Ferme des célébrités, Joey Starr se pointe au stand VIP

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J’ai jeté un œil attentif mais pas de traitement de faveur, ils n’ont rien sorti de spécial pour lui, c'est con, j'aurais tenté l'incrust' (oui, le rhum ça désinhibe pas mal...).
Très enthousiaste sur le calva, je poursuis donc sur l’armagnac.
J.M Finition Armagnac – maison TariquetContrairement au rhum précédent, je n’ai pas vraiment décelé l’armagnac, juste une note fruitée assez légère, mais qui disparait assez rapidement.
Les vieux Armagnac étant pour moi en valeur absolue assez proche de certains rhums vieux, les alcools se sont probablement très bien fondus mais cela n’apporte pas grand-chose à l’ensemble ou alors c’est trop subtil pour mes papilles déjà un peu entamées. Ca reste du vieux J.M donc c’est bon, mais légère déception par rapport à la quille précédente.
J.M Finition Cognac – maison DelamainDernier de la série donc. Au nez déjà on sent plus de complexité, ça commence bien.
En bouche, on a d’abord l’impression de boire une eau de vie, avec un bon goût de fruit super bien équilibré dans la durée, le rhum reprenant le dessus par le boisé et les agrumes, sans la finale bourbon assez habituelle aux J.M.
Sur les trois on va dire que pour moi le Cognac est devant pour l’ensemble, le calva remportant la palme de l’originalité.
On commence à avoir vraiment soif vu qu’ils ne vendent que des demi bouteilles sur place et que les stands sont très radins sur la flotte (de quoi rincer les verres et basta). Donc on se décide à aller dégoter de l’eau, mais juste avant de sortir je vois une petite bouteille siglée HSE avec une étiquette manuscrite. Allez, dernier coup de pied arrêté avant la mi-temps, c’est parti.
HSE single cask 2003/2015 brut de fut 47.8 %Un nez puissant, une attaque splendide sur le boisé et les épices mais le reste tout très équilibré, une finale très longue sur des notes subtiles de bourbon, on est là dans le typique agricole mais l’ensemble est vraiment top. Cette petite bouteille en a bluffé plus d’un au stand VIP
Suite à ça, on s’auto arbitre et on siffle la mi-temps. Assez content de notre rythme et des découvertes réalisées, on se met en quête du Saint Graal du moment, à savoir une bouteille d’eau gazeuse tellement on est déshydratés… Note pour l’an prochain : prendre un sac à dos avec 2/3 bouteilles dedans.
Le CR de la 2e MT viendra plus tard, le temps de vous laisser digérer le pavé

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