Ce médecin, c'est Aleksander ''Sacha'' Tabarchouk, âgé aujourd'hui de 71 ans, il est originaire de la ville de Chelyabinsk dans le sud de l'Oural, tout comme Evgueni Rogov, ancien entraîneur de l'équipe nationale en 1981-1982, 1986-1988 et décédé aujourd'hui.
Le Pr. Tabarchouk, qui est diplomé de l'Academie de Sciences Médicales de sa ville natale en 1974, est un spécialiste de la médecine sportive. En Russie, il a occupé des postes de physiologue dans différents sports, notamment le Hockey sur glace, dans sa ville, l'équipe de Russie junior de Handball. Il a présidé la Fédération régionale de Boxe. Il continue à exercer son métier dans le Basketball, tout en enseignant à l'université.
Son plus haut fait de gloire en Russie est d'avoir gagné le prix de meilleur médecin du sport du pays en 1999, mais sa seule expérience au niveau international et au plus haut niveau sportif était en Algérie entre 1983 et 1988.
Il arrive pour la première fois en 1983 en tant que coopérant détaché du comité olympique d'URSS. Il occupe le poste de médecin chef au département de sciences biomédicales à l'ISTS (Institut des Sciences et Technologies Sportives).
Tout en restant à l'STS, il affirme avoir travaillé comme consultant pour la préparation de l'équipe en vue de la Coupe du Monde 1986, menée par Rabah Saâdane, son collégue à l'ISTS.
Après le Mondial 1986, il intègre le staff technique de Rogov en tant que médecin jusqu'en 1988.
L'interview
Bonjour M. Tabarchouk, je vous appelle d'Algérie.
C'est un grand plaisir pour moi. J'ai beaucoup d'amis là-bas, comme M. Rachid Cherradi, qui travaillait avec nous, avec M. Rogov. C'était son meilleur élève.
Vous avez travaillé à l'ISTS de 1983 à 1988 ?
Oui, j'ai travaillé à l'ISTS avec le directeur général M. Belmokhtar puis avec M. Lalaoui jusqu'en 1988.
Comment vous êtes arrivé en Algérie ?
À cette époque-là, c'était comme ça. Les spécialistes russes ont toujours travaillé en Algérie, en Tunisie, au Maroc, etc...
C'est le Comité Olympique soviétique qui vous a envoyé ?
Oui, j'étais un spécialiste soviétique et j'ai travaillé à l'ISTS. Justement, c'est moi qui ai fait la proposition au Directeur Général d'utiliser les scientifiques soviétiques dans le sport algérien. Je n'ai pas travaillé seulement avec les footballeurs, je me suis occupé aussi d'un champion d'Afrique de marche à pied et avec d'autres aussi.
J'ai lu que vous vous êtes occupé particulièrement de la carrière de Rabah Madjer.
Oui ! Je dois vous dire que c'est mon grand ami, il a fait appel à moi après avoir eu des problèmes de santé en 1986. Il ne jouait pas à Porto, il était tout le temps en équipe réserve et c'est moi qui me suis occupé de sa santé.
Comment vous l'avez aidé ?
Il a fallu lui donner des médicaments etc... faire une réhabilitation et c'est à partir de là qu'il a commencé à jouer.

Il a tellement bien joué que Paolo Futre a disparu ! Madjer était le meilleur toute l'année.
Une fois, il est arrivé à Annaba, on allait jouer contre le Soudan pour les Jeux Olympiques, il a déclaré: ''Je viens en tant que supporter, je ne peux pas jouer''. Il avait un problème au coeur, il restait sept jours avant le match et grâce à moi il a joué !
Vous avez aidé à la préparation de la Coupe du Monde 1986 ?
Oui, j'ai travaillé avec l'équipe pour la Coupe du mMonde, mais pas beaucoup, parceque j'ai fait beaucoup de documentation, de recherche médicale, les tests pour les gens qui travaillent avec l'équipe. Je n'étais pas seul, il y avait d'autres spécialistes soviétiques qui ont travaillé aussi.
Est-ce que vous avez donné des pillules aux joueurs, des vitamines pour récupérer ?
Oui. J'ai fait tout ce qui était nécessaire !
Il y'a 8 joueurs de l'équipe d'Algérie de 1986 qui ont des problèmes, ils ont des enfants handicapés. Ils cherchent à connaître d'où cela vient. Ils se demandent si ce n'est pas les pillules que vous leur avez données. Est-ce qu'il n'y a pas un problème de dopage ?
Non ! Quel dopage ? Il n'y avait que des vitamines. Que des vitamines ! Et j'ai utilisé aussi des nutriments pour les enfants, c'est tout !
Est-ce qu'il y avait des pillules jaunes ?
À ce que je sache, à cette époque-là, il y avait déjà Lakhdar Belloumi qui avait des problèmes graves avec ses enfants. Je ne suis pas au courant de quel problème exactement mais il y en avait déjà.
Et les pillules ?
J'en ai donné pour les footballeurs ! c'était des pillules LVTO (?)

, c'était des vitamines françaises, il y en avait beaucoup en Algérie, c'était des vitamines, c'est tout. Dans le monde entier, les sportifs utilisent les vitamines.
Vous n'avez pas eu des problèmes aves d'autres sportifs ?
Non, jamais !
Est-ce que vous vous rappeler de Kaci Saïd ?
Kaci-Saïd, c'est mon ami, saluez-le.
Il a une fille âgée de 26 ans qui est handicapée, et Mohamed Chaïb, il a trois enfants handicapés.
C'est dommage...
Je dois vous dire, à propos de l'utilisation des vitamines, au début de notre travail, j'ai eu beaucoup de problèmes, parce qu'ils n'ont pas voulu utiliser des vitamines mais après c'était différent.
Je dois vous dire que pour l'utilisation des vitamines, il faut des périodes de repos, une semaine ou deux où il ne faut pas utiliser les vitamines. Là, j'ai eu beaucoup de problèmes avec les joueurs parce qu'ils ont dit qu'il fallait qu'ils en aient chaque jour.
Vous pensez que si on utilise trop les vitamines, ça peut être dangereux ?
Qu'est-ce que ça veut dire trop ?
Si on ne respecte pas la période de repos.
Non, il y a un dosage c'est tout. Vous trouverez, dans la littérature médicale, les doses qu'on utilise partout.
Si on utilise trop, si on met une dose importante est-ce qu'il peut y avoir un problème ?
Jamais, je n'en ai utilisé trop. Je les ai utilisées comme il faut. Pour un non-sportif par exemple, il faut utiliser une tablette, non pardon, un comprimé. Mais pour un athlète, il en faut deux voire parfois trois, il faut multiplier parcequ'ils fournissent beaucoup d'éfforts. C'est pour ça qu'on n'utilise pas les mêmes quantités que pour les autres.
La Fédération était au courant de tout ça ?
Bien sûr ! Parce qu'ils ont payé, nous avons acheté. C'est la fédération qui a acheté tout ça pour les joueurs. En plus des vitamines, j'ai utilisé des nutriments pour enfants, des produits de Hollande. C'est pour les enfants, on les utilise pour les nouveaux nés, parceque ça contient beaucoup de nutri-élements, des acides etc...
Vous avez travaillé avec M. Rabah Saâdane ?
Nous avons travaillé ensemble à l'ISTS.
Vous avez travaillé avec l'équipe d'Algérie avant 1986 ?
Avant 1986, je ne travaillais pas directement avec l'équipe. C'est le directeur général de l'ISTS M. Belmokhtar qui était membre de la Fédération de Football qui a proposé que moi et certains professeurs aidions votre équipe. Nous avons préparé les documents de planification des entraînements, des services médicaux. C'es tout.
Après 1986 ?
Après 1986, j'ai reçu une proposition pour travailler avec l'équipe d'Algérie comme médecin. Juste après la Coupe du Monde, j'ai commencé à travailler avec cette équipe, avec M. Rogov, M. Cherradi et les autres.
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Eh ben...