Cette petite pause dans mon compte rendu du whisky live m'a permis de retrouver le catalogue du salon chez moi et retrouver les présentation de la maison du whisky sorties pour ce whisky live.
Collection The Artist #3
Comme ils aiment bien les chiffres rond on trouve un 10, un 15, un 20, un 25, un 30 et un 35. Tous ces whisky sont proposés dans une version single cask, le nombre de bouteilles étant donc limités, les degrés d'alcool s’étalant de 60,1 à 43,7°
Le 10 ans est un
Edradour, distillerie rachetée il y a quelques années par Signatory, qui a vraiment tenté des expériences impossibles avec le stock de fûts de l'époque. Fin de maturation en fût de sherry, porto, bourgogne, et autres joyeux liquides. J'avais d'ailleurs une version non filtré en finie en fût de bourgogne dans laquelle on voyait du marc assez équilibrée.
La plupart des gens à l'époque étaient entre le WTF et le oh mon dieu mais c'est génial, c'est en tout cas bien représentatif de ce qu'à pu faire Signatory pour dépoussiérer le monde du whisky. Cette série sortie par le négociant était de mon point de vue plus une curiosité
Signatory a finit par se débarrasser de ces vieux fûts et fait un retour à une certaine authenticité.
Le
15 ans de Laphroaig est comme je l'ai déjà dit assez exceptionnel.
Le 30 ans que j'ai eu également l'occasion de gouter est de chez
Caol Ila j'en garde un souvenir assez doux et fumé il faut dire qu'il est passé juste après le puissant laphroaig.
Le 20, le 25 et le 35 qui n'étaient pas présentées au salon sont respectivement de chez glen Keith, Bunnahabhain, et enfin Glen Craig.
Retour donc de la pause cigarette (je précise à Fufax que j'ai ré-arrêté depuis, en même temps j'en suis à 6 jours donc j'ai le temps d'en reparler.) on décide quand même e se faire un petit tour à l'étage des joyeusetés et je tombe sur le stand de
Compass Box
Une maison qui a beaucoup travaillé sur les blends pour leur rendre leurs lettres de noblesse. On entre, un monde fou, je connais déjà la plupart des choses proposées et j'hésite un peu entre un
Spice Three classique qui reste une valeur sure et une version 10 ans de leur référence
Peat Monster. Je me déciderais pour un troisième le
Delilah's. Une version sortie par le maitre de chai de la distillerie le fantastique John Glaser (oui je suis fan!) et le propriétaire du Delilah's qui est un bar punk rock de Chicago à la très belle cave à whisky. Une belle version assez claire et légère, toujours un peu cette sensation fade qui indique le retour d'un brut de fût à un whisky embouteillé après réduction.
Compass Box propose également sur son stand une dégustation un peu particulière entre deux versions d'un whisky en pleine maturation le
great king street. l'idée de l’expérimentation est assez simple on goute deux versions et John Glaser n'amènera à maturation complète que celui que les dégustateurs du whisky live plébisciteront. L’expérience commence par une distribution d'un petit sac de pop corn, travaillés pour être dégustés avec du whisky. Perso je les ai trouvé trop sucrés et caramélisé mais il fallait à tout prix que je mange quelque chose pour lutter contre l'alcool et je crois que du polystyrène aurait pu faire l'affaire pour peu qu'il soit un peu épicé.
Dégustation des deux versions donc, une version axée sur le sherry et une sur la tourbe. J'ai préféré la version tourbe comme beaucoup de personnes et on m'a donné un petit autocollant pour afficher clairement mon choix que j'ai collé dans le dos d'une hôtesse, preuve que l'alcool aidant je retrouvais toute ma classe et l'humour qui ont fait ma réputation sur ce forum
Je regarde ma montre il nous reste à peine 2 heures, et encore 3 régions majeures à faire : speyside, japon et Islay.
Nous redescendons au salon principal et je décide qu'on ira au bout quoi qu'il en coute.
L'idée est de faire gouter 3 ou 4 whisky de chaque région à mon pote afin d'en distinguer les principales caractéristiques. Le problème c'est qu'on a pas le temps de parler avec les vendeurs et d'écouter leurs baratins, passage obligés pour pouvoir gouter les meilleurs crus. Je me décide pour 3 distilleries
Benriach,
Benromach et
Glendromach, Je passe devant
Balvenie et hésite un moment en pensant à CL mais je ne peux pas me permettre de douter, à ce stade la moindre hésitation pourrait entrainer une sortie de route.
Benriach donc, grand classique du speyside avec des whisky assez typiques de la régions. Et on repart pour un brut de fût assez clair de 19 ans vieilli en fût de chêne. très souple, de belles notes fruitées et herbacées, une pointe d'épices... On hésite à gouter autre chose mais je file, conscient de l'objectif à atteindre. On passe au stand
Benromach ou le vendeur, un anglais assez jovial commence avant même que je puisse lui sortir mon baratin à remplir nos verres avec sa version 10 ans, caramba encore raté! Il commence à nos en parler et je lui indique que je tiens à faire gouter à mon compagnon de beuverie des whisky typique en fut de Hêtre pour l'opposer après coup aux fameuses versions sherry de chez Glendronach. Je profite de la diversion offerte par un écossais ivre pour jeter le reste de mon verre.
(Oui, je précise maintenant qu'outre les verres propres disponibles aux entrées de salle, il y a des récipients sur chaque stands qui permettent de vider le contenu de son verre ou de cracher pour les plus classes/alcoolisés d'entre nous.

Ayant déjà fait le whisky live il y a deux ans dans son intégralité j'ai pris cette fois ci la décision de me ménager et jette les fins de verres des whiskys que je trouve peu intéressants. Mon Pote qui fait son premier Whisky live et me dit vouloir faire toutes les erreurs du newbee pour profiter pleinement de l'évènement finit tous ses verres, mais il garde un certain panache le regard droit malgré un oeil un peu vitreux.)
Notre anglais sympathique a globalement compris ce que je lui racontais et me sert une version "Bio" avec de l'orge récupéré sur leurs terres et surveillées spécialement et un fût neuf fabriqué spécialement pour cette série venant d'un arbre issu d'une forte éco gérée bla bla bla... Pas mal mais pas foufou, le mec me sourit et prépare sa troisième bouteille mais on a assez perdu de temps alors on file vers Glendronach et sa série de whisky finis en fût de sherry.
Le stand est tenu par un écossais au teint rougeaud qu'il est inutile de baratiner, il est en pleine conversation avec un amateur de
Glendronach qui parle fort pour impressionner ses potes mais qui raconte aussi un peu de merde, sont présentée des versions brute de fût De 1995 et 1994 (que j'ai chez moi donc je zappe) et des versions classiques en 12/ 15/ 18 et 21 ans, j'opte pour le 21 qui me réconcilie avec le sherry soutenu épicé et doté d'une très belle évolution en bouche! On retrouve le speyside les fruits murs, une pointe d'épices cumin, et des notes chocolatées et un léger retour de tabac. Le sherry est présent sans écraser le reste. Une version très bien équilibrée. Je goute ensuite le 1995 qui monte tellement en alcool qu'il me surprend. L'excité braillard qui raconte à tout le monde comme il aime Glendronach comme si le vendeur allait finir par lui offrir une bouteille gratuite pour toute cette publicité, m'a l'air à point. Notre écossais sympathique n'a fait que sourire béatement pendant tout mon passage et servir des verres avec un oeil rieur comme si son whisky parlait mieux que lui.
Glendronach est décidément une grande maison.
Je reçois un appel d'un pote qui devait venir après son taf et lui indique de nous rejoindre aux stands japonais.
AAAAAH le Japon! J'ai gouté 3 ou 4 Nikka d'un assez bon niveau, mais je ne me souviens plus de tout et pour cause, mon pote vient de nous retrouver. On parle beaucoup, il évoque sa réticence vis à vis de whisky japonais qu'il trouve trop froids, parce que trop maitrisés on s'engueule gentiment en sirotant nos verres, encore une fois je ne sais plus ce que je bois. Je défend le savoir faire et la maitrise japonaise, leur coté puriste et jusqu'au boutiste.
Il évoque l'idée de relancer ses soirées whisky et fromage, parlant de ces mélange de saveurs incroyablement riches (merde je viens de prendre 33% et mon login est maintenant Fromage = SIDA ) Il me parle de ces derniers achats, Un Laphroaig collector qu'il a payé 750 euros, Un Caol Ila incroyable, et la Nikka box

Il faut dire que mon pote s'achète d'excellentes bouteilles pour des prétextes variés déménagement, enterrement, mariages, alors il marque le coup des fois. Il parle de la difficulté et de la déception qu'il a eu en ouvrant le laphroaig qu'il a été obligé de déguster après plusieurs versions qui montent crescendo en gamme pour apprécier ce whisky rare. C'est plaisant, on est au salon du whisky et je papote comme dans mon propre salon.
J'ai gouté une version
18 ans du Hakushu dont j'ai fait la description en 12 ans il y a quelques pages, et l'ai trouvé très moyenne, preuve que mon palais est en train de me lâcher, ou que le 12 ans est mieux équilibré. J'ai bu trop de trucs, je ne sais plus trop ou j'en suis.
Je conseille à mon pote qui vient d'arriver au stand Middelton gouter le Redbreast 21 ans qui reste l'une des merveilles de ce whisky live, et il file sans demander son reste.
Il nous reste les Islay, on tient le bon bout j'y crois.

La tourbe va venir me nettoyer le palais, il est 18h30 encore une petite heure.
Je cherche le stand
Caol Ila sans le trouver et me rabat sur
Bowmore qui nous sert une version de Islay finie en fût de Sherry. Je connais un peu ces séries et passe donc à une version appelée
Devil's Cask. Hélas manque d'équilibre, bataille de tourbe et de Sherry qui étouffe le reste. Je jette le verre avec une grimace, mon pote à qui j'ai sélectionné un autre whisky partant sur la même idée. Même réaction. On quitte le stand,
Bowmore est une excellente maison mais on n'était plus dans la demie mesure en terme d'analyse... D’ailleurs les versions les plus intéressantes que j'ai pu gouter de chez
Bowmore sont pour la plupart sorties par
Signatory, un embouteilleur indépendant. Je crois juste que j'aime pas leurs choix en terme de développement.
Juste à coté se tient le stand
Kilchoman qui sert des versions jeunes et fraiches (5/6 ans) seulement date de la reprise de la distillerie. C'est bon c'est léger, la tourbe est puissante sans étouffer le reste. Un coté extrêmement floral. une distillerie qui respecte son terroir, on en boit deux et on est sous le charme, on discute un peu avec les vendeurs.
Le stand
Ardbeg me faisait de l’œil, mais j'avais mentalement décidé que ce serait le dernier que je ferais, ce qui ne sera pas le cas comme on le verra plus tard. Je tombe sur le stand
Talisker et m'approche au moment ou une bouteille sans étiquette sort de sous la table et flaire le bon coup, je tire mon pote par la manche et déguste une version non commercialisée des chez
Talisker sorti pour les 25 ans de la distillerie regroupant la totalité des contenus de la distillerie à l'époque. Un espèce de blend qu'ils ont fait vieillir 25 ans complètement improbable. Je sers nos deux verres au milieu de bras tendus parmi je reconnais certains des membres du club de la maison du whisky (club complet depuis des années et dont les membres se réabonnent sans cesse, il est impossible de rentrer sans une recommandation d'un membre... bref les mecs ne sont pas là par hasard et je me dis que moi non plus.
Incroyable sensation en bouche, une tourbe puissante, la bonne grosse tourbe à maman qui vient m'emporter sur les bords de mer, des saveurs salines, marines, des notes de fumée... Un coté vif herbacé sauvage. Je revois cette bouteille et pense à son prix qui doit être qq chose comme : "nous consulter"
Je me dis qu'on pourrait s'arrêter là mais il nous reste un peu de temps, on fonce au stand
Ardbeg et je demande leur dernière version le
Ardbog qu'ils n'ont pas, je suis déçu, conseille à mon pote le
Uigedail qui est une version finie en fût de Sherry (pas entièrement maturée hein!!) cette version brute est une pure merveille, équilibre entre la tourbe et les fleurs légères, au moment ou on pense que la tourbe va nous écraser, elle se retire légère et fraiche nous laissant un tapis de fleur et de mineraux sur le palais, la tourbe revient par vague par retro-olfaction. Je goute pour ma part une version
Corryveckan... moins aboutie à mon sens.
Il est 19h10 on peut partir le coeur serein et la sensation du devoir accompli.
On file aux toilettes et on recroise le pote de mon pote qui nous ordonne d'aller chez
Dalmore gouter le
King Alexander et quelques autres joyeusetés. Je tangue, mon pote aussi mais on ne pourra plus revenir une fois sortis alors on se retourne vers le stand
Dalmore. Le mec voit arriver deux mecs imbibés qui veulent gouter son meilleur whisky sans passer par toutes les étapes d'introduction. Le type me sourit, il voit que je suis déjà bien entamé mais je souris et il ne peux rien me refuser.
Cette version est un single malt maturée en 6 fûts de différents types. Porto, cabernet sauvignon, xeres, madere, marsala et bourbon. Je m'attends à un fouillis dégueulasse en bouche et c'est assez équilibré. Impossible de dégager les part venant des différents fûts.
Richard Paterson le Maitre de chai de
Dalmore passe à coté de moi, je le félicite on discute deux minutes, ce mec est vraiment un des très très grands du monde du whisky.
On peu filer et sortir enfin de ce lieu de débauche, démarche légère et sourire béat, on est légèrement ivres et marcher nous fait du bien. On cherche un restau pour clôturer la journée et on finira dans un petit restau pas loin de chez moi dont je ferais une description prochaine dans le topic dédié, la serveuse nous propose l’apéritif et on éclate de rire, on a passé l'après midi à boire, passant du digestif à l'apéritif sans passer par la case goûter. On se décide pour une bouteille de vin avec nos plats, un côte du Rhône qui nous sort en douceur de notre pèlerinage sur les terres du whisky.
Après le restaurant on poussera jusqu'au Cork and Cavan notre pub habituel pour boire des Guinness jusqu'à la fermeture. Le serveur, quand on lui raconte nos misères, nous offrira un verre du whisky de notre choix et trinquera avec nous. J'ai pris un Glenmorangie de base que je n'avais pas gouté sur le stand, léger aérien, pas de regrets sur mes choix.
Le lendemain fut éprouvant, une bonne nuit et beaucoup d'eau pendant l'après midi et la soirée m'ont évité la gueule de bois, mais je suis fatigué d'avoir marché et mon corps accuse clairement le coup. Vieillir bien sur c'est moche mais se connaitre c'est pas mal parce que si j'ai été gentiment éméché je n'ai jamais été trop ivre. Je n'ai rien bu POUR boire, et j'ai profité de la plupart des whiskys que j'ai gouté.
En espérant que ça vous ai donné envie pour l'année prochaine. Moi en tout cas j'ai déjà envie.