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H.Legarda : De la passion mais avec raison
Après une saison dernière et alors que certains mouvements de joueurs (Coutadeur, Cerdan) sont encore d’actualité, le président du MUC 72, rassuré par la présence de Paulo Duarte, espère un maintien tranquille avant l’entrée dans le MMArena.
LA SAISON DERNIERE
Avec le recul, reconduiriez-vous les mêmes décisions quant aux choix des entraineurs ?
Henri Legarda : Ce que vous voulez savoir, c'est si je regrette certains choix. Et bien non. À l'issue du départ de Rudi Garcia, personne ne s'attendait à ce que j’opte pour quelqu’un du club. Cette fois, chacun croyait que je prendrai le voisin à côté et je suis allé chercher un étranger. Jamais je ne renouvelle les mêmes decisions.
Pourtant, le club est passé bien près de la correctionnelle ?
Vous avez la mémoire courte, vous les journalistes. L'an passé, vous nous annonciez dans les trois derniers alors que l'on ne cessait de vous dire, que suite aux départs d'éléments phare (Romaric, Sességnon, Basa), 2008-2009 devait être une année de transition. Même après dix rencontres, alors que nous étions sur le podium, je continuais à modérer votre enthousiasme ! On s'en est sorti, certes dans la douleur, mais à ce que sache, nous repartons pour une 6e saison en Ligue 1. Maintenant, malgré les départs de Pelé et Gervinho, j’ai confiance en ce groupe qui a un vécu d'une saison en Ligué 1 et qui bénéficie d'un peu de neuf.
NOUVELLES MÉTHODES
Vous pensez en priorité au nouvel entraîneur Paulo Duarte.
Je voulais un changement radical après Frédéric Hantz (2004-2007), Rudi Garcia (2007-2008), et les trois entraineurs de la saison dernière. Je me suis dit qu’il fallait tout changer, avec quelqu’un qui viendrait avec de nouvelles méthodes et une nouvelle organisation. Je ne sais pas s’il fera du Mourinho, mais lui et moi nous avons la même philosophie : rigueur, discipline, organisation. On a beaucoup de jeunes au Mans, et je souhaite qu'il fasse la même chose qu'avec Leiria ou le Burkina Faso. Avec la même passion et la même volonté de réussir.
Après une décevante saison, on pouvait penser que vous feriez un geste envers les supporters recrutant assez rapidement plusieurs garçons de valeur.
Ce club à une philosophie à laquelle nous ne dérogerons jamais. Les jeunes talents que nous découvrons puis aguerrissons doivent avoir une chance d'intégrer le monde professionnel. Si nous recrutons un joueur confirmé à chaque départ, que deviendront-ils ? Ils ne se laisseront plus séduire par notre projet et l'avenir du MUC 72 sera mis en péril. La réalité de ces 18 derniers mois, c'est que nous avons fait signer 18 joueurs. Si cela n'est pas suffisant...
BUDGET À LA BAISSE
Quel sera votre budget pour cette présente saison ?
36-37 M€ au lieu de 43-44 M€ l’an passé. Nous sommes des gens prudents. Nous savons que sponsoring et billeterie nous amènent 25 M€. La différence, il faut aller la chercher sous différentes formes dont la vente de joueurs.
Souffrez-vous de la crise économique ?
Nous avons toujours été fidèles à nos partenaires locaux. LDC et Loué sont d’ailleurs les plus vieux partenaires maillots en France. Cette diversification (360 partenaires) nous permet d'amortir au mieux cette crise. Nous ne serons pas sur les chiffres de l'an passé, mais la saison est longue.
Avec le MMArena, vous pensez ,réellement bénéficier de nouvelles rentrées d'argent ?
Ce que nous voulons en priorité et l'équipe marketing y travaille depuis 2 ans, c'est que le MMArena soit le stade le mieux animé de l'Hexagone. Pour attirer les gens dans cette superbe structure, il nous faut innover, trouver plein d'idées. Le reste en découlera.
PROJET FINANCIER
Après une intéressante moisson financière à l'intersaison 2008¬-2009, on a du mal à comprendre qu'il faille attendre la vente de Gervinho (8 M€) pour pouvoir recruter (Andrade).
C'est la dernière fois que j'aborde ce sujet, déjà évoqué cet hiver. L’an passé nous avons vendu (Sessegnon, Romaric, Basa, Samassa, Douillard, Garcia) pour 22,8 M€. 6,6 M€ ont été dépensés pour les prolongations, de contrat de Gervinho, Maïga, Paulo André, Bouhours et Baal). 3 M€ ont été reversés aux clubs de Sessegnon (Créteil) et Romaric (Bevéren) au titre de la formation ; et 13,2 ont été consacrés aux achats de joueurs et aux primes à la signature (Thomas, Le Tallec, Helstad, Stromstad, Lamah, Estigarribla, Makaridze, Goulon, Esseme et Ntwelle). Où est le problème. Ajoutons à cela une 16e place qui nous a ramené des revenus fixes (droits TV) inférieurs (4 M€) à la saison passée et vous comprenez que notre futur budget n'aura pas la même tenue. Il faut donc cesser de penser que nous pouvons acheter n'importe qui. Il n'est pas possible d'avoir un grand club sans un véritable projet financier.
Pourtant vous allez tout mettre en œuvre pour conserver Mathieu Coutadeur.
Tout comme Sébastien Corchia qui vient de s'illustrer avec l'équipe de France des -19 ans, je prendrai mon temps (5 mois) maïs je pense que nous arriverons à un accord avec Mathieu.
Quelles ambitions pour votre club cette saison ?
Le rêve du président est de voir son équipe ramener un premier trophée du stade de France. Voir 30 000 supporters sarthois à Paris, cela doit être fantastique. Sinon, il y a bien évidemment l'obtention du maintien sans trop de sueurs froides. C'est pour cette raison, que je suis allé chercher Paulo Duarte. Il sait galvaniser les hommes. Il a montré qu'il pouvait réaliser des grandes choses avec des petites choses.
Pourtant, il ne cesse de réclamer un peu plus de moyens humains
Que l'entraîneur réclame, cela ne me choque pas. Le patron c'est moi. Déjà à leur époque, Frédéric Hantz et Rudi Garcia souhaitaient des renforts, Peu de clubs demeurent en L1 si la recherche de l'équilibre financier n'est pas prioritaire. Depuis cinq ans, nous avons déjà beaucoup progressé (centre de formation, centre administratif, internat, etc.). Dans les neuf ans à venir, je veux que nous soyons dans les 50 meilleurs clubs d'Europe. En tant que chef d'entreprise, je pense avoir acquis une certaine expérience. Je l'applique de la même façon à ce club. De la rigueur, de l'ambition mais sans trop de passion sinon on perd la raison.
Paulo Duarte
Auprès de qui avez-vous façonné votre style ?
Paulo Duarte: Chaque entraîneur, qu'il soit bon ou pas, vous apporte quelque chose. Après, vous faites une synthèse. Ce que je retiens, c'est que j'ai presque tout ap-pris lors de Mes quatre dernières années (sur 17) de professionnalisme. Avec José Mourinho (6 mois à Leiria), j'ai surtout progressé au niveau de l'organisation, de la planification, de la dynamique et de la densité de l'entraînement Avec Jorge Jesus, le coach du Benfica Lisbonne, j'ai découvert l'aspect tactique. C'est l'un des meilleurs au monde dans ce domaine. Quant à Manuel José, le sélectionneur de l'Angola, il m'a inculqué la discipline au sein d'un groupe.
Quels types de relations entretenez-vous,avec les joueurs ?
Je suis l'ami des joueurs mais sur le terrain je n'ai pas d'amis. II n'y a pas un joueur qui me manque de respect. Je fixe la ligne de conduite et je décide. Je travaille beaucoup individuellement et collectivement-pour leur donner le meilleur positionnement parce qu'il ne suffit pas de savoir courir ou frapper au but. Ils ont besoin d'une méthode, de discipline mais également de compréhension, pour adhérer à mon système, sachant que mon succès dépend d'eux autant que le leur dépend de moi.
Statistiques, vidéo, approche scientifique, vous appuyez-vous sur tout cela ?
Beaucoup sur la vidéo. Je regarde une douzaine de fois les matches de l'équipe adverse. Cela me permet de « fixer » , la tran¬sition attaque-défense et défense-attaque ainsi que les coups de pied arrêtés. Il ressort de ces interprétations, notre future stratégie. Quant aux statistiques, je n'en conserve que 3 ou 4.
Christian CHÉRON
Le Maine Libre