Pour continuer sur le championnat biélorusse, je suis tombé sur cette interview "j'ai raté ma vie j'habite dans la dernière dictature communiste européenne" d'un joueur français.
Citation
Montaroup: «Ma vie en Biélorussie»
Formé au Stade Rennais avec Yoann Gourcuff, Aurélien Montaroup joue depuis cette saison au Dynamo Minsk. Le défenseur de 23 ans est le premier Français à évoluer dans le championnat bélarus. Rencontre avec un pionnier. (Photo Presse-Sports)
«Aurélien, pourquoi être parti en Biélorussie ?
En novembre 2008, mon agent me propose de faire un essai au Dynamo Minsk. La coach, Slavo Müslin, cherchait un latéral gauche. Au bout de trois jours, il lance : «Le petit, il faut le faire signer !» En France, je n'avais pas de proposition. Il était temps de passer à autre chose. Le bon parcours du Bate Borissov en C1 a fini de me convaincre (qualifiée en phase de poule 2008-2009 après trois tours préliminaires, ndlr).
Pour votre première expérience à l'étranger, vous faites fort !
C'est sûr... Le changement avec la France est radical. Froid glacial en hiver, neige, nouvelle langue et nouvelle écriture (alphabet cyrillique). Dans mon équipe, il y a dix-huit Biélorusses,deux Ukrainiens (le pays frontalier), un Serbe et un Brésilien. Il a bien fallu que je m'adapte ! J'ai été très bien accueilli. J'ai un traducteur à disposition et je me suis muni de dictionnaires avant de partir. La responsable du suivi physique parle couramment français. Ça m'aide.
Que vaut réellement ce Championnat ?
Ça joue très physique. La plupart des équipes ont le niveau L2. Seul Bate Borissov a le niveau L1. Ils sont leaders, nous sommes deuxièmes. La saison débute en avril et finit en novembre. Avec 22 matches joués sur 22, je suis le joueur le plus utilisé. En juillet, on a participé à l'Europa League avec 2 matches allers-retours: Renova (Macédoine) et Tromse (Norvège). On est éliminés, mais on reste le club le plus populaire. C'est un peu comme Paris ou Marseille en France.
Au quotidien, comment cela se passe ?
Le club nous a installés, ma fiancée et moi, dans un appartement neuf et meublé de 80 m2, dans un quartier résidentiel de Minsk, où beaucoup de joueurs habitent. J'ai été surpris par les avenues, immenses. On m'a expliqué que c'était pour que les chars puissent passer. La vie est très peu chère par rapport à la France (4000 roubles biélorusses = 1 euro). Je touche une partie de mon salaire en roubles pour la vie ici et le reste en dollars, parfois en euros. Je récupère la paye en liquide tous les 15 du mois auprès du directeur sportif.
Les infrastructures sont-elles de qualité ?
Oui. On s'entraîne en pleine forêt à dix minutes de Minsk. On a des chambres individuelles avec TV, salle d'eau... Les grands sportifs biélorusses se préparent au même endroit . J'ai aussi rencontré les frères Guénot (champions olympiques de lutte). Ils viennent régulièrement se préparer ici.
Vous faites partie de la génération 1985 du Stade Rennais. Restez-vous en contact ?
Avec le temps, de moins en moins. Quand je rentre chez moi à Rennes, je croise quelques anciens coéquipiers comme Sylvain Marveaux, Moussa Sow, Romain Danzé. Sinon, je suis rès content de voir Yoann (Gourcuff) ou Jimmy (Briand) en équipe de France.
Les crêpes bretonnes ne vous manquent pas ?
Un peu, d'autant que je suis un Breton pure souche ! Ici, la spécialité, c'est le Borsch (soupe de betterave), les dranikis (galettes de pommes de terres et oignons) et surtout les différentes sortes de pains. Bien sûr, les Biélorusses aiment la vodka et la bière...
Comment voyez-vous votre avenir proche ?
J'ai signé deux ans (avec une année en option). Je veux continuer à progresser ici pour montrer que l'on s'intéresse à moi. La France me manque et j'ai toujours l'envie d'y revenir, montrer ce que je vaux. Et bien... Je lance un appel (rires) ! Mon père m'a souvent répété que le travail finit toujours par payer. Je crois en ses mots.»
Recueilli par Emilie Pilet