Les
chroniques tactiques sur Psg-Bordeaux :
Citation
Fin mars 2012, les Girondins étaient allés chercher un point au Parc des Princes grâce à un schéma de jeu en 3-5-2 qui avait posé beaucoup de problèmes aux Parisiens. Dimanche, ils ont réussi le même coup face à un PSG aussi peu inspiré que la saison dernière. Pourtant, Francis Gillot avait composé son équipe en se passant de quelques cadres, pensant au match de Ligue Europa à venir. Une rotation de l’effectif qui n’a pas empêché les Bordelais de rester invaincus cette saison.
Les compositions :
Paris SG : Sirigu (30) – Jallet (26), Alex (13), Sakho (3), Maxwell (17) – Rabiot (25), Thiago Motta (28), Matuidi (14) – Pastore (27), Nene (10) – Ibrahimovic (18).
Bordeaux : Carrasso (16) – Henrique (3), Sané (6), Ciani (2) – Mariano (25), Nguemo (7), Saivet (20), Obraniak (4), Marange (23) – Jussiê (10), Diabaté (14).
Sur la bataille dans l’entrejeu :
Les premières secondes de la partie ont permis de découvrir la mise en place défensive des Girondins dans l’entrejeu. Bien décidés à ne pas reculer, les Bordelais ont fait face, les milieux de terrain franchissant la ligne médiane pour prendre les trois milieux parisiens. Sur les côtés, les deux latéraux (Mariano et Marange) montaient eux aussi pour mettre la pression sur leurs homologues parisiens (Maxwell et Jallet). Au fil des minutes, l’organisation bordelaise s’est faite de plus en plus claire : au coeur du jeu, un losange s’est formé avec un axe Jussiê-Nguemo sur la hauteur et un autre Obraniak-Saivet sur la largeur. Lorsque les milieux parisiens faisaient circuler le ballon dans leur camp, Jussiê, Obraniak et Saivet suivaient leurs déplacements (vs Thiago Motta, Rabiot et Matuidi, voir ci-dessous à gauche). Quand Paris pénétrait dans les camp bordelais, Obraniak et Saivet se repliaient selon les incursions de leurs adversaires directs tandis que Nguemo se retrouvait naturellement dans la zone de Pastore (voir ci-dessous à droite).
Si ce système a empêché les milieux parisiens de jouer directement vers Pastore ou Ibrahimovic, toujours esseulé face à deux ou trois défenseurs, il leur a aussi permis de s’installer dans le camp adverse en mettant à contribution leurs latéraux. Remontant le ballon sur un côté (relation défense centrale-Jallet par exemple), les locaux renversaient ensuite le jeu sur l’autre aile en passant par leurs milieux de terrain (Jallet -> Rabiot -> Matuidi -> Maxwell). Côté droit, Nene offrait aussi des solutions à Jallet et Rabiot pour mettre la pression sur Marange. Mis sur le reculoir, les Girondins se repliaient autour de leur axe défensif, ne laissant que Jussiê et Diabaté aux avants-postes. Pris par le Brésilien lorsqu’il devait remonter les ballons, Thiago Motta s’est souvent retrouvé libre de tout marquage alors qu’il s’avançait dans les 40 mètres girondins. Jussiê ne se repliait pas et le PSG récupérait ainsi un joueur supplémentaire pour lancer les mouvements offensifs (voir ci-dessus à droite).
Plusieurs ont d’ailleurs été lancés et ont trouvé des relais au coeur du bloc bordelais. Pastore, Ibrahimovic et Nene y sont tour à tour allés de leurs remises en une touche de balle afin de lancer leurs partenaires face à la défense bordelaise. Malheureusement pour eux, celle-ci veillait et les courses vers le but de Carrasso manquaient. L’absence de Lavezzi, Ménez, voire de Gameiro peut-être… Même constat dans les couloirs : si elles étaient très utilisés pour remonter les ballons, les Parisiens n’ont que très peu insisté sur les ailes. A gauche, Maxwell ne s’est jamais retrouvé en position de débordement. A droite, les montées de Jallet n’ont pas été très nombreuses, le latéral restant le plus souvent à l’origine des mouvements plutôt qu’à la finition. Rabiot et Matuidi ont bien tenté leurs chances, mais leurs adversaires directs ne lâchaient jamais le marquage lorsqu’ils plongeaient dans le couloir pour créer le décalage. Souvent excentré côté droit, Nene cherchait plus à rentrer vers l’intérieur en attendant que Rabiot ou Jallet dédoublent, tandis que Pastore n’a que très rarement quitté l’axe.
Bordeaux s’économise et tient le choc :
Comme la saison dernière, les Bordelais ont mis à contribution leurs latéraux sur leurs phases avec le ballon. A la relance, deux solutions s’offraient à eux : Jussiê au sol et Diabaté en appui dans les airs. Le Brésilien peinant à trouver le rythme, les Girondins ont insisté sur leur attaquant de pointe qui a réalisé un match impressionnant dans l’engagement, face à la paire Alex/Sakho. Dans le pire des cas, sa perte de balle n’était pas dangereuse puisque le bloc bordelais n’était pas remonté. Dans le meilleur des cas, il obtenait un coup-franc ou conservait le ballon assez longtemps pour trouver une solution venue à sa hauteur (Jussiê, Saivet ou Obraniak). A partir du moment où cette connexion se faisait, Bordeaux cherchait automatiquement ses latéraux afin de se défaire du pressing parisien dans l’axe. A plusieurs reprises, Marange et Mariano ont ainsi récupéré des ballons à hauteur de la ligne médiane et ont pu progresser dans le camp adverse sans opposition. Une fois le bloc bordelais remonté, l’objectif était de terminer le mouvement quoiqu’il arrive afin d’éviter un contre du PSG. Et pour cause, sur l’un des rares ballons perdus bêtement par les Girondins (Marange et Obraniak éliminés dès la perte de balle), Pastore a poussé Carrasso à sortir la claquette.
Le début du second acte a confirmé les bonnes dispositions bordelaises. Les Girondins ont multiplié les phases de conservation du ballon dans l’entrejeu et ont même réussi quelques mouvements qui ont inquiété la défense parisienne. Obraniak et Saivet accompagnaient plus les offensives et Diabaté montait lui aussi en régime. Ce petit temps fort des Girondins leur a permis de conserver la fraîcheur nécessaire pour tenir le choc en fin de partie, alors que Francis Gillot craignait « 20 dernières minutes difficiles » au retour des vestiaires. Sans rien changer à son système de jeu, il a sorti Obraniak, Saivet et Jussiê au profit de Sertic, Plasil et Maurice-Belay afin de résister dans le final. Plus mobile que Jussiê, Maurice-Belay s’est signalé par quelques raids intéressants. Côté parisien, Ménez a apporté plus de percussion bien qu’il démarrait lui aussi de l’axe (à hauteur des milieux relanceurs, voir ci-dessous). Ses accélérations ont gêné la défense bordelaise qui a néanmoins su s’en sortir à chaque fois, de justesse parfois. Verratti s’est aussi signalé par quelques bons ballons donnés dans la course de ses attaquants. Mais le score est resté figé.
Conclusion :
Bordeaux continue sur sa lancée ; le PSG n’est toujours pas prêt. S’il n’y a pas grand chose de nouveau sous le beau soleil girondin, si ce n’est que Gillot semble pouvoir compter sur un groupe au point tactiquement et des joueurs interchangeables sans perte de qualité (ou presque), Carlo Ancelotti a encore beaucoup de travail. Sur ce troisième match de la saison, l’apport des latéraux était indispensable pour que Paris espère quelque chose d’autre qu’un exploit individuel. En ne pesant pas sur la dernière passe, Jallet et Maxwell ont condamné les Parisiens à s’entêter dans l’axe et buter sur la défense à trois bordelaise. Au coeur du jeu, Thiago Motta a aussi disparu en deuxième mi-temps, lui qui aurait pu avoir un rôle-clé (cf. 1ère partie de l’analyse). Dans ce registre, Verratti a peut-être été lancé un peu tard… Au final, le PSG a encore besoin de temps, ne serait-ce que pour voir l’effectif à une niveau homogène sur le plan physique. Car cet aspect explique peut-être le manque de mordant de certains (latéraux) et l’économie d’autres (Thiago Motta, Verratti…). Prochain point dans une semaine à Lille.
http://www.chroniquestactiques.fr/psg-0-0-...alyse-tactique/