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BeIN Sports, stratégie en plusieurs actes
Pour la diffusion du Top 14, BeIN Sports repassera. L'appel d'offres en bonne et due forme, n'a pas eu lieu. Canal+ a en effet activé son réseau, jusqu'à obtenir gain de cause : elle diffusera de nouveau le rugby l'an prochain. L'affaire a été tranchée en coulisses. Un revers qui exhorte BeIN Sports à la patience, et ça tombe plutôt bien, la chaîne en a à revendre. Offensive, sa stratégie n'en est pas moins finement ciselée. Méticuleuse.
A peine sortie de l'oeuf, le réseau de télévision à péage, né en 2012, a fait main basse sur bon nombre de droits de diffusion. On savait une partie des droits de la Ligue 1 dans son escarcelle, ou encore de ceux de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa pour la période 2012-2015, on savait qu'elle avait obtenu ceux des Euro 2012 et 2016, on était en revanche pas forcément au courant qu'elle s'impliquait aussi dans d'autres sports que le football.
BeIN Sports a ainsi raflé des tournois de tennis d'envergure, comme celui de Wimbledon, le Master de Londres ou encore la quasi totalité des Masters 1 000 sur la période 2014-2018. Rugby, Handball et Basketball (NBA) sont aussi à son tableau de chasse. Rien n'empêchait la chaîne qatarie de continuer sur sa lancée, si ce n'est sa concurrente directe, Canal+, pas enchantée à l'idée de devoir partager.
Ni une ni deux, la chaîne cryptée a donc porté plainte contre BeIN pour concurrence déloyale en juillet 2013, arguant que la chaîne qatarie pouvait s'appuyer sur une manne financière inépuisable, et donc dépenser sans compter, et surtout sans souci de rentabilité. Montant réclamé : 300 millions d'euros. Canal est assez coutumière du fait, puisqu'elle avait déjà porté ce genre d'attaque contre TPS et Orange par le passé, mais qu'importe. Admettons. A première vue, l'argument peur sembler recevable.
Challenges s'est amusé à calculer, au doigt mouillé, les revenus que devrait toucher BeIN cette année. En partant du principe que la chaîne s'appuyait sur un socle de 1,5 million d'abonnés, le magazine a estimé qu'elle génèrerait 150 millions d'euros en 2014. Un chiffre certainement inférieur à la réalité, puisqu'en mars BeIN revendique déjà 1,8 million d'abonnés, et que ce chiffre devrait aller crescendo au cours de l'année. Quoiqu'il en soit, Challenge estime à 400 millions d'euros les dépenses de la chaîne pour la même année, et il paraît donc inenvisageable qu'elle rentre dans ses frais.
Si BeIN ne sera pas rentable en 2014, et ne l'est d'ailleurs pas depuis sa création, doit-on pour autant lui imposer des seuils de rentabilité d'emblée, sans même lui donner une chance de faire son trou ? Depuis la mise en orbite de la chaîne, les chiffres se situent au-dessus des prévisions. Le taux de désengagement, en dessous de 1 %, est dérisoire. La stratégie de BeIN est une stratégie au long cours, il apparaît donc un peu abusif de la juger sur le court terme.
La guerre que livre Canal+ à la chaîne qatarie n'est pas celle d'une entreprise artisanale contre un Goliath en puissance biberonné aux pétrodollars. C'est celle d'une multinationale sur le déclin, perdant des abonnés à grande vitesse pour cause d'abonnement trop cher (près de 40 euros par mois), pour conserver sa position monopolistique. On se souvient ainsi de l'épisode TPS, en 2005, durant lequel Canal+ avait déboursé des sommes astronomiques pour obtenir les droits de la Ligue 1, flinguant le bouquet satellite. Un peu de mauvaise guerre, ensuite, de venir donner des leçons de fairplay...
Réseautage en sous-main, plainte portée devant les tribunaux, Canal+ semble tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de BeIN. Ça marche en partie. La filiale d'Al-Jazeera est passée à côté du Top 14. Mais elle n'était pas sans savoir, en arrivant en France, qu'elle aurait à composer avec des obstacles entravant son ascension. "Nous sommes ici pour le long terme", annonce Yousef Al-Obaidly, directeur général de la chaîne. Une façon de dire que BeIN a su s'armer de patience, intégrer dès sa naissance cette qualité à son ADN.
Mais être patient ne veut pas dire subir le supplice de Tantale, se refusant à cueillir jusqu'à la fin des temps ce qu'on a à portée de main. BeIN place ses pions au fur et à mesure, poursuit son cheminement en terrain miné, agrémentant en permanence sa grille de nouveaux programmes, mettant sur pied des émissions originales où des animateurs sympas, des consultants au top et des invités de choix évoluent dans des décors flambant neufs. Cet enrichissement constant de son offre n'a qu'un but : montrer aux téléspectateurs que des alternatives valables et à prix raisonnable sont possibles. On aurait tort de s'en priver.
Adrian Phillips
Ajouté après 6 minutes 21 secondes:
LFP - Droits du foot : La bataille entre Canal+ et beIN Sports est lancée
Depuis une trentaine d’années, Canal +, qui ne diffusera pas un match de Coupe du monde cette année, a le quasi-monopole de diffusion sur les matches de Ligue 1. Mais bientôt, des concurrents pourraient entrainer sur le marché et mettre fin au long règne sans partage de la chaîne cryptée.
BeIN Sports, un concurrent de taille pour Canal+
Le 4 avril prochain, Canal + saura pour la période de 2016 à 2020, si elle peut encore diffuser tout ou une partie seulement des matches de Ligue 1. En effet, la Ligue de football professionnel (LFP) attribuera les droits audiovisuels de Ligue 1 et Ligue 2 ce vendredi.
Canal + pourrait donc voir une partie de ces droits lui échapper au profit de l’autre grande chaîne du sport, beIN Sports.
L’appel d’offres anticipé de la LFP
Alors que le lancement d’un appel d’offres était prévu pour 2015, le président de la LFP, Frédéric Thiriez l’a fait de manière inattendue le 6 mars dernier. Jugeant le contexte sportif « optimal » grâce à des clubs « locomotives » en référence au PSG et à l’AS Monaco, qui tirent vers le haut le championnat français, Thiriez a souhaité de ce fait donner « plus de visibilité financière » au football.
Suite à cet appel anticipé, Canal + a demandé sa suspension devant la justice. Malheureusement, la chaîne partenaire n’a pas obtenu réponse favorable de la part du tribunal de Grande instance de Paris. Résultat, Canal + devra se battre vendredi pour ne pas laisser beIN reprendre totalement le flambeau. Les deux chaines doivent proposer des offres qualitatives mercredi à la LFP qui concerneront l’habillage des émissions ainsi que les budgets de production.
La répartition des matches en 3 lots
Dans un premier temps, la LFP attribuera deux grands matches par journée de championnat. Puis, elle attribuera un grand match de championnat en plus des 10 plus belles affiches de la saison. Enfin, il restera les 7 autres matches de la journée.
Le but de la LFP est de faire jouer la concurrence entre les chaînes pour augmenter le prix des droits. Actuellement, le football en France rapporte 607 millions d’euros, alors qu’en Angleterre il rapporte 1,7 milliards, en Italie 960 millions et en Espagne 750 millions.
BeIN Sports gagne du terrain
En début mars, la chaîne qatarie avait réussi à s’emparer des droits de diffusion de l’intégralité des matches de la Coupe du monde au Brésil en juin prochain. De plus, il semblerait que des clubs seraient plus favorables à une diffusion des matches par beIN plutôt que par Canal+ jugé trop virulent dans ces critiques à l’égard du football.
"Cet appel d'offres est un moment de vérité. On va voir si beIN Sports accepte un partage avec Canal + ou cherche un monopole et veut tuer Canal+", a déclaré un membre de Canal + qui craint de voir certains de ses abonnés partir chez beIN.
L’ancienne stratégie de Canal + ne peut plus fonctionner
Depuis sa création en 1984, Canal + a été la seule et première chaîne a diffusé des matches de Ligue 1. Seuls les matches de l’équipe de France étaient diffusés sur TF1. En mettant en place Le match du dimanche, Canal + commence à prendre son envol et voit le nombre d’abonnés croitre de manière exponentielle.
La chaîne cryptée n’a d’ailleurs pas laissé TPS le concurrencé longtemps. Arrivé sur le marché en 1996, TPS a été racheté par Canal en 2004 après que cette dernière ait déboursé pas moins de 650 millions d’euros, somme colossale à l’époque, pour racheter tous les droits de diffusion de la Ligue 1. Mais avec la manne financière dont le Qatar dispose, racheter tous les droits sera difficile pour Canal +.
Sources: economiematin.fr et challenges.fr