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« Pour “Ibra”, on avance… »
LEONARDO a passé la journée d’hier à négocier, à Paris, avec les représentants de Zlatan Ibrahimovic, qui a donné son accord de principe. Les discussions reprendront aujourd’hui.
IL SE PASSE DÉCIDÉMENT quelque chose de spécial autour du PSG. À tel point que des journalistes suédois ont débarqué, hier après-midi, à Stergersbach, dans le sud-est de l’Autriche, pour commencer à décrypter ce qui pourrait bien devenir, d’ici peu, le nouvel environnement quotidien de Zlatan Ibrahimovic, encore sous contrat à l’AC Milan jusqu’en 2014.
Dans un sourire qui ne trompe personne, Carlo Ancelotti a répondu, à l’issue de l’entraînement, qu’il n’était « au courant de rien » au sujet des transferts. Et son départ précipité, la veille, juste après le coup de sifflet final du 9-0 infligé au SV Stegersbach (D 3 autrichienne) ? « Je suis rentré en Italie pour célébrer le diplôme de mon fils. »
L’entraîneur italien n’a donc pas passé la nuit de mercredi à jeudi dans la région de Stockholm, où avait lieu, au domicile de l’attaquant suédois, une réunion capitale entre le joueur et ses représentants, l’agent Mino Raiola et l’avocat Vittorio Rigo. Hier, en début d’après-midi, les deux hommes ont quitté la capitale suédoise pour se rendre à Paris et entamer un rendez-vous de plusieurs heures avec Leonardo, le directeur sportif qui tente de boucler l’un des plus grands coups de l’histoire des transferts : faire venir, non seulement « Ibra », mais aussi Thiago Silva (sous contrat à l’AC Milan jusqu’en 2017) dans une opération globale qui rapporterait près de 65 M€ au club italien, dont 45 M€ pour le seul défenseur central brésilien.
Il ne signera pas pour moins de 12 millions d’euros par an
À 14 h 45, hier, le PSG a laissé fuiter une information majeure : l’accord de principe de « Zlatan » pour venir à Paris. Oui, le club de Qatar Sports Investments a convaincu le buteur de rejoindre la capitale, comme il l’avait déjà fait pour Thiago Silva, mi-juin, avant que le Milan ne fasse capoter l’affaire. « La question n’est plus de savoir quel est le choix du joueur, mais de se mettre d’accord sur les questions contractuelles », insiste-t-on à Paris.
Une question centrale, en effet : à Milan, le joueur gagne 12 M€ nets d’impôts par an. Inconcevable qu’il signe au PSG pour un tarif inférieur. Sans doute extrêmement complexe à échafauder, le montage financier permettant le recrutement de la star suédoise n’avait pas débouché sur un accord hier soir. Les discussions vont reprendre aujourd’hui. « Il est difficile d’anticiper exactement sur l’issue du dossier, expliquait, hier soir, Leonardo. On discute. Tout sera O.K. quand tout sera O.K. Mais on avance… »
Il ne reste donc qu’une étape, mais pas la moindre, avant la finalisation de ce monstrueux dossier. Mercredi soir, il manquait, avant tout, un « oui » d’Ibrahimovic. Ce feu vert a été donné et il s’agit désormais pour le PSG de trouver un accord pour la venue d’un joueur qui serait le crack attendu par tout Paris depuis la reprise du club par QSI, en juin 2011. Pour le reste, l’AC Milan prépare déjà la succession de l’attaquant, mais aussi celle de Thiago Silva, dont le beau contrat de cinq ans – à 9 M€ nets d’impôts par an – reste posé sur un bureau du Parc des Princes depuis un mois.
Hier, après l’entraînement, Maxwell, qui partage le même agent qu’Ibrahimovic, a refusé de livrer son sentiment sur un joueur qu’il a côtoyé à l’Inter Milan et au FC Barcelone. « Je ne pense rien », a simplement soufflé le latéral gauche brésilien.
Paul Clement, l’adjoint anglais d’Ancelotti, en a dit un peu plus : « L’arrivée d’un joueur comme Ibrahimovic aiderait notre club à passer dans une autre dimension. Pourquoi viendrait-il chez nous ? Parce que le PSG est un club, très, très ambitieux… » Leonardo, lui, répète souvent que Paris est un club resté trop longtemps endormi. « Il faut lui donner du feu, de la passion, à ce PSG », dit le directeur sportif. L’arrivée de Thiago Silva en juin aurait déjà fait rayonner le club de la capitale. S’il faut y ajouter celle de Zlatan Ibrahimovic, la L 1 n’a pas fini de s’affoler devant son club le plus puissant.
JÉRÔME TOUBOUL
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À Rio, Thiago Silva ne sourit pas
MERCREDI, DANS UN COULOIR de l’hôtel Sheraton, à Rio de Janeiro, Thiago Silva traîne les pieds. Le défenseur de l’AC Milan, en stage avec l’équipe brésilienne retenue pour les Jeux Olympiques (26 juillet - 11 août), semble préoccupé. Un journaliste vient de lui tendre l’édition du jour de la Gazzetta dello Sport. Les deux premières pages traitent de son éventuel transfert, et de celui de Zlatan Ibrahimovic, vers le PSG. Il parcourt le journal, le visage tendu. Compte tenu du contexte, il refuse de nous parler. La veille, notre demande d’interview était également restée sans suite. « Les négociations viennent de reprendre avec le PSG, Thiago pense que ce n’est pas le bon moment pour s’exprimer », avait justifié l’attachée de presse de la Seleçao. Dans la salle de gym de l’hôtel et sur la pelouse du centre militaire, où l’équipe se prépare, le joueur travaille avec sérieux. « Mais il n’a pas la pêche, il ne sourit pas et ce n’est pas son genre », remarque un habitué de la Seleçao.
Le défenseur pensait son cas réglé depuis qu’il avait prolongé d’un an son contrat avec l’AC Milan, soit jusqu’en 2017, le 2 juillet. Vendredi dernier, lors d’une conférence de presse organisée à Rio par un de ses sponsors, il avait martelé sa fierté de rester en Italie, malgré le pressing du PSG et malgré l’accord qu’il avait lui-même donné au club parisien. « Il y a eu beaucoup de discussions entre les deux clubs, auxquelles je n’ai pas voulu participer. À la fin, heureusement, j’ai reçu un coup de fil de Galliani (vice-président de l’AC Milan), qui m’a dit que je restais à Milan. Je veux écrire l’histoire de ce club comme Maldini ou Baresi ont pu le faire. Ma famille voulait rester à Milan aussi. (...) Oui, j’ai parlé à Leonardo. Il me disait que le PSG voulait devenir le meilleur club d’Europe. » À l’époque, le directeur sportif semblait même l’avoir convaincu...
ÉRIC FROSIO