LABEL BRAGAJosé-Karl Bové Marx - vendredi 13 mars 2009
PSG-Braga, 0-0 – Hésitants en première période, déterminés en seconde, les Parisiens devront cravacher au retour pour se qualifier. Enfin, un peu.
Avant le match, Paul Le Guen avait annoncé que le turnover – jusqu’ici quasi systématique en coupe de l’UEFA – avait vécu, et qu’à présent le PSG allait jouer cette compétition à fond: mais cette résolution reste à vérifier. Jeudi soir, Makelele et Sessegnon, souvent préservés lors des matches européens précédents, étaient ainsi titulaires, mais leur présence sur le banc n’aurait eu aucun sens étant donné leurs suspensions en championnat. Normalement, quand ces deux-là sont sur le terrain, Clément Chantôme n’y est pas. Cette fois, pourtant, le blême milieu était bien titulaire, remplaçant numériquement… Guillaume Hoarau. Enfin, l’invincible Edel Apoula se voyait offrir une nouvelle chance de montrer qu’il méritait la sélection du Cameroun au moins autant que celle de l’Arménie (1).
Meneur à l'ancienneUn seul hêtre vous manque, et tout est peuplier, comme disait Philippe Bouvard. L’hêtre en question, c’est bien sûr Hoarau, dont les Parisiens conditionnés cherchèrent longtemps la cime par de longs ballons sautant le milieu. Sauf que cette fois, Hoarau pliant son 1m93 sur le banc, c’est Luyindula et Chantôme qui se trouvaient à la retombée. Les récupérations portugaises étaient donc systématiques et, par la grâce d’un jeu au sol technique et rapide orienté par le meneur à l’ancienne Luis Aguiar, les Braguistes contrôlaient sans souci — d’autant plus que Renteria se rappelait au bon souvenir des défenseurs français, et spécialement d’un Camara souvent en difficulté. À la 27e minute, il fallut une sortie parfaite d’Apoula dans les pieds de l’ex-Strasbourgeois, parfaitement lancé par Aguiar, pour éviter à un PSG amorphe une gifle qui aurait pu le réveiller.
Trois fois RothenCelle-ci survint probablement pendant la pause. C’est un Paris deux fois plus agressif qui revint des vestiaires pour s’installer d’entrée de jeu vingt mètres plus près du but d’Eduardo. Et tout de suite, le bel édifice de Braga s’effrita. Chantôme comprenant enfin qu’on lui demandait d’assister Luyindula tout là-bas devant et non pas Clément et Makelele, Sessegnon prenant plus volontiers son couloir droit, Paris repoussa Braga bien bas. Et l'on vit Rothen par trois fois: sur un corner repris de la tête par Chantôme, qui permit à Eduardo d’effectuer une claquette estampillée "Buffon en finale de la Coupe du monde 2006"; sur une frappe croisée dans la surface qui rebondit trois fois par terre et une fois sur le poteau; et enfin sur un contre favorable qui le vit frapper puissamment du droit pour un arrêt net d’Eduardo.
Le baiser de Kezman
Avec les entrées d’Hoarau et Giuly pour Luyindula et Makelele, Paris poussa encore plus, mais Braga montra alors une autre facette de son talent: la meilleure défense du championnat portugais tint parfaitement le coup en ficelant Hoarau avec justesse.
La plus grosse montée de tension de la soirée se produisit à la 69e avec l’entrée de jeu de Kezman (pour Chantôme). Hué, le Serbe leva les bras en guise d’excuse et embrassa son maillot. Des larmes d’homme perlèrent alors sur les visages sévères des fiers supporters parisiens. Dix minutes plus tard, le repenti aurait même pu faire rugir le Parc de contentement, mais sa reprise en pivot, consécutive à une nouvelle sessegnonerie, n’était pas cadrée. Ensuite, Braga ferma tout à double tour. Au final, un 0-0 ni inoubliable ni désagréable, et notre boule de cristal voit clairement un 1-1 tranquille au retour, dans ce stade de dingue coincé entre deux rochers.
Le joueur à suivreClément Chantôme. Un banc de touche à lui tout seul. Le Boris Diaw du PSG, capable de jouer à pratiquement tous les postes malgré un gabarit de ramasseur de balles. S’il a eu du mal se positionner en première mi-temps, il a tout de même bien éclairé le jeu des siens quand il a été servi. S’il se met dans l’état d’esprit correspondant, il pourrait bien faire au PSG toute une carrière de super-sub…
Le joueur à ne pas suivreStéphane Sessegnon. Aucun besoin de le suivre, il se voit à mille bornes avec son armure scintillante et les mille projecteurs braqués sur lui.
Les observations•
Sachant que trois jours avant le match aller OM-PSG (2-4), Paris avait perdu 1-3 en coupe de l’UEFA, estimez le score du PSG-OM de ce dimanche.
• Si les joueurs de Braga n’avaient pas encore eu le privilège d’affronter Claude Makelele, ils ont enfin découvert sa spéciale: le taquet vicieux suivi d’un grand sourire et d’une poignée de main.
• Sammy Traoré fait des dribbles de dégagement et des ouvertures de quarante mètres qui feraient pâlir d’envie Franz Beckenbauer, Laurent Blanc et Edmilson réunis. On sait pas ce qu’il a pris, mais on veut la même chose.
• À la fin du match, Mateja Kezman a encore une fois enlevé son maillot, mais cette fois pour le lancer dans le public. L'Équipe, impitoyable, nous apprend que le maillot a atterri dans la fosse. Quand ça veut pas…