Citation (lemonde.fr)
Six nations : Lièvremont "n'aime pas les Anglais"
Sans avoir l'air d'y toucher, Marc Lièvremont a lancé, samedi 19 février, en conférence de presse un nouveau pavé dans la mare des relations viriles et pas toujours correctes qu'entretiennent les rugbymen français et anglais. A quelques jours du crunch entre le XV du Coq et celui de la Rose, le sélectionneur tricolore a expliqué le plus simplement du monde qu'un France-Angleterre, c'est spécial... parce qu'"on n'aime pas les Anglais".
Certes, le sélectionneur n'a pas manqué d'insister sur la bonne forme de l'équipe anglaise, "la meilleure équipe d'Europe aujourd'hui", déjà lancée "sur la Coupe du monde". "On les sent physiquement au-dessus, (...) plus en place, plus en confiance." Mais il a également livré son opinion assez claire sur nos meilleurs ennemis de la planète ovale.
"BATTEZ LES ANGLAIS"
"Autant dire les choses sans hypocrisie, on a un peu de mal avec les Anglais", a déclaré Lièvremont, sur un ton amusé. "On les respecte, en tout cas moi je les respecte, mais on ne peut pas dire que ce soit avec eux qu'on ait le plus d'atomes crochus. On apprécie nos cousins italiens, avec qui on partage la même qualité de vie, on apprécie les Celtes et leur convivialité...", a-t-il poursuivi. "Et puis parmi toutes ces nations, on a quand même un énorme point commun : on n'aime pas les Anglais ! On a quitté Dublin le week-end dernier sous les encouragements de tous les Irlandais qui disaient: par pitié, battez les Anglais. Les Ecossais, c'est la même chose."
"C'est aussi ce qui fait la force de l'Angleterre, bien au-delà du rugby. Ce pays insulaire qui s'est toujours drapé derrière sa bannière, ses hymnes, ses chants, ses traditions. Des gens que l'on considère très orgueilleux. Mais à mon sens, dans leur cas, c'est tout sauf un défaut. C'est donc toujours un match particulier." Une sortie sans hypocrisie, effectivement, mais qui fait à peine tiquer la presse anglaise.
INDIFFÉRENCE MÉDIATIQUE
Certes, Robert Kitson, du Guardian, s'est interrogé sur la pertinence de la démarche. Entre deux piques à l'ironie mordante, il se demande si Lièvremont n'est pas en train de se perdre dans des "stéréotypes paresseux". Dans lesquels le journaliste anglais finit par se lover lui-même : "Tout ce qu'il a réussi à faire, c'est ouvrir les vannes à une marée de dégoût envers toutes les choses gauloises à l'heure d'aborder une semaine décisive pour son équipe. Ne commandez pas de croissants, annulez le gîte, c'est une affaire personnelle. Les chances de voir Lièvremont ravaler ses paroles ce samedi doivent être extrêmement élevées."
Mais le reste de la presse anglaise reste étonnament sobre. A l'image du Sun, de l'Evening Standard ou du Daily Mail, les propos du sélectionneur sont simplement repris, sans plus de commentaires indignés ou de réponses enflammées. Une sorte d'ignorance polie, comme si les Anglais avaient déjà décidé de répondre sur le terrain de Twickenham, samedi, lors d'un match qui devrait décider du futur vainqueur du Tournoi 2011.
"Aller l'emporter à Twickenham, et je pense que c'est possible, nous permettrait de réaliser le jackpot en terme de confiance, de payer l'ardoise de ces derniers mois extrêmement difficiles pour l'équipe de France", expliquait Lièvremont. L'inverse commencerait à ressembler à une débâcle, et les fameux "Swing low sweet chariot" qui retentissent à Twickenham pourraient alors poursuivre le sélectionneur jusqu'à la Coupe du monde.
Pas si mal ces rugbymans, c'est bien de rappeler les fondamentaux.