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Sarkozy reconnaît son erreur sur Hadopi
Le président de la République s'est dit prêt à une remise à plat de la loi Hadopi sur le piratage sur internet et a intronisé les 18 membres du Conseil national du numérique qui doit améliorer le dialogue avec les autorités.
Volte-face de Nicolas Sarkozy sur la loi Hadopi? Le président de la République s'est dit mercredi 27 avril prêt à une remise à plat de la loi sur le piratage sur internet et reconnaît une part d'erreur dans la génèse de ce dispositif à l'origine d'une vive opposition des professionnels.
"On me dit +est-ce que vous êtes prêts à un Hadopi 3?+ Bien sûr que j'y suis prêt", a-t-il déclaré lors d'un discours prononcé à l'occasion de l'installation du Conseil national du numérique, une instance de dialogue entre les acteurs de la filière et le gouvernement. "Je prends d'ailleurs ma part de l'erreur (...) L'intuition que j'avais, c'est qu'on ne pouvait pas (abandonner) les créateurs. Peut-être que la maladresse a été de donner le sentiment que vous étiez attaqués", a-t-il ajouté.
Le CNN "sera libre"
Le Conseil national du numérique (CNN) est mis en place ce mercredi avec la nomination de ses 18 membres, entrepreneurs de l'internet ou représentants des opérateurs télécom pour la plupart, qui devait être entérinée par décret en Conseil des ministres. Nicolas Sarkozy les a intronisé officiellement. "J'ai voulu y rassembler diverses personnalités compétentes de l'internet français, en majorité des entrepreneurs, pour que sur tout projet de disposition législative ou réglementaire susceptible d'avoir un impact sur l'économie numérique, le gouvernement puisse avoir un éclairage émanant du secteur", a-t-il expliqué. Le CNN "sera libre" de se saisir des sujets touchant à l'économie numérique afin de porter à l'attention des autorités les sujets qui préoccupent le secteur, en prenant l'avis d'associations de consommateurs ou encore de parlementaires.
"La mission prioritaire du conseil du numérique est que, plus jamais, le Parlement français ne puisse voter des lois concernant ce secteur sans (le) consulter", explique dans Le Figaro Jean-Baptiste Descroix-Vernier, le P-DG de Rentabiliweb.
Le "Medef du net" ?
Certains opposants l'ont déjà surnommé "le Medef du net". Ainsi, le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne regrette que le CNN soit "composé majoritairement des grands industriels du secteur" et que n'y siègent ni représentants des consommateurs ni élus.
Ce conseil compte notamment comme membres des représentants des opérateurs télécoms (Frank Esser, PDG de SFR, Pierre Louette, secrétaire général de France Télécom, Emmanuel Forrest, directeur général délégué de Bouygues Telecom, Xavier Niel, fondateur de Free). Un grand nombre de dirigeants de sociétés internet (Jean-Baptiste Descroix-Vernier, PDG de Rentabiliweb, Giuseppe de Martino, directeur juridique de Dailymotion, Daniel Marhely, cofondateur de Deezer, Alexandre Malsch, fondateur de melty.fr, Marie-Laure Sauty de Chalons, PDG d'aufeminin.com, Marc Simoncini, PDG de Meetic, Jean-Pierre Remy, PDG de PagesJaunes, Nicolas Voisin, fondateur d'Owni) y est également représenté.
Le CNN accueille enfin des représentants du secteur des logiciels (Bruno Vanryb, PDG d'Avanquest-Software, Patrick Bertrand, directeur général de Cegid), d'un équipementier (Gabrielle Gauthey, vice présidence exécutive d'Alcatel-Lucent), d'une régie publicitaire en ligne (Jérôme Stioui, fondateur d'Ad4screen) et Gilles Babinet, qui a créé plusieurs start-up.
Le fondateur du site d'e-commerce PriceMinister.com, Pierre Kosciusko-Morizet, avait rendu fin février au gouvernement un rapport dans lequel il dessinait les contours de ce conseil après avoir consulté les acteurs du numérique français. Mais, in fine, c'est le chef de l'Etat qui a décidé des personnalités qui y siégeront, et de son fonctionnement.