Citation (Oyé Sapapaya @ 03/04/2016 00:31)
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Rachat raté du RC Lens : c’est le sport pro qui trinque
«Un club comme Lens ne meurt jamais !» affichaient les supporteurs sang et or en mai 2015. Mais la relégation administrative en Ligue 2 lui pend au nez. Photo Denis Charlet. AFP
Rachat raté du RC Lens : c’est le sport pro qui trinque
Début mars, le Racing Club de Lens [4e de Ligue 2 à trois journées de la fin du championnat] avait trouvé un investisseur susceptible de fermer la pittoresque parenthèse Hafiz Mammadov, cet homme d’affaires azéri - sur lequel le président du pays, Ilham Aliyev, avait fait état de «réserve», un euphémisme - qui avait racheté le club nordiste en 2013 avant de faire le mort : Charles-Kader Gooré.
Cet industriel ivoirien dirige un holding (GK, créé en 2004) adossé à un fonds souverain omanais et qui a fait fortune, selon sa propre communication, «dans l’électrification rurale, la construction, l’agroalimentaire, la sécurité privée, les transferts de fonds et l’immobilier aux Etats-Unis», ce qui laisse présumer un homme aux talents multiples. Gooré s’est fait représenter par l’avocat Didier Poulmaire, qui s’est occupé un temps de la nageuse Laure Manaudou avant de prendre en main (avec quelques éclipses) les intérêts de Yoann Gourcuff.
Selon nos informations, Gooré ne rachètera pas le RC Lens, même si certains acteurs de la farce qui se joue dans l’Artois aimeraient faire croire le contraire, le Racing devant en toute logique faire l’objet d’une relégation administrative - à moins qu’elle soit déjà effective et tenue secrète pour ne pas gêner une équipe pouvant encore sportivement accéder à la Ligue 1. Et si Gooré ne reprendra pas le club, c’est parce que l’organisme gouvernemental Tracfin («traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins») l’a disqualifié et a mis le stop, ce qui nous a été confirmé au plus haut niveau de l’Etat.
On peut croire que Lens est victime d’une malédiction : entre la faute originelle que fut leur montée en Ligue 1 en 2014 - malgré l’avis de la DNCG, gendarme financier du foot français, et contre une décision de justice confirmée en appel depuis - et Mammadov, le club artésien n’a pas été épargné.
On aurait pourtant tort. C’est tout le foot français qui est dans la seringue, laminé financièrement (67 millions d’euros de pertes chez les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 hexagonaux pour la saison 2014-2015, septième exercice déficitaire de suite) et ne parvenant parfois à échapper à une relégation administrative que grâce à la vente d’un joueur et d’un seul, ce qui dit l’extrême fragilité des équilibres. Un beau jour, le prétendu repreneur du Havre - club doyen en France - Christophe Maillol s’est pointé devant les instances avec une garantie de fonds de 8 millions d’euros émise… par la Banque islamique de Mauritanie : à rapprocher du poids médiatique du sport aujourd’hui et de la délégation de service public dont bénéficie des clubs professionnels qui éduquent et forment des gamins à partir de 11 ou 12 ans.
Ça fait peur. Mais la réalité du business est celle-là. Et le reste ? Douze clubs de rugby du Top 14 fonctionnent ouvertement sur le mode du mécénat : le jour où les bailleurs de fonds auront envie de gagner de l’argent plutôt que d’en perdre, le rugby français mourra. Pour les sports plus confidentiels comme le volley, ce sont souvent des subventions (ville, agglomération, région) qui assurent 80 % du budget de fonctionnement, ce qui est contestable vu le contexte économique actuel. Voilà pour le sport pro en France
libé