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Si Camila Giorgi vous demande de l’argent, méfiez-vous
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Mais sans doute faut-il profiter de ce qu'elle est encore dans le tournoi pour revenir sur l'histoire de Camila Giorgi, joueuse classée 50e mondiale, et visiblement plus douée pour taper dans une balle que pour honorer ses dettes. Sports Illustrated relatait les faits dans un excellent article (en anglais uniquement) paru en janvier dernier : l'Italienne de 22 ans, qui affronte aujourd'hui la Russe Svetlana Kuznetsova, 28e mondiale et titrée à Roland-Garros en 2009, a, semble-t-il, emprunté de l'argent à plusieurs investisseurs séduits par son potentiel et disposés à financer sa progression. Ils n'en ont jamais revu la couleur.
Presque tous se trouvent aux Etats-Unis, où Sergio Giorgi avait emmené en 2010 sa fille de 18 ans à qui il n'avait pas les moyens de payer une formation de tenniswoman en Italie, dans l'espoir d'y trouver un mécène ou une structure susceptibles de l'aider à devenir professionnelle. Et si l'on en croit l'enquête du journaliste Jon Wertheim, qui produit le témoignage d'un certain nombre de personnes lésées, le duo s'est fait une spécialité de gratter des dollars à droite à gauche avant de disparaître dans le décor. Exemples.
- Selon Sports Illustrated, à ses 18 ans, Camila Giorgi est soutenue financièrement par un riche couple du Connecticut qui, en retour, escompte un pourcentage de ses futurs gains sur le circuit. Au bout de moins d'un an, les Giorgi mettent fin à la collaboration, qui n'avait fait l'objet d'aucun contrat solide.
- En 2011, entrée dans le top 200, Camila Giorgi souhaite disputer le tournoi de Wimbledon, mais n'a pas de quoi se payer un billet d'avion pour l'Angleterre. Un ami, entraîneur de tennis, parvient à convaincre la mère d'un de ses élèves, qui accepte de payer le trajet, à condition d'être remboursée. Cette année-là, l'Italienne empoche plus de 18 000 dollars grâce à sa participation au premier tour de Wimbledon. La mécène attend toujours ne serait-ce qu'un mot de remerciement.
- En février 2012, Dominic Owen, coach de tennis professionnel en Floride, avance 10 000 dollars à Camila. Jamais revus.
- En avril 2012, Todd Andrews, directeur d'un petit tournoi dans l'Alabama, convainc des hommes d'affaire locaux de prendre en charge le voyage de Camila Giorgi en Europe, pour une série de tournois, ainsi que tous les frais sur place. Il y en a pour 27 000 dollars. Cette année-là, à Wimbledon, l'Italienne se hisse en huitièmes de finale, et empoche plus de 115 000 dollars. Personne n'a été remboursé.
- En janvier 2013, Pablo Arraya accepte de mettre à disposition de la talentueuse joueuse italienne les installations de son académie de tennis en Floride. "Vous me paierez quand vous le pourrez." A ce jour, Camila Giorgi totalise 820 000 dollars de gain au cours de sa jeune carrière - et sa présence au deuxième tour de Roland-Garros 2014 lui en assure au moins 57 000 de plus - mais Pablo Arraya n'en a pas reçu un seul.
"PENSEZ-VOUS QU'IL SERAIT CONVENABLE D'EN REMBOURSER QUELQUES-UNS ?"
En mars dernier, lors du tournoi d'Indian Wells où elle avait été éliminée en huitièmes de finale, Camila Giorgi avait vécu une conférence de presse agitée, deux mois après l'article de Sports Illustrated.
Sports Illustrated : "L'un de nos meilleurs journalistes, Jon Wertheim, a écrit un long article sur tous les investisseurs à qui vous devez de l'argent. Vous allez remporter 52 000 dollars ici. Pensez-vous qu'il serait convenable d'en rembourser quelques-uns ?
Camila Giorgi : Je n'ai pas envie de parler de cela. Je joue un tournoi, donc je ne pense pas à ça.
SI : Mais vous êtes adulte, vous avez 22 ans, et tout le monde connaît cette histoire. Ne pensez-vous pas qu'il serait convenable de faire les comptes et de s'en occuper ?
CG: Je m'en occupe, il n'y a pas de problèmes. Mais je vous dis simplement que je ne veux parler que de tennis. Pas de ces choses-là.
SI : Ça fait partie du jeu.
CG : Ça ne fait pas partie du jeu. (...)
Le responsable de la salle de conférence : Merci de vous en tenir à des questions tennis, et...
SI : Attendez une seconde, laissez-la s'exprimer, vous n'avez pas à la coacher. Elle a 22 ans.
CG : Oui, mais vous n'avez pas besoin d'être agressif. Je viens de répondre à votre question. Si vous voulez que je vous dise ce que vous avez envie d'entendre, c'est différent."
Camila Giorgi doit jouer à 11 heures sur le court n°2, mais son match le plus intéressant de la journée se déroulera peut-être en conférence de presse.
http://rolandgarros.blog.lemonde.fr/2014/0...nt-mefiez-vous/Sympa la meuf