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Une entame lamentable !
Avec seulement 6 points récoltés en 4 journées de Süper Lig, Galatasaray connait un début de saison très décevant. Outre les résultats peu flatteurs, comme celui de Vendredi soir face à Antalyaspor (1-1), c’est avant tout le jeu proposé par les champions en titre qui fait grincer des dents. Mais que s’est-il passé pour que la machine se dérègle autant ?
La tête ailleurs
Les supporteurs de Galatasaray pensaient sûrement avoir connu le pire deux ans auparavant. Force est de constater que le jeu proposé par les Lions, depuis le début de saison, rappelle étrangement celui de cette fameuse saison 2010/11. Depuis la première journée, il faut vraiment creuser pour trouver du positif dans cette équipe. Il parait inconcevable que cette même formation ait été deux fois de suite champion de Turquie, tout en comptant dans ses rangs des joueurs de classe mondiale. N’ayant perdu aucun cadre cet été, Galatasaray ne peut même pas chercher d’excuses de ce côté-là. Le club avait toutes les cartes en main pour commencer en trombe ce championnat. Une préparation estivale idéale avec des matchs amicaux face à des bonnes équipes Européennes (Naples, Arsenal, Porto). La défense a été renforcée avec l’arrivée de Chedjou. Pourtant rien ne marche !
Alors certes, le début de saison est raté, mais loin d’être catastrophique, puisque Galatasaray reste toujours invaincu. Le retard accumulé pourra toujours être rattrapé en quelques matchs, si les résultats suivent. Mais la pauvreté du jeu et le nombre effrayant de déchets techniques ne laissent que peu de place à l’optimisme. Contrairement à la pire saison de l’histoire du club, seul le niveau individuel des cadres permet au navire de ne pas couler. Et c’est bien là que réside le problème. Absolument tout repose sur les individualités. Le jeu collectif est complètement passé aux oubliettes, tandis que les joueurs se passent le ballon en attendant qu’un exploit personnel tombe du ciel.
Un chaos tactique
Face à des équipes aux talents individuels limités, les joueurs de Galatasaray ne forcent pas leur destin. Depuis la première minute de la saison, le schéma tactique, ou plutôt l’absence de consignes, est toujours le même. Non seulement les transmissions d’une ligne à l’autre prennent trop de temps à se faire, permettant ainsi aux adversaires de se replacer tranquillement, mais ces mêmes lignes sont beaucoup trop éloignées les unes des autres. Les joueurs ne sont absolument jamais en mouvement, devant les appels sont très rares (Burak a d’ailleurs jamais autant décroché lors du match contre Antalyaspor), rendant chaque passe prévisible. Pire, la plupart du temps, le jeu consiste à balancer des longs ballons aériens en direction de Drogba, comme si l’entrejeu n’existait pas. Contrairement aux précédentes saisons, Selçuk et Melo (qui en plus est souvent battu dans les duels) et n’arrivent plus à dicter le jeu au milieu du terrain. Par conséquent, une fois le ballon en sa possession, Galatasaray n’avance jamais en bloc et se retrouve dans l’incapacité d’étouffer ses adversaires. Les défenses en face n’ont qu’à rester en place, regroupé et surtout à exercer un gros pressing sur le porteur du ballon, pour empêcher solution dans la transmission du ballon. Une des solutions pourrait être de passer par les ailes, mais Galatasaray ne compte pas dans son effectif beaucoup de joueurs capables d’apporter de la percussion (en attendant que Bruma se fasse une place dans l’équipe), tandis que les latéraux apportent peu de soutien offensif et ne tentent jamais de déborder. On pourrait croire que l’équipe refuse de prendre le moindre risque pour empêcher toute contre-attaque adverse. Or cela ne l’a visiblement pas empêché d’encaisser un but par match. Cela dit, la défense n’est pas véritablement une source d’inquiétude, puisque Chedjou et Eboué sont solides derrière. Seule la présence d’Hakan Balta, trop lent et pas auteur de trop de d’erreurs, fait tache. Dans ce chaos tactique, c’est aussi la nonchalance des joueurs qui ne se sentent pas concernés par l’enjeu. Peut-être que l’objectif de réaliser un bon parcours en Ligue des Champions laisse de marbre les joueurs lorsqu’ils doivent jouer contre des petites équipes d’Anatolie. Evidemment avec cette mentalité, la saison risque de paraître très longue…
Des buts qui ne viennent pas
Mais ce manque d’implication des joueurs et le fiasco collectif ne sont pas forcément l’aspect le plus inquiétant dans la déroute actuelle des Lions. En effet, le manque de réalisme flagrant devant le but fait peur à voir. D’ailleurs, cela date d’avant le début du championnat, puisque les joueurs de Galatasaray s’était déjà montré plus que maladroits dans la finition lors du match pour la Super Coupe de Turquie face à Fenerbahçe. Malgré presque une trentaine de tirs et une pléiade d’occasions franches, les Lions n’avaient réussi à ne marquer que 2 buts. La victoire avait été assuré dans le temps additionnel, mais face à une équipe réduite à 10 pendant presque 1 heure. Rien de glorieux.
Ce succès avait fait oublier cette maladresse dans le dernier geste, d’autant plus que Galatasaray venait de remporter aussi l’Emirates Cup. Mais les symptômes de la maladie qui ronge le vestiaire étaient déjà là. Face à Antalyaspor, les hommes de Fatih Terim ont tiré en tout à 26 reprises, tout en trouvant le cadre qu’à 6 fois. Le plus inquiétant est que des joueurs du calibre de Burak Yilmaz et Didier Drogba ont presque tout raté. Si l’attaquant Ivoirien a inscrit le but égalisateur, sa prestation a été médiocre au possible, à l’image de ses autres sorties depuis le début de saison. Les deux attaquants ont montré certainement plus de choses lors de ce match, qu’auparavant, avec plus de combativité, mais l’application dans le geste n’a jamais été au rendez-vous. Inquiétant ! Et comme les milieux ne montent jamais pour apporter du soutien ou des solutions devant, les attaquants sont toujours les seuls à devoir réaliser le dernier geste. Au bout de ces quatre premières journées, les Lions n'auront donc inscrit que 4 petits buts. Trop peu vu les noms clinquants sur la feuille de match.
Un coaching aberrant
Il est aussi intéressant de souligner les remplacements effectués par le staff technique de l’équipe en cours de matchs. Les deuxièmes mi-temps ressemblent à des moments d’expérimentation, plus en tout cas qu’à un réveil de l’équipe. Un exemple flagrant reste l’utilisation d’Erman Kiliç, avant que celui-ci ne quitte Galatasaray en fin de mercato. L’ancienne star de Sivasspor est connue pour évoluer au poste d’attaquant de soutien ou d’ailier gauche. A Galatasaray, il rentrait en cours de match au poste de milieu droit. En règle générale, un changement a pour objectif de colmater les brèches éventuelles dans l’équipe, ou bien apporter une qualité individuelle en plus. Les rentrées d’Erman Kiliç à un poste qui n’est pas le sien laissait donc perplexe. C’est d’ailleurs sans surprise que ce dernier a toujours été mauvais lors de ses apparitions. Ces changements incongrus n’ont pas forcément inquiété les supporteurs, puisqu’ils étaient l’œuvre des assistants de Fatih Terim, qui purgeait une suspension. Manque de bol, rebelote face à Antalyaspor, les changements n’ont absolument rien apporté de positif dans le jeu de l’équipe… sauf que cette fois-ci, l’emblématique technicien Turc était sur le banc. Lorsqu’on fait jouer Umut Bulut en ailier droit, dans une formation avec un seul joueur dans l’entrejeu (Melo), il ne faut pas être étonné de ne pas être en mesure de varier le jeu et de se prendre plusieurs contre-attaques adverses, qui ont failli être fatales.
Si on a cité le manque d'implication des joueurs, les mauvaises langues n'épargnent pas non plus Fatih Terim. Récemment nommé à la tête de l'équipe nationale, avec qui il vient d'enregistrer deux beaux succès, il est bien sûr létigitime de se questionner au sujet de son investissement avec Galatasaray. Vu la situation compliquée que traverse l'équipe, il est nécessaire que l'entraîneur soit à 100% derrière les joueurs. Malheureusement comme il n'y a eu aucune amélioration depuis le début de la saison et les mêmes erreurs continuent à se répéter, on peut se demander ce qui se passe lors des entraînements.
La règle des étrangers
Alors évidemment Fatih Terim pourra se défendre en rappelant que son banc a été bousculé par la nouvelle limitation d’étranger. Et effectivement, il s’agit d’un gros problème pour Galatasaray. Mais la direction est entièrement coupable de ne pas avoir réagi à temps. La grande faiblesse de Galatasaray depuis 2 ans a toujours été le manque de solution sur le banc. Si l’équipe-type a toujours eu un bon niveau, l’effectif a toujours été trop hétérogène. Des différences de niveau qui se sont accentuées avec les arrivées de Sneijder et Drogba. Il était donc primordial de renforcer le banc, et plus précisément recruter des talents Turcs en vue de la règle sur la limitation d’étranger. Une des cibles prioritaires du club aurait dû être Alper Potuk qui, en plus d’être un grand espoir, a l’avantage d’être polyvalent. Mais suite à un imbroglio avec le Président d’Eskisehirspor, la direction de Galatasaray a mis un terme aux échanges avec ce club, laissant ainsi la perle filer à Fenerbahçe, où il réalise de solides performances. Une autre cible intéressante avait été Kerim Frei, mais là encore la direction du club a abandonné les négociations, jugeant l’international Turc trop cher. Si les 3M€ payés par Besiktas sont trop chers, c’est à se demander si Galatasaray espère recruter des pépites gratuitement… La seule recrue Turque aura été au final Erman Kiliç, justement en fin de contrat… mais ce dernier ne sera resté à peine deux mois ! Donc voilà, le banc se retrouve donc au point de départ. Pire, même, puisque les deux étrangers, que Terim pouvait aligner parmi les remplaçants l’année dernière, ne sont plus là ! Par conséquent, Galatasaray doit être en mesure de pouvoir tuer ses matchs le plus tôt possible, puisqu’il est peu probable que les remplaçants aient le talent individuel pour retourner la situation du match. Malheureusement, depuis le début de la saison, les Lions n’ont jamais su (voulu ?) forcer leur destin.
Un exploit possible ?
Malgré tous les problèmes tactiques et individuels, est-ce que les joueurs de Galatasaray sont-ils capables de remonter la pente ? Evidemment, un retour en force est tout à fait envisageable. Les qualités dans le jeu montrées la saison passée n’ont pas pu complètement disparaitre. Il est important que les joueurs et leurs coaches trouvent une nouvelle motivation et redoublent d’efforts durant les entraînements. La Ligue des Champions pourrait être d’ailleurs une source d’inspiration. Sans aucun doute, les Burak, Drogba ou encore Sneijder joueront à 100% pour briller dans la compétition reine. Il est donc fort probable de voir une équipe avec un tout autre visage dès les prochains jours face au Real Madrid. Si la qualification pour les 8e de finale risque d’être tout de même compliquée, avec la concurrence dans le groupe, il est tout à fait possible que le rythme exigé lors de ces rencontres permettent à l’équipe de jouer à un niveau au-dessus de ses adversaires lors des matchs du week-end en championnat.
Cela dit, faut-il encore que les joueurs se ressaisissent. Nous aurons la réponse dès ce Mardi !
© Allan KILIC
Bon article sur le début de saison compliqué de Galatasaray.