Football: soupçon de corruption autour des Mondiaux 2018 et 2022 Le siège de la Fifa, à Zurich. De nouvelles accusations de corruption contre des membres du comité exécutif de la Fédération internationale de football lors de l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 ont été lancées mardi devant une commission d'enquête parlementaire britannique. /Photo d'archives/REUTERS/Christian Hartmann © Reuters
LONDRES (Reuters) - L'ex-président de la fédération anglaise de football (FA) a accusé mardi quatre membres du comité exécutif de la Fifa d'avoir cherché à obtenir des avantages en échange de leurs voix lors l'attribution du mondial 2018.
La Coupe du monde 2018 a été attribuée en décembre à la Russie et celle de 2022 au Qatar.
Témoignant devant la commission d'enquête parlementaire sur les raisons de l'échec de la candidature de l'Angleterre, David Triesman a affirmé que Jack Warner, de Trinité et Tobago, avait réclamé de percevoir 2,5 millions de livres sterling (2,84 millions d'euros) afin de les remettre ensuite à une école.
Le Paraguayen Nicolas Leoz aurait pour sa part demandé un titre de noblesse.
Toujours selon David Triesman, le Brésilien Ricardo Teixeira lui aurait demandé "Que pouvez-vous pour moi ?".
Quant au Thaïlandais Worawi Makudi, il aurait réclamé d'obtenir les droits de retransmission télévisés pour un éventuel match amical entre la Thaïlande et l'Angleterre.
"Je transmettrai mes preuves à la Fifa", a dit l'ancien président de la FA.
Des députés faisant partie de la commission d'enquête ont également accusé deux autres membres du comité exécutif de la Fifa d'avoir reçu 1,5 million de dollars pour voter en faveur du Qatar, pour l'attribution de la Coupe du monde 2022.
Le député conservateur Damian Collins a dévoilé que le comité avait des preuves venant du Sunday Times que le vice-président camerounais de la Fifa Issa Hayatou et l'Ivoirien Jacques Anouma avaient été achetés par le Qatar. Le journal anglais devrait publier ces preuves.
En novembre dernier, deux membres de la commission exécutive de la Fifa avaient été sanctionnés par des suspensions et des amendes pour avoir proposé de vendre leurs voix lors de la désignation des pays hôtes des Coupes du monde 2018 et 2022. Il s'agissait du Nigerian Amos Adamu et du Tahitien Reynald Temarii.
Après ces accusations de mardi, ce sont huit des 24 membres du comité exécutif qui se voient accusés de corruption par les médias et parlementaires britanniques.
Teixeira a publié un démenti et a annoncé sa volonté de porter plainte contre Triesman.
"(...) Les commentaires absurdes (de Triesman) tentent de cacher son échec à la tête de la candidature anglaise où il n'a obtenu qu'un vote...le sien", a indiqué Teixeira dans un communiqué.
Réagissant à ces accusations, Sepp Blatter, le président de la Fifa, s'est dit "choqué".
"Mais il faut attendre de voir les preuves", a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse à Zurich. "Nous réagirons immédiatement contre ceux qui auront enfreint les règles éthiques", a prévenu le président de la Fifa.
Blatter a toutefois pris ses distances avec les personnes incriminées. "Je ne peux répondre que pour moi. Je ne peux pas répondre pour les autres membres du comité (...) Je ne peux pas dire si ce sont tous des anges ou tous des démons", a-t-il dit.
Mike Collett, Bertrand Boucey, Pascal Liétout et Benjamin Massot pour le service français
Le Nouvel Observateur