Classements des droguesOn recense aujourd’hui plusieurs centaines de drogues. Pour y voir clair dans cette multitude de produits, il est devenu nécessaire d’en faire un ou plusieurs classements.
Ces produits sont généralement classés selon leurs effets ou selon leur dangerosité.
Ces deux classements comportent toujours une part d’arbitraire, ainsi les effets d’une drogue sont fortement dépendants de la dose absorbée mais aussi de la personne qui l’absorbe, de son état physique et psychique et même de son environnement au moment de la consommation.
Nous avons tous l’expérience de l’alcool et savons que certaines personnes ont « l’alcool triste » alors que d’autres ont « l’alcool gai », que certains supportent de boire plusieurs verres sans effets notables et que d’autres seront ivres dès le premier verre. Il en va de même pour beaucoup d’autres drogues, certaines auront même des effets opposés selon qu’elles sont prises à faible ou forte dose.
Classement selon leurs effets :Utilisés plus particulièrement par le milieu médical, plusieurs classements des drogues, plus ou moins compliqués, ont été élaborés au fil des décennies en prenant en compte leurs effets sur le cerveau.
Pour notre part, nous avons adopté ici pour sa simplicité la classification de Thuillier et Pelicier. Elle a été élaborée en 1991 par Jean Thuillier, psychiatre et pharmacien, et Yves Pelicier, médecin et professeur d'université.
Les produits sont classés en trois grandes catégories : Les stimulants qui stimulent le fonctionnement du système nerveux :
Tabac, Cocaïne, Crack, Médicaments stimulants (Amphétamines et autres dopants), Ecstasy, GHB.
Ces produits favorisent temporairement un état d'éveil et d'excitation et réduisent la fatigue. Ils induisent un sentiment fallacieux d'assurance et de contrôle de soi. L'effet est généralement suivi d'un état d'épuisement et de dépression.
Ils conduisent fréquemment à la dépendance psychique et peuvent induire, à forte dose, des conséquences graves : paranoïa, dépression importante, fatigue généralisée. Ils sont aussi la cause d’accidents par surestimation de ses capacités.
Les hallucinogènes ou perturbateurs qui perturbent le fonctionnement du système nerveux :
Cannabis et produits dérivés, Produits volatils (colles et solvants, anesthésiques volatils), Kétamine, LSD, champignons hallucinogènes etc.
Ces produits provoquent une perturbation de la perception de l'environnement et de la réalité : modifications de la perception du temps et de l'espace, sensibilité exacerbée aux couleurs et aux sons.
A long terme, ils peuvent modifier durablement la personnalité du consommateur qui ne peut plus composer avec les éléments de la réalité.
Les dépresseurs qui ralentissent le fonctionnement du système nerveux :
Alcool, Médicaments tranquillisants et somnifères (Barbituriques, Benzodiazépines...), Opiacés (Héroïne, Méthadone, Codéine, Morphine... ).
Ces produits entrainent une sensation de détente et de rêve ainsi qu'une perte d'inhibition.
Ils conduisent fréquemment à la dépendance physique et peuvent induire, à forte dose, des conséquences graves (arrêt cardiaque ou respiratoire). Ils sont également la cause d'accidents par perte de vigilance et de contrôle de soi.
Classement selon leur dangerosité :Ce classement est plus particulièrement utilisé à des fins juridiques.
La réglementation française classe les "substances vénéneuses", selon l'article L.5132-1 du Code de la Santé Publique, en 4 catégories en fonction de leur toxicité et de leur dangerosité
Les substances stupéfiantes (morphine, cocaïne, héroïne, cannabis, etc.)
Les substances psychotropes (médicaments, antidépresseurs, tranquillisants, hypnotiques, etc.)
Les médicaments "inscrits sur les listes I et II".
Les substances dangereuses (éther, acides, etc.)
Ce classement reprend principalement les règles du classement fixées par les trois conventions internationales de 1961, 1971 et 1988 sur le contrôle des drogues.
Les stupéfiants sont les produits les plus toxiques. La production, la distribution et l'usage de ces stupéfiants sont sévèrement réglementés et, pour certains d'entre eux totalement interdits.
Il y a sur la liste des stupéfiants plus de 170 plantes et substances dont :
les stupéfiants de la convention de 1961 : coca, opium, cannabis et leurs dérivés (morphine, héroïne, méthadone, cocaïne, résine de cannabis, etc ...).
certains psychotropes de la convention de 1971 : hallucinogènes, amphétamines, la MDMA (ecstasy), etc ...
les champignons hallucinogènes et le khat
deux précurseurs chimiques : le phénylacétone et l'acide lysergique (précurseur du LSD).
les nouvelles drogues de synthèse : MBDB, 4MTA, kétamine, etc ...
Vous pouvez consulter dans nos dossiers => la liste des stupéfiants.
Les psychotropes sont des produits agissant sur le psychisme, ils correspondent aux substances de la convention de 1971 non classées comme stupéfiants : benzodiazépines, barbituriques, etc. Certains sont utilisés comme médicaments.
Vous pouvez consulter dans nos dossiers => la liste des psychotropes.
Les médicaments "inscrits sur les listes I et II" sont définis par l'article L.5132-6 du Code de la Santé Publique.
Ce sont des médicaments délivrables seulement sur ordonnance et dont l'ordonnance est "non renouvelable" (liste I) ou "renouvelable" (liste II).
Les substances dangereuses : Ce sont des substances, destinées au commerce, à l'industrie ou à l'agriculture, et classées par les ministères concernés en huit sous-catégories : très toxiques, toxiques, nocives, corrosives, irritantes, cancérogènes, tératogènes ou mutagènes.
La répartition des substances au sein de ces quatre catégories n'obéit à aucun critère générique, elle est effectuée par arrêté du ministre de la santé.
Il n'existe ainsi pas une définition générale du "stupéfiant" sinon que c'est "un produit inscrit sur la liste des stupéfiants", cette qualification se faisant en fonction du potentiel d'abus de la substance et de son danger pour la santé.
Les produits dopants relèvent d'une liste spécifique, fixée par l'arrêté du 2 février 2000 des ministres des Sports et de la Santé, à partir notamment de la liste officielle du Comité International Olympique (CIO).
Modes d'action Les drogues perturbent le fonctionnement normal du cerveau en agissant au niveau des neuromédiateurs.
Rappelons qu’un neuromédiateur est une substance chimique qui assure la continuité de l’influx nerveux. Il est libéré dans la synapse, zone de jonction entre deux neurones ou entre un neurone et une autre cellule.
Lorsque l'influx nerveux arrive depuis le neurone émetteur sur la synapse, il déclenche la libération du neuromédiateur. Celui-ci vient alors se fixer sur les récepteurs appropriés du neurone récepteur qui transmet à son tour l’influx nerveux.
Les différentes zones du cerveau, sièges de nos facultés, de nos humeurs et de nos sentiments, sont plus ou moins sensibles à différents neuromédiateurs. En perturbant le fonctionnement d’un ou plusieurs neuromédiateurs déterminés, une drogue perturbera le fonctionnement des zones cervicales sensibles à ces neuromédiateurs. Les effets de cette drogue seront donc déterminés en fonction des zones du cerveau ainsi perturbées ainsi que de la façon dont elle les perturbe.
On distingue trois modes d'action selon les substances : Certaines (morphine, héroïne, nicotine, cannabis ...), de par leur structure moléculaire, imitent les neuromédiateurs naturels et se substituent à eux dans les récepteurs appropriés. Par exemple, la morphine prend la place de l'endorphine dans les récepteurs correspondants, et la nicotine la place de l'acétylcholine
Lors d’un usage chronique, les neurones s’adaptent et diminuent ou perdent leur capacité à produire eux-mêmes ce neuromédiateur ce qui engendre un phénomène physique de manque et donc de dépendance physique.
Certaines, particulièrement les stimulants (cocaïne, ecstasy, ...) augmentent la sécrétion d'un neuromédiateur naturel puis épuisent ses réserves d'ou le phénomène de dépression ou "descente" qui apparaît après l’effet stimulant. Par exemple, la cocaïne augmente la sécretion de dopamine, et l’ecstasy, celle de sérotonine et de dopamine.
Ils agissent par saturation des récepteurs qui deviennent de moins en moins sensibles, c'est le phénomène d'accoutumance. Ainsi, lors d’un usage chronique, l’usager a besoin de plus en plus de produit pour retrouver l’état qu’il recherche ou même pour se trouver dans un état normal.
Certaines (alcool, ...) bloquent un neuromédiateur naturel nécessaire au fonctionnement neuropsychique normal et agissent par manque.
Les produits stupéfiants, qui entraînent une dépendance, ont un point commun : celui d'augmenter la quantité de dopamine, neuromédiateur agissant sur une zone du cerveau appelée le « circuit de récompense ». C’est cette zone qui est stimulée et nous donne du plaisir chaque fois que nous agissons dans le sens de notre conservation ou de la survie de l’espèce : le plaisir de manger ou le plaisir sexuel par exemple.
La stimulation des neurones à la dopamine produit une sensation de plaisir intense. L'individu cherchera alors à ressentir de nouveau ce plaisir avec le ou les produits utilisés. Ce mécanisme explique les comportements de consommation répétitive qui conduisent à la dépendance. Mais en sollicitant anormalement le circuit de récompense, les produits stupéfiants peuvent engendrer à terme son déséquilibre permanent.
Les autres neuromédiateurs impliqués sont principalement les endomorphines, les endocannabinoïdes, la noradrénaline, la sérotonine, l’acétylcholine et le GABA.