Manchester City va construire un centre de formation ultramoderne dans lequel il veut appliquer la méthode barcelonaise. Pour quelle philosophie de jeu?Le 22 décembre dernier, le Conseil municipal de Manchester a donné son feu vert à Manchester City pour la construction d’un nouveau centre de formation et d’entraînement, qui couvrira 32 hectares pour un coût avoisinant les 100 millions de livres (lire l'article de la BBC et voir les images sur le site du club). Des diverses méthodes envisagées par les clubs pour reproduire le succès du centre de formation de Barcelone, La Masia, celle adoptée par les Citizens est peut-être la plus audacieuse de toutes. Si La Masia – désormais appelée Masia-Centre de Formació Oriol Tort depuis son emménagement sur un nouveau site en juin 2011 – s’est développée et que diverses infrastructures de par le monde ont été rénovées et modernisées au fil du temps, City est le seul club qui tente de surimposer tout un complexe de formation ultramoderne à une Academy donnant déjà entière satisfaction.
City, héritier du Barça et de l'Ajax ?Tandis que l’équipe première progresse d’année en année et que les règles du fair-play Financier de l’UEFA se profilent à l’horizon, la formation de talents locaux va devenir une source de préoccupation grandissante. Une philosophie "maison", telle qu’elle est inculquée à Barcelone, est actuellement la référence pour un club très ambitieux comme City. "Il est naturel de vouloir s’inspirer des philosophies et des clubs qui ont réussi dans la formation et Barcelone, en football, est ce qui se fait de mieux", a déclaré Brian Marwood, l’administrateur général du club. L’espoir, in fine, étant que ce modèle produise une nouvelle équipe de City qui se développera en partageant les principes dont tout élève de La Masia est imprégné.
Néanmoins, le réputé système barcelonais n’est véritablement né qu’en 1979, et c'est une copie. Johan Cruyff fut le moteur de la refonte du système de formation du club, qu’il souhaitait similaire à celui de l’Ajax, son club formateur. Lorsque Cruyff devint l’entraîneur de Barcelone en 1988, le premier joueur formé à la Masia, Guillermo Amor, était prêt à débuter en équipe première. Pep Guardiola et Carlos Busquets suivirent en 1990. Guardiola, qui croit plus que quiconque dans ce système qui l’a formé, n’a pas perdu de temps pour triompher avec une nouvelle génération. Les propriétaires de City (l'Abu Dhabi Group) seraient avisés de ne pas escompter un retour rapide sur leur considérable investissement. Ils devraient surtout se demander s’il est seulement possible de cloner le système barcelonais sans la vision personnelle d’une figure emblématique pour porter le projet.
Le choix des CitizensL’établissement d’une sorte d’idéologie centrale a été primordial dans le succès du Barça. Toutefois, si le tiki-taka est actuellement en vogue, il pourrait ne plus l’être dans quelques années, le football tendant à constamment évoluer. Les règles changent et les entraîneurs développent sans cesse de nouveaux dispositifs pour contrer les meilleures équipes. Si aucun club ne semble actuellement en mesure de stopper la domination du Barça, ce constat valait également pour le Milan AC d’Arrigo Sacchi en 1990. Alors que le Real Madrid se rapproche du Barça, il se pourrait bien, à l’avenir, que ce dernier doive sacrifier le style au profit des résultats.
City a le choix entre deux voies divergentes. La première serait d’imiter une formule éprouvée, tout en sachant que les résultats ne seront pas instantanés. La seconde consisterait à utiliser le centre de formation comme semblent le faire la plupart des autres clubs de Premier League, à savoir favoriser l’éclosion, très tôt, de jeunes joueurs durs sur l’homme, qui courent beaucoup et "ne ménagent pas leurs efforts", renforçant ainsi les mauvaises habitudes du football anglais, mais avec plus d’efficacité que quiconque.
Le succès du centre de formation dépendra de la façon dont le club aura défini sa philosophie. L’Academy pourrait former son propre David Silva et se concentrer sur un type de joueur spécifique pour l’intégrer à une équipe avec un style de jeu bien particulier. À l’inverse, elle pourrait recruter des jeunes aux caractéristiques très variées, de l’arrière central écervelé et athlétique au milieu de terrain sachant attaquer et défendre. Ces deux approches produiraient des équipes de City très différentes. Barcelone a beau être la référence de choix pour City, reproduire la réussite de La Masia nécessitera davantage que des pétrodollars et des ambitions.