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Dans le secret d'un sacre
Premier président de l’histoire de la FFF à être issu du monde professionnel, Noël Le Graët a aussi gagné car Fernand Duchaussoy a perdu. Incarnant, à tort ou à raison, le laisser-aller général au sein de la FFF (affaires des primes et des quotas), le président sortant n’a pas su convaincre l’assemblée fédérale. « Le sujet le plus important pour les clubs pros, c’est la prochaine négociation des droits télé, souligne Bernard Caïazzo, le président de Saint-Etienne. On veut avoir un vrai management à la Fédération. Et tout le monde le dit : Duchaussoy n’a pas la carrure. On n’a pas fait un vote de copinage mais de raison. »
Or ce sont les 44 clubs pros représentant 37 % des voix qui ont fait basculer le vote. Le Graët a réussi à obtenir 30 à 32 % sur 37 %, quasiment le plein. Alors qu’une dizaine de formations de Ligue1 et une autre dizaine de Ligue 2 étaient censées voter Duchaussoy, comme nous l’avions écrit cette semaine, cinq clubs au minimum dans chaque division ont changé d’avis. Parmi l’élite, seuls Lille, le PSG et Rennes ont maintenu leur choix. « Je suis triste pour Fernand qui est un copain mais c’est la victoire du monde professionnel, observe Gervais Martel, le président de Lens. En France, on parle souvent de l’Appel du 18juin. On se souviendra longtemps de CE 18 juin 2011 ». Le Lensois fait partie de ceux qui ont tourné casaque.
Platini s’en serait mêlé
Le renversement (Le Graët en avait été victime onze ans plus tôt à la Ligue) s’est opéré vendredi lors d’un dîner réunissant 25 présidents de L1 et L2 à la Casa Luca, un restaurant près des Champs-Elysées, repas initié par Jacques Rousselot, Bernard Caïazzo et Jean-Pierre Louvel, les têtes pensantes de l’UCPF, le syndicat des clubs. Au menu, la volonté de faire bloc derrière Le Graët et de dénigrer Robin Leproux. Le président du PSG, présent sur la liste de Duchaussoy mais absent autour de la table, a joué le rôle de repoussoir. Michel Platini, ami de Jacques Lambert, partisan de Le Graët, aurait même joint personnellement Margarita Louis-Dreyfus (Marseille) et le prince Albert (Monaco) pour s’assurer du vote de ces deux clubs.
L’élection a définitivement basculé hier peu avant 11 heures. Chaque candidat avait droit à dix minutes de présentation. Passant juste après Duchaussoy, le président de Guingamp a ébloui l’assistance en prononçant un discours plein de souffle et de passion. Simple spectateur de l’élection, Bernard Bacourt, ancien trésorier et vice président de la FFF, livrait son verdict en regardant la salle : « Ces mecs-là, ils fonctionnent aux sentiments, à la tripaille et Le Graët a été fantastique dans ce domaine-là. Ça marche à tous les coups et ça donne ce résultat. »
Le ParisienAutant Kombouaré semble avoir de nombreux soutiens dans le monde professionnel, autant Leproux semble complètement marginal et pas du tout apprécié par les autres présidents. Son départ ne manquera pas à grand monde