Sans grand enjeu sportif, ce second Clasico de la semaine a malgré tout offert au Barça une occasion de se refaire. Mais même s’il avait déjà la tête tournée vers Old Trafford, le Real Madrid a pris le temps de faire un match sérieux devant son public. Soit une performance suffisante pour à nouveau prendre le dessus sur son rival…
Sans surprise, José Mourinho avait largement fait tourner son effectif pour ce match. Par rapport à la formation victorieuse à Barcelone mercredi, le coach du Real avait procédé à sept changements, ne conservant que Ramos, Varane, Coentrao en défense et Diego Lopez dans les cages. Petite surprise au coup d’envoi, alors que Pepe était annoncé en défense centrale et Ramos côté droit, c’est finalement Essien qui a pris le couloir, envoyant le Portugais dans l’entrejeu aux côtés de Modric (Diego Lopez – Essien, Varane, Ramos, Coentrao – Pepe, Modric – Callejon, Kaka, Morata – Benzema).
Côté barcelonais, Cesc Fabregas a fait les frais du retour de David Villa dans le onze de départ. Dans l’entrejeu, Thiago remplaçait poste pour poste Xavi, blessé pour quelques jours. Derrière, Mascherano prenait lui la place de Puyol (Valdés – Alves, Piqué, Mascherano, Alba – Busquets, Thiago, Iniesta – Pedro, Messi, Villa).
Pas de surprise non plus à signaler au cours des premières minutes de jeu : malgré les nombreux changements, le Real conservait l’approche tactique qui lui avait permis d’éteindre le Barça en milieu de semaine. Kaka et Benzema travaillaient à hauteur de Busquets. Derrière, les deux milieux de terrain axiaux serraient le marquage sur Iniesta (Pepe) et Thiago (Modric) lorsque le Barça redémarrait de Victor Valdés.
Dans les couloirs, Morata-Coentrao à gauche et Callejon-Essien à droite suivaient le mouvement, tout comme Ramos et Varane qui n’hésitaient pas à sortir sur Messi si nécessaire. L’ouverture du score madrilène est d’ailleurs intervenue sur un pressing gagnant de Ramos sur l’Argentin. Le défenseur a ensuite directement joué sur Morata côté gauche. Le jeune attaquant madrilène a fait la différence en un-contre-un face à Alves pour offrir le premier but de la partie à Benzema (6e).
En revanche, dès que le bloc catalan atteignait le milieu de terrain, les Madrilènes relâchaient la pression. La première ligne Kaka-Benzema se contentait de fermer l’axe afin de protéger Modric et Pepe qui reprenait le travail de Xabi Alonso-Khedira entre les lignes ; à l’inverse de Özil ou Higuain, Kaka et Benzema ne sortaient pas sur les passes en retrait barcelonaises (un travail qui permettait au bloc madrilène de remonter mercredi).

Le 4-4-2 du Real Madrid : Benzema et Kaka face à la relance barcelonaise, Modric, Pepe, Morata et Callejon face aux joueurs de transition.
Cette situation a permis à Iniesta et Thiago de trouver des espaces en décrochant à hauteur de Busquets et ainsi de se rendre disponibles sur les premières passes. L’attentisme de la première ligne madrilène permettait au Barça de faire tourner le ballon au milieu de terrain. Toutefois, le bon positionnement du quatuor Kaka-Benzema-Modric-Pepe limitait les possibilités dans l’axe, que ce soit vers Messi ou vers le second milieu de terrain (Iniesta ou Thiago).
Dans les faits, cette organisation tactique du Real a repoussé la construction catalane dans les couloirs. Sur leurs prises de balle, Thiago et Iniesta étaient renvoyés vers les extérieurs, faute de solutions dans l’axe. A trois contre trois dans les couloirs (Morata-Modric-Coentrao vs Alves-Thiago-Pedro ou Callejon-Pepe-Essien vs Alba-Iniesta-Villa), les Madrilènes s’imposaient de s’imposer dans les duels en misant sur leur supériorité athlétique.
Callejon et Morata travaillaient pour couper la relation entre les deux joueurs de couloir. Modric et Pepe coulissaient eux sur la largeur afin de compenser les surnombres que pouvaient créer Thiago et Iniesta dans ces zones. L’ailier opposé à l’action suivait le déplacement des deux axiaux pour fermer l’axe, ne concédant du coup des espaces que sur l’autre aile. Exemple : en cas de ballon côté droit, Morata bloquait la relation Alves-Pedro ; Modric suivait les déplacements de Thiago afin d’empêcher la création d’un triangle entre les trois Barcelonais. Derrière, la défense couvrait la profondeur ; dans l’axe, Pepe et Callejon coulissaient pour fermer le coeur du jeu.
Après quelques minutes compliquées, marquées par l’ouverture du score de Benzema, les Barcelonais sont parvenus à se sortir de cette pression madrilène sur les côtés. Ils ont profité de l’absence de pressing de Kaka ou Benzema pour revenir en retrait afin de s’ouvrir tout le terrain pour renverser le jeu côté opposé. Iniesta et Thiago changeaient aussi de zones de manière à perturber le marquage de Pepe et Modric.
A la retombée des transversales, des deux-contre-deux se jouaient : Villa-Alba et Essien-Callejon sur l’aile gauche du Barça, Pedro-Alves et Coentrao-Morata côté droit. Malheureusement pour les Catalans, les deux jeunes attaquants du Real ont été sérieux dans le repli et ont permis à leurs latéraux de contenir ces phases de jeu. Qui plus est, les deux Barcelonais décalés souffraient d’un manque de soutien de la part de leurs partenaires, que ce soit pour offrir des solutions dans l’axe ou pour prendre la profondeur.
Le but égalisateur, inscrit par Messi, a d’ailleurs fait figure d’exception, puisqu’il est intervenu sur l’un des rares appels en profondeur de l’Argentin. A l’origine de l’action, Alves a surpris tout le monde en brisant le circuit habituel (recherche de Thiago dans l’entrejeu ou Pedro sur l’aile) pour lancer directement Messi dans l’espace. Parfaitement servi, ce dernier a ensuite fait la différence face à Ramos pour remettre les deux équipes à égalité (18e).

L'origine du but barcelonais : au lieu de rester sur l'aile, Alves rentre à l'intérieur et s'ouvre un angle de passe entre Modric et Coentrao, qui s'attendaient à devoir fermer le couloir.
En réponse aux multiples changements de jeu du Barça, les Madrilènes ont changé leur approche en faisant reculer Kaka à hauteur de Pepe et Modric. Au lieu d’une ligne de quatre, le Real présentait du coup une ligne de cinq dans l’entrejeu, capable de diminuer les chances barcelonaises de créer des situations « dangereuses » sur les ailes (deux-contre-deux à la retombée des transversales).

Le Real en 5-4-1 : autant pour réagir aux changements de jeu barcelonais que pour répondre aux décrochages de Messi, redevenu joueur de transition en cours de match.
S’il a bien bloqué les attaques placées du Barça, ce système était vulnérable face au pressing catalan lorsque ce dernier était déclenché au bon moment. Une bonne sortie de Villa a d’ailleurs abouti à la deuxième grosse occasion de match pour les visiteurs (Messi, 32e). Mais comme le but de l’Argentin, cette phase de jeu a fait figure d’exception.
Car les Madrilènes avaient la parade pour ne pas subir la pression catalane : avec Morata sur l’aile gauche, Kaka dans l’axe ou Pepe côté droit, le Real comptait trois joueurs efficaces dans les airs à cibler sur ses relances. Très souvent, celles-ci sont passés par Diego Lopez qui a allongé pour atteindre ses partenaires dans le camp barcelonais. Les Madrilènes cherchaient ensuite à être présents sur les seconds ballons, afin d’enchaîner dans le camp adverse.
Peu après l’heure de jeu, José Mourinho a réalisé un double changement dans le but de renouveler sa première ligne défensive, comme il l’avait fait en Coupe du Roi. Kaka et Benzema ont cédé leurs places à Ronaldo et Khedira. Morata a laissé l’aile gauche au Portugais pour s’installer en pointe et Modric a repris le poste de Kaka pour permettre à Khedira de prendre place dans l’entrejeu. Plus actif au pressing, le Croate a permis au Real d’évoluer plus haut dans la dernière demi-heure.

Le repositionnement de Modric : reprenant le registre de Özil mercredi dernier, le Croate est souvent sorti sur les relances barcelonaises, afin de permettre à Khedira et Pepe d'évoluer plus haut.
Un faux-rythme a alors succédé à un autre. En première mi-temps, il était autant dû à un Barça incapable d’accélérer qu’à un Real bien décidé à l’attendre dans sa moitié de terrain. Après le repos, la tension, à défaut d’enjeu, a pris le pas sur le jeu et la partie a souffert de fautes à répétition. Le but de Ramos, fort sur le plan de la symbolique, est venu récompenser la meilleure des deux équipes.