Citation
Lens, pépinière de l’Atlético ?
Le leader de la Liga travaille depuis plusieurs semaines pour acquérir les parts d’Hafiz Mammadov, propriétaire du club artésien.
JOËL DOMENIGHETTI et FRÉDÉRIC HERMEL
À la recherche d’investisseurs pour combler son déficit annuel d’exploitation (10 M€), le RC Lens est peut-être en mesure de trouver une issue favorable à son interminable quête de liquidités. Depuis plusieurs semaines, dans la plus grande confidentialité, l’Atlético de Madrid tente de racheter les parts détenues par Hafiz Mammadov, actionnaire azerbaïdjanais ultra majoritaire (99,9 %) du club artésien. Les discussions sont menées par le directeur général Miguel Angel Gil Marin, l’un des fils du président historique, Jesus Gil, dont la famille est majoritaire au capital. Un intermédiaire est également mandaté.
« C’est un dossier extrêmement compliqué, mais oui je vous confirme la réalité des négociations de longue date », nous a indiqué hier un responsable du club madrilène. Selon nos informations, une offre verbale a été formulée.
Après l’intérêt officiel de Grégory Maquet, homme d’affaires bruxellois, qui n’a toujours pas obtenu de rendez-vous ou de retour de Mammadov, cette piste ouvre une vraie perspective, même si la vente n’est pas encore actée. Selon une source interne, le club du Pas-de-Calais est également observé par des investisseurs qatariens. Pour rappel, il doit récupérer un peu plus de 5 M€ pour renflouer sa trésorerie avant la fin du mois.
MAMMADOV TOUJOURS AUX ABONNÉS ABSENTS
Toujours silencieux, Mammadov fait pourtant toujours parler de lui. Ses soucis politiques et financiers continuent d’alimenter les médias locaux. Ce lundi, la banque centrale d’Azerbaïdjan a indiqué avoir retiré la licence d’exercice d’une activité bancaire à la Bank of Azerbaidjan, établissement privé dont Hafiz Mammadov préside le conseil de surveillance. Elle ne disposerait plus du capital minimum requis par les autorités. Dans ces circonstances, l’homme d’affaires serait pressé par l’État d’Azerbaïdjan, soucieux de protéger l’image du pays, de céder ses parts.
Dans ce contexte, le président du RC Lens, Gervais Martel, qui possède une minorité de blocage, a obtenu audience auprès de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) pour présenter une offre de reprise : il s’agit de celle de l’Atlético, à condition que cette dernière soit écrite et concrète. Cette saison, le slogan véhiculé par l’Azerbaïdjan, « Land of Fire », ne flotte plus sur le maillot des Colchoneros comme c’était le cas depuis 2013. Car l’État du Caucase, qui se sert du sport pour faire du lobbying, serait débiteur de plusieurs millions d’euros. De quoi faciliter la cession du RC Lens ?
L’ATLÉTICO A LES MOYENS D’INVESTIR
Le club émergent de Madrid est aujourd’hui une entreprise en meilleure santé financière. Depuis deux ans, la priorité était donnée à son désendettement. De plus de 400 M€, les dettes ont fondu de moitié. Les recettes de la Ligue des champions ont en partie comblé ce trou, notamment la finale de 2013 et le quart de finale de la saison passée qui ont respectivement rapporté 60 M€ et 25 M€. Mais, surtout, le club espagnol s’est mis plus en conformité avec la DNCG espagnole qui le menaçait de rétrogradation si son passif ne s’allégeait pas. Les dettes fiscales sont désormais estimées à 70 M€, quand les créances bancaires se montent à 8 août 2015 : premier match du RC Lens dans le stade BollaertDelelis rénové (1-1 contre le Red Star). 130 M€. Un endettement jugé désormais « supportable » par l’instance de contrôle, l’Atlético étant notamment propriétaire de son stade Vicente-Calderon.
Par ailleurs, en janvier 2015, le groupe immobilier chinois Wanda a racheté 20 % du capital et injecté 45 M€ d’argent frais. L’arrivée de Wanda, tout comme la perspective du nouveau stade La Peineta (2018), qui permettra de récupérer une forte plus-value sur la revente des terrains de Vicente-Calderon, préfigurent la montée en puissance des Colchoneros. Pour preuve, la saison passée, la prolongation de contrat jusqu’en 2020 de l’entraîneur Diego Simeone, convoité par les grands clubs européens, mais qui a cru au projet sportif et à ce nouveau pouvoir financier.
Avec un budget annuel de 180 M€, des droits télé mutualisés revus à la hausse et d’excellents résultats sportifs (premier de la Liga actuellement), l’Atlético a les reins solides et peut envisager, à moyen terme, une politique ambitieuse d’expansion. Le rachat du club artésien et de son centre de formation s’inscrit probablement dans cette optique. Cette opération lui permettrait de s’introduire sur le marché français et de puiser, le cas échéant, dans le vivier de la Gaillette, le centre de formation situé à Avion (Pas-de-Calais).
Article signé Hermel. Martel qui présente le dossier donc serait toujours impliqué. Je sens qu'on va encore se marrer.