Citation
Aimantés par la gloire
Réduit à dix, rejoint au score, le PSG s’est imposé dans les derniers souffles du match. Plus que jamais, il dégage la force d’un champion.
MATCH APRÈS MATCH, il y a comme un destin parisien qui prend corps. Le spectacle d’une énergie irrésistible, où chaque moment clé, finalement, bascule du même côté. L’égalisation contre Montpellier (2- 2, le 19 février) à la 87e minute ; celle à Lyon (4-4, le 25), arrachée dans les vingt dernières secondes du match. À ces refus enragés de la défaite s’est ajoutée, hier, une victoire à Dijon dans le temps additionnel, au bout d’un contre dévastateur de Ménez, ponctué par Gameiro (2-1, 90e + 1). Il s’agit du septième but inscrit par Paris, cette saison, au-delà du temps réglementaire.
Dix petites semaines et onze énormes journées. Voilà le chemin qu’il reste à parcourir au PSG de Qatar Sports Investments, de Leonardo, d’Ancelotti et de Sakho pour déverrouiller un palmarès en Championnat cloisonné aux sacres de 1986 et de 1994. Dans les minutes qui suivirent la victoire, Ancelotti n’a pu réprimer un petit sourire : « C’est peut-être le signe que c’est la bonne année pour Paris… » À cet instant, alors que le « Mister » vantait « la bonne ambiance qui anime ce groupe » , les cris d’une joie furieusement ambitieuse s’échappaient toujours du vestiaire parisien.
Ménez : « Même à dix, on sentait qu’on pouvait gagner »
Pour étirer à un douzième match d’affilée son invincibilité en L 1 et se rapprocher un peu plus de la prochaine Ligue des champions, le PSG a dépassé deux contrariétés, hier. La première découla de l’expulsion de Sissoko (41e), après un duel où sa fougue emporta sur son passage le gabarit moins épais de Bauthéac. Paris se réorganisa alors en 4-2-2-1, Pastore reculant dans la zone de Matuidi.
Ce fut d’ailleurs de cette position assez basse que l’Argentin distilla l’ouverture profonde qui aboutit au but de Tiéné (1-0, 49e), ce défenseur discret qui – autre signe du destin ? – n’aurait sans doute jamais inscrit son premier but avec le PSG (en 67 matches) si Maxwell ne s’était pas blessé à une cuisse, le dimanche précédent, face à L’AC Ajaccio (4-1).
L’autre vent contraire souffla quand Dijon égalisa sur corner (1-1, 76e). Sur les onze derniers buts encaissés par le PSG en L 1, c’est le huitième à venir d’un coup de pied arrêté. « C’est difficile à expliquer » , souffla Ancelotti, qui savait bien que l’essentiel, hier, était ailleurs, dans cette maîtrise sereine du jeu, à onze comme à dix. Paris aura cependant mis du temps avant de peser dans la surface adverse, à l’image d’une frappe rasante de Pastore qui aurait pu être plus mordante (12e).
« Même à dix, on sentait qu’on pouvait gagner, dira Ménez, auteur de sa dixième passe décisive en L 1. On a beaucoup dit que le PSG ne jouait que par à-coups, en se reposant sur des individualités. Ce soir, on a montré qu’on formait une équipe. » Une équipe qui a cultivé à Dijon ses certitudes techniques, tactiques, sa capacité à ne pas s’affoler, mais aussi à hausser le ton pour aller faire bouger un score.
Ce matin, cinq jours avant de se déplacer à nouveau, à Caen, Paris reste leader. Et il l’a confirmé, hier : il est aussi un tueur.
JÉRÔME TOUBOUL
Citation
55,6 % Le PSG a encaissé quinze buts sur coup de pied arrêté, sur un total de vingt-sept, soit 55,6 %, c’est le ratio le plus élevé en L1 cette saison (devant Nancy, 52,8%). Huit des onze derniers buts encaissés par le PSG en L 1 ont eu lieu sur phase arrêtée.
12 Le but de Steven Paulle est le douzième encaissé de la tête par les Parisiens en L 1 cette saison. Seul Dijon (14) en a concédé plus de cette façon. Opta
Citation
Gameiro, l’autre survivant
Il restait deux minutes quand l’attaquant, sorti du banc, a donné la victoire au PSG. Revenant dans la lumière, comme Hoarau avant lui.
SOUDAIN, LE BANC PARISIEN s’est levé, aspiré par la vitesse de la contre-attaque conduite par Jérémy Ménez (90e + 1). Puis, quand l’ancien Romain (2008-2011) décala Kevin Gameiro sur sa droite, il y eut une poignée de secondes où tout Paris retint son souffle. Drôle d’instant, où l’avant-centre se mua en funambule. Soit, fragilisé par ses doutes et la perte récente de son statut de titulaire, il échouait, plongeant alors dans des tourments dont on se relève difficilement. Soit il restait en équilibre, lucide, et il marquait le but de la victoire, son onzième de la saison en L 1.
À l’issue du match, Gameiro est resté muré dans le silence qu’il s’impose depuis plusieurs semaines. Salvatore Sirigu, lui, est venu parler de cet instant brûlant où le PSG, au vu de la victoire de Montpellier contre Caen (3-0), jouait son statut de leader. « Je pensais que Kevin avait mal contrôlé son ballon car le terrain était mauvais dans cette zone, témoignera le gardien italien. Mais, quand il a marqué, ce ne fut pas seulement de la joie. Je me suis aussi dit : putain, il reste encore deux minutes… »
Entré en jeu à la 79e minute à la place de Guillaume Hoarau, Gameiro a joué à son tour au héros, dans le sillage d’un Réunionnais aux finishs décisifs contre Montpellier (2-2, le 19 février) et Lyon (4-4, le 25). « J’ai lancé Gameiro pour utiliser sa vitesse dans la profondeur, racontera Carlo Ancelotti. Je savais que, dans sa tête, il était prêt pour marquer. » « Kevin a répondu présent, comme tout le groupe, enchaînera Ménez. Ce but est un moment fort, le genre de moment pour lesquels on joue au foot. »
Ces derniers temps, Gameiro a beaucoup perdu : un statut de titulaire à Paris et de numéro 2, derrière Benzema, en équipe de France. Il n’est pas sûr d’aller à l’Euro (8 juin-1er juillet) ni de rester au PSG, dont il n’a pas voulu partir lors du mercato de janvier, alors que le club draguait Alexandre Pato et Carlos Tévez. Il vit un moment difficile et incertain. Mais, hier, par son but, c’est comme s’il avait voulu dire non aux ombres qui l’entourent. – J. T.
Citation
BISEVAC PRÊT POUR CAEN. – Des trois joueurs blessés à une cuisse et absents, hier, à Dijon, Milan Bisevac est le seul qui reviendra à coup sûr dans le groupe qui se déplacera à Caen, samedi prochain. Pour Mathieu Bodmer, c’est du 50-50. Quant à Maxwell, il reviendra soit pour affronter Lyon en Coupe de France (le 21 mars), soit pour la venue de Bordeaux en L 1 (le 25). Par ailleurs, six Parisiens ont fait l’objet d’un contrôle anti-dopage à l’issue du match à Dijon : Sakho, Hoarau, Sirigu, Chantôme, Armand et Sissoko. – J. T.
Citation
21 SUPPORTERS DU PSG À GASTON-GÉRARD.– Conséquence des derniers incidents observés à Lyon (4-4, le 25 février), qui faisaient suite à divers remous depuis le début de la saison : seuls les déplacements encadrés par le club parisien sont désormais autorisés. De plus, la préfecture de la Côte-d’or avait pris un arrêté restreignant la liberté de circulation des supporters du PSG venus sans billet pour le match. Résultat : seuls vingt et un fans parisiens, encadrés par six stadiers, se sont rendus en Bourgogne, hier. – J. T.
Citation
La foudre Ménez
L’HOMME CLÉ
MÉNEZ, PARIS-SG (8). – Son accélération sur soixante mètres, au début du temps additionnel (90e + 1), a dévasté ce qu’il restait de la défense dijonnaise, avant que sa passe décisive pour Gameiro ne fasse oublier le contre qu’il avait gâché plus tôt (54e). Par ailleurs auteur de trois frappes et précieux dans son implication défensive.
ILS ONT ASSURÉ
Buteurs revenus de nulle part, TIÉNÉ (7), généreux et clairvoyant, et Gameiro (non noté), plein de sang-froid, ont montré leur mental. Avant son expulsion discutable, SISSOKO (non noté) avait alterné puissance dans les duels et relances justes. À ses côtés, MATUIDI (7) a été très accrocheur. Solide dans son rôle d’appui, HOARAU (6) a offert une passe décisive à Tiéné (49e). PASTORE (6), à la précision inégale, a déclenché l’action du premier but. Derrière, SAKHO (7) a été très autoritaire. À Dijon, CORGNET (7), très actif, a ajusté une belle reprise boxée par Sirigu (34e) et dévia le ballon sur le but de la tête de PAULLE (5). KAKUTA (6), remuant, frappa le corner qui permit à Dijon d’égaliser (76e). À gauche, BAUTHÉAC (6) a souvent débordé et délivré des centres dangereux.
ILS ONT DÉÇU
Dans une défense dijonnaise soumise à quelques secousses, VARRAULT (3) a souffert, ainsi que DIABATÉ (3), sorti à la mi-temps. Entré à la 46e minute, ZAROUR (3) a été effacé par Hoarau sur le but de Tiéné (49e). Au milieu, on n’a pas trop vu BÉRENGUER (4). Même s’il a bougé, NENE (5) a eu une influence limitée dans les trente derniers mètres. CEARA (4) a été combatif, mais techniquement dur à suivre. Nerveux, ALEX (5) a été moyen dans les duels en première période, avant de retrouver de l’impact. – P. S. et J. T.
Citation
Seul le jeu devra trancher
AU MOMENT DE son intervention pour disputer un ballon à Éric Bauthéac, rien ne semblait justifier l’expulsion directe de Mohamed Sissoko. La sortie du milieu parisien aurait pu gripper le jeu de son équipe, tant il avait affiché de l’envergure dans les duels mais aussi dans sa façon d’aiguiller les relances. Cette exclusion n’a finalement pas eu de conséquence. Contre un rival d’un autre standing, le match aurait pu basculer à la suite de cette décision sévère que se fit expliquer Ancelotti à la mi-temps. Comme un penalty, une expulsion n’est pas une décision banale et les rouges à venir pourraient peser de plus en plus lourd dans le mano a mano entre Paris et Montpellier. Seul le jeu devra trancher qui des deux remportera le titre. Le jeu, pas les arbitres.
JÉRÔME TOUBOUL
L'Equipe