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Football : David Bechkoura revient sur son expérience au PSG
Ancien formateur d’Adrien Rabiot ou Kingsley Coman, le Normand David Bechkoura revient sur les onze années enrichissantes qu’il a passées au PSG, avant de se retrouver au chômage cet été.
En onze ans au Paris Saint-Germain, David Bechkoura (46 ans) n’a pas vraiment vu le temps qui passe. A la formation, le natif d’Elbeuf y a enchaîné les titres (champion de France U19 en 2006, 2010 et 2011 ; champion de France U17 en 2016). Avec la réserve (CFA), il a beaucoup appris. Aujourd’hui, le voilà sans rien, au chômage : en juin dernier, son contrat n’a pas été prolongé à la surprise générale. Alors il s’occupe, à travers un programme (« Dix Mois Vers l’Emploi », DMVE), mis en place par l’UNECATEF. Le Normand y fait de la formation « périphérique au football » (anglais, media training, informatique, etc.), en compagnie d’autres confrères qui se trouvent dans la même galère. Mais ça ne vaut pas le vrai terrain, qu’il aspire à retrouver au plus vite. Avec fougue et énergie.
Ça fait quoi d’être au chômage quand on a passé un paquet d’années à vivre du football ?
David Bechkoura : « C’est une sorte de remise en question. Ça doit arriver à pas mal de personnes dans ce milieu. Je fais des choses que je ne pouvais pas faire avant, et puis ça me permet de passer plus de temps avec mon fils. Je me ressource, aussi. Parce que c’est vrai que quand on est onze ans la tête dans le guidon, on a du mal à lever le nez. Je pense que ça va faire du bien de repartir avec une nouvelle énergie. Je ne prends pas peur, ce n’est pas ça, mais ce que je ne veux pas, c’est que ça dure. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est d’aller de l’avant. »
On vous a expliqué pourquoi on vous faisait partir du PSG ?
« Non. Enfin, les explications n’étaient pas rationnelles. Le football est ainsi fait. Il y a des moments où ça sourit et d’autres non. Quand on commence dans un club, il y a un début et une fin. Je suis déçu de l’issue, oui, par rapport à comment les choses se sont passées. Mais qui sait, peut-être qu’un jour je retournerai à Paris... »
Vous avez reçu le soutien de George Weah et ça, ce n’est pas donné à tout le monde...
« J’ai eu la chance de connaître George et c’est vrai que ça m’a fait plaisir qu’il prenne les devants, qu’il donne son sentiment au président. »
Quelles relations avez-vous eues avec les différents entraîneurs qui se sont succédé à la tête de l’équipe première ?
« La formation est là pour alimenter le groupe pro, donc quand ils avaient besoin de joueurs, ils nous demandaient. J’ai beaucoup appris aux côtés de Carlo Ancelotti. Il a amené un nouveau souffle, de la sérénité, de nouvelles technologies et un savoir-faire super intéressant. Au-delà de l’entraîneur, c’est un très grand monsieur. »
« Zorzetto m’a donné envie de me tourner vers ce métier-là »
Vous avez eu sous vos ordres beaucoup de joueurs reconnus aujourd’hui...
« Je suis arrivé en 2005-2006. Il y en a beaucoup qui ont signé pro cette année-là, comme Sakho, Chantôme, Ngog, Sankharé... Et puis après, d’autres sont arrivés. Les plus récents, ce sont Kingsley Coman, Adrien Rabiot, Alphonse Areola... Aujourd’hui, quand on regarde l’équipe de France, elle est en train de se profiler avec des joueurs qu’on a formés. Ça veut dire qu’on a fait du bon travail. Adrien, je l’ai parfois au téléphone. Sa mamam m’appelle aussi. Elle est très attentive à mon parcours et elle trouve ça dommage que je sois sans club aujourd’hui. »
Jusqu’où peut aller Adrien Rabiot ?
« Est-ce qu’on doit donner des limites à un joueur ? Je ne pense pas. C’est quelqu’un de très intelligent, qui sait ce qu’il veut. Il est très simple mais derrière ça, il a un mental énorme. Certains le découvrent mais quand on l’a vu au quotidien, on sait que c’est un garçon qui a plein de talent. Il va encore étonner beaucoup de monde. »
À l’inverse, vous avez vu des joueurs qui n’ont jamais réussi à faire parler leur talent ?
« Il y en a un qui est très doué mais qui ne fait pas la carrière qu’il aurait due. C’est le petit (Hervin) Ongenda. Je l’ai vu chez les jeunes, il était phénoménal ! Il a toutes les capacités : il peut jouer dans les lignes, il est doté d’une technique fine, capable de marquer... Mais peut-être qu’il n’a pas toujours fait les bons choix extra-sportifs. »
Un joueur vous a-t-il plus marqué que d’autres ?
« Je ne vais pas en ressortir un, parce que chacun m’a apporté des choses. J’ai une relation particulière avec Sankharé par exemple. Quand je suis arrivé, on m’a dit : ça va être compliqué avec lui. Mais j’ai pris cette mission-là comme quelque chose de vachement important, puis on a tissé des liens. Quand il a eu des doutes, il a souvent appelé son formateur. Je pense qu’on est aussi là pour redonner de la confiance. C’est nous qui les connaissons le mieux, finalement. On est au courant de leurs histoires. »
Votre histoire à vous, elle a débuté en Normandie. Quels souvenirs gardez-vous des différents clubs où vous avez joué ici (Evreux, Pacy, Rouen, Dieppe) ?
« J’ai d’abord vécu de très belles années à Pacy. On est parvenu à monter en National, avec des tours de Coupe extra, comme contre Fécamp ou Montpellier, à Diochon [...]. J’ai aussi aimé mon parcours quand j’étais plus jeune, à la formation de Rouen. J’y ai côtoyé Arnaud Dos Santos, Daniel Zorzetto. C’est d’ailleurs ce dernier qui m’a donné envie de me tourner vers ce métier-là. »
Pourquoi ?
« Parce que je me retrouvais dans son approche. Il était capable d’être très exigeant sur le terrain et très paternaliste en dehors. Je m’en suis inspiré. »
On vous croise encore de temps en temps à Diochon...
« Je garde mes racines, qui sont profondément normandes. Je suis tout ce qui se passe ici. J’ai un peu plus de temps pour voir les matches. Je vais voir des rencontres de DH (Rouen-Pacy), de National, je suis allé au Havre pour de la L2... Je me promène sur tous les terrains pour garder contact avec le foot. »
Paris Normandie
J'espère qu'il saura rebondir