Citation (elcuervo @ 09/05/2016 17:26)

La mediocrite provinciale dans toute sa splendeur.
Et toi t'es quoi, un chambellan ?
Citation (Varino @ 09/05/2016 20:29)

Nan je parle des medias. C'est de voir la une de

du jour qui m'a fait poster. Ce que tu dis es vrai et c'est un bon club, mais t'a l'impression qu'ils ont fait un truc de dingue sur les dernieres semaines.
C'est l'effet stade qui fait ça. A peu près tous les gens présents vendredi soir ont vibré, qu'ils soient journalistes, consultants ou simples supporters. Il y a une phrase dans l'équipe justement qui décrit parfaitement ce qui s'est passé lors de ce match: "Il y a dans ce stade quelque chose d'une férocité, un vacarme qui monte à la tête, une cruauté d'arène romaine."
Très bel article de Libé également:
Lyon, les codes primairesPar Grégory Schneider, Envoyé spécial à Décines (Rhône) — 8 mai 2016 à 19:41
Qualifié samedi pour la Ligue des champions après avoir écrasé Monaco (6-1), le club rhonadien a retrouvé ses vertus, entre communion extrême avec les supporteurs et rigueur imposée aux joueurs.
Lyon, les codes primairesLa question lui a été reposée à deux reprises tant la poignée de journalistes présents devaient se pincer pour y croire. Et à chaque fois, le milieu de terrain espagnol de l’Olympique lyonnais, Sergi Darder, a dit la même chose, roulant ses petits yeux pour marquer l’incrédulité : «
Je n’ai jamais vu un truc pareil. Il n’y a aucune comparaison, même en Espagne : 60 000 personnes qui crient sans s’arrêter, qui chantent toutes… Alors que l’on menait trois, quatre à zéro, on entendait "faut jouer plus, faut jouer plus"… J’ai ressenti quelque chose d’incroyable.»
Darder a joué partout - Santiago-Bernabeu et Vicente-Calderon à Madrid, Camp Nou à Barcelone - et la thèse de la flagornerie pro-lyonnaise ne tient pas : homme fin et cultivé, le natif des Baléares est de l’avis général au-dessus de ça.
On s’est pointé samedi au Parc OL de Décines (Rhône) pour voir les Gones mettre un carton (6-1) à l’AS Monaco et arracher une deuxième place qui vaut la qualification directe pour la prochaine Ligue des champions, et on confesse avoir été un peu comme lui - enfin pas tout à fait, la position du journaliste neutre n’étant pas celle du joueur local. C’est comme si on avait été compressé contre le sol : la sensation d’écrasement a duré trente bonnes minutes, le temps que les Monégasques en prennent quatre et soient éjectés du manège. La description est difficile : on en garde une impression de sauvagerie et de violence festive, avec les tympans dans le rouge et des vagues sonores ondulantes qui viennent frapper au hasard dans l’enceinte inaugurée en janvier.
Enfer et parking gazonnéSur le coup, on était à peu près sûr que les joueurs de la principauté ont explosé là-dessus. Deux se sont exprimés après le match, aucun n’a confirmé. Le défenseur lyonnais Mapou Yanga-Mbiwa s’en est amusé : «
Le président Jean-Michel Aulas voulait un stade comme ça, bruyant. On a senti que c’était très difficile pour les Monégasques.»
Le Parc OL, c’est un peu les Chroniques martiennes de Ray Bradbury et l’analogie entre l’architecture de l’enceinte et l’idée que l’on se fait de celle d’une soucoupe volante n’y est pour rien : les gens sont charmants en dehors et viennent souvent en famille, les parkings sont impeccablement gazonnés et la douceur émolliente d’une nuit de printemps se savoure comme un grand cru.
A l’intérieur, l’espace du match, c’est l’enfer ici-bas pour le visiteur. Qu’est-ce qui fait l’identité d’un club de foot aujourd’hui ? Aulas en avait fait le thème de la semaine, pavant l’approche du match de Monaco en vampirisant les talk-shows - étant entendu que ceux-ci font l’opinion publique, la véritable cible du président lyonnais : «Le deuxième du classement final de la Ligue 1 est champion de France puisque le Paris-SG, qui est premier, est un club qatari.»
Confinement sous surveillanceOn a bien recensé quelques soupirs scandalisés. Mais moins qu’attendu dans un contexte où la moindre polémique chauffe le landernau à blanc, curieusement. Ou pas : aller à la limite sans vraiment la franchir, Aulas maîtrise. Il a compris deux choses. La première, c’est qu’indépendamment de ce qui se racontera dans les médias après sa remarque, celui qui aime le foot se fera sa propre idée au bout du compte, confrontant son rapport au ballon et son expérience personnelle à l’aune de ce que les mots d’Aulas ont déclenché en lui.
La seconde : la question de l’identité - entendue par le public et non par les acteurs du foot - est la problématique ubique par excellence. De celle-là découle tout le reste, d’une façon ou d’une autre. Qu’est-ce qui donne aujourd’hui la véritable «couleur» d’un club ? Ses joueurs ? La réussite ou l’échec sportif ?
La provenance des fonds qui constituent son capital, comme Aulas le laisse entendre ? Ils sont invisibles. Enfin non, pas si on sait regarder : les soirs de match au Parc des princes sont rythmés par le ballet des berlines silencieuses et des hôtesses en uniforme crème perchées sur quinze centimètres de talons, politiques et tycoons de tous bords (bâtiment, industrie musicale, restauration…) étant les véritables acteurs de la pièce qui se joue les soirs de match puisque ceux-ci sont gagnés d’avance par Zlatan Ibrahimovic et consorts. Dans le même ordre d’idée, l’exfiltration samedi du mystérieux - une interview concédée en quatre ans - milliardaire russe et propriétaire de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, nous a valu un confinement sous surveillance, des fois que le journaliste aurait été pris d’une frénésie meurtrière au moment de son passage. On a râlé pour la forme : le monde est ainsi fait. Enfin, leur monde. A l’inverse, le Parc OL était un volcan arpenté par un secrétaire d’Etat de la République saluant les présents à la volée (l’élu lyonnais Thierry Braillard) et un édile local - Gérard Colomb - qui s’arrête après les matchs porter la bonne parole devant les journalistes.
Pendant que le maire de Lyon alignait les perles («un stade magnifique… les Lyonnais sont fiers…») notre regard a été accroché par un jeu de lumières : l’éclairage se reflétant sur les chaussures en cuir noir parfaitement glacées du gardien lyonnais Anthony Lopes, en costume club immaculé, attendant son tour impassible à l’arrière-plan.
Une image d’autant plus étrange que Lopes n’a jamais parlé, scrutant l’assemblée avec ce mélange de froideur et de correction qui appartient aux enfants du lieu (né à Givors, à 25 kilomètres plus au sud, il a fait toutes ses classes à l’Olympique lyonnais). Un masque que les habitués du lieu voient défiler de joueur en joueur depuis des lustres. Aujourd’hui, il appartient indistinctement à Jordan Ferri (né dans le Vaucluse), à Rachid Ghezzal (né à Décines), à Corentin Tolisso (Tarare dans le Rhône) ou encore à leur capitaine, Maxime Gonalons (Vénissieux).
Arrivée au stade en costard
Ferri y met parfois un peu de volontarisme, Ghezzal interprète le rôle avec sa timidité à lui et Gonalons connaît tellement la musique qu’il a fini par se confondre avec la fonction. Mais l’idée demeure : des gamins à la fois dans leur monde et hautement armés pour affronter les contingences de leur sport, tant sur le terrain - hargne, posture de supériorité basée sur un réel savoir-faire technique et tactique - qu’en dehors, l’art du dress code et une capacité à s’exprimer de manière à la fois frontale et creuse - rien ne leur échappe -, dessinant au bout du compte une manière de politesse et de contrôle.
La saison lyonnaise s’est achevée samedi, elle est réussie - le nouveau stade verra la Ligue des champions dans quatre mois - et son histoire est connue : un président qui tente de greffer à sa jeune garde formée au club des joueurs payés à prix d’or (550 000 euros brut par mois hors bonus pour Mathieu Valbuena, 12 millions pour arracher Darder à Malaga) et l’équipe qui va dans le fossé, un homme du club intronisé entraîneur comme on envoie un pompier sur un incendie et une «re-lyonnisation» progressive du club, ce que le pompier en question appelait samedi «la remise de certaines choses en place sur et en dehors du terrain». Pour ce que l’agent de Gonalons en expliquait à l’Equipe samedi : l’arrivée au stade en costard et l’obligation de garer sa voiture en dehors du parking réservé à l’équipe les jours d’entraînement si le joueur a choisi de venir avec son véhicule perso plutôt qu’avec celui qui lui est fourni par un sponsor du club.
On ne dit surtout pas que les nouveaux venus avaient dévoyé l’esprit local : ceux-ci ont plutôt eu l’habileté de se faire discrets dans le vestiaire, les tauliers ayant parfois eu du mal à avaler les augmentations salariales pharaoniques concédées par Aulas l’été dernier. Disons plutôt que l’esprit se cultive, ce que le basculement des affaires du foot sur le terrain judiciaire aura opportunément rappelé cette saison.
Pour le reste, on ne se fait pas livrer sa Maserati flambant neuve au stade un jour d’entraînement. Voilà pour l’identité lyonnaise. Personne n’aura le culot d’y voir un tropisme hexagonal : la France est le pays où les joueurs font la grève de l’entraînement pour casser leur contrat et où le respect du club (ou de ses dirigeants) est a minima. L’OL n’est ni champion de L1 ni champion de France derrière les Qataris : il est le champion de lui-même puisqu’il s’est retrouvé. C’est déjà pas mal.
http://www.liberation.fr/sports/2016...maires_1451301