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Entretien avec... Rudy Haddad : « J’aimerais rebondir en Ligue 1 »
20/11/2010 - 17 h 55
Grand espoir de la formation du PSG, Rudy Haddad a depuis pas mal bourlingué. Il s'éclate aujourd'hui en Ligue 2, à Châteauroux, surprenant 5e. Leader technique de l'attaque berrichonne et meilleur passeur L1 et L2 confondues, il revient sur sa saison et son parcours, en espérant rattraper le temps perdu.
Foot Mercato : Tout d’abord Rudy, comment allez-vous ?
Rudy Haddad : Ça va, ça va tranquille.
FM : Châteauroux est actuellement 5e de Ligue 2. C’est une surprise pour vous ?
RH : Oui, dans le sens où les deux dernières saisons on s’est sauvés à la dernière journée. C’est vrai qu’être 5e mi-novembre, on va dire que c’est une surprise, oui.
FM : L’objectif de base reste-t-il le maintien ?
RH : A la base, l’objectif était de se maintenir le plus rapidement possible, éviter ce qui s’était passé ces deux dernières années où on a beaucoup souffert. L’objectif de début de saison était aussi d’être dans les dix premiers.
FM : Étant donné que cela se passe bien pour le moment, est-ce que l’objectif de départ peut évoluer ?
RH : Nous, on veut surtout acquérir le maintien le plus rapidement possible mais c’est vrai qu’en même temps, on commence à prendre goût à être dans la bonne partie du tableau. On prend match après match, mais on va essayer de bien finir cette première partie de saison, et on verra à la reprise où on en est exactement.
FM : Vous avez changé d’entraîneur en début de saison. Qu’est ce que vous apporte Didier Tholot ?
RH : Beaucoup de rigueur. Dans la vie quotidienne au club, il a instauré un certain cadre, des règles de vie que tout le monde respecte, avec des sanctions si on ne rentre pas dans ce cadre. Et puis sur le terrain, il nous gère bien, il a confiance en nous. On n’est pas considérés comme des enfants, il nous donne des libertés, il ne remet pas tout en cause d’un match à l’autre donc pour l’instant ça se passe bien.
Le roi du « caviar »
FM : A titre personnel, cela se passe bien pour vous aussi puisque vous êtes le meilleur passeur de Ligue 2 avec 7 passes décisives. On imagine que c’est une grosse satisfaction pour vous !
RH : Oui, c’est bien. J’ai toujours aimé faire jouer mes coéquipiers, délivrer des passes et être au cœur du jeu. Je pense aussi que c’est dû à mon replacement sur le terrain. Ces dernières années, j’avais plus joué sur les côtés, mais je pense que mon meilleur poste est derrière l’attaquant, en meneur de jeu. J’en avais discuté avec le coach, et il comptait me faire jouer à ce poste-là, donc ça y contribue. J’ai aussi la responsabilité des coups de pied arrêtés, donc ça aide. J’ai des responsabilités et ça se ressent sur le terrain : je me sens bien et je joue libéré.
FM : Justement, vous avez déjà fait 3 passes sur coups de pied arrêtés, c’est quelque chose que vous travaillez spécifiquement ?
RH : Non, pas spécialement. Je les travaille quelques fois avec un autre joueur, mais pas avec acharnement.
FM : Vous vous inspirez d’un joueur pour les tirer ?
RH : Non, je regarde le football à la télé, mais je n’ai pas de joueur que je regarde spécialement.
FM : Vous êtes également le meilleur passeur Ligue 1 et Ligue 2 confondues, c’est encore mieux pour vous !
RH : Je ne savais pas ! Mais je pense qu’en Ligue 1, c’est un peu plus difficile quand même ! (Rires)
FM : Michel Denisot est toujours vice-président de La Berrichonne. Vous le voyez souvent ?
RH : Par rapport à son travail, il n’a pas vraiment le temps de venir. Mais je crois qu’il a une maison dans le coin et qu’il nous suit de loin. Il ne vient pas souvent mais quand j’ai signé, je l’avais eu au téléphone.
Le point sur sa carrière
FM : Avant Châteauroux, vous êtes passés par le Maccabi Tel-Aviv. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
RH : J’avais été prêté par le PSG à Valenciennes, et lors de mon retour de prêt j’ai eu un différend avec mon agent, et on a décidé de se quitter. Je me suis retrouvé un petit peu seul, et j’ai eu cette proposition donc je suis parti. J’aurais pu faire un meilleur choix, mais ça m’a endurci, j’ai vécu une expérience à l’étranger... C’était quand même une bonne expérience, mais avec le recul je ne sais pas si j’aurais fait la même chose.
FM : Justement, avez-vous des regrets dans l’évolution de votre carrière ?
RH : Avoir des regrets, ce n’est pas bien, ça fait cogiter. Je suis parti à l’étranger, j’ai dû repasser par la Ligue 2, donc je ne vais pas refaire ce qui est déjà passé. C’est vrai que j’aurais peut-être dû faire un autre choix à ce moment-là, mais j’étais jeune, je n’avais pas la même maturité, je n’étais pas marié, ni rien... Aujourd’hui, j’aurais peut-être fait un autre choix.
FM : Vous avez 25 ans, vous êtes encore jeune. Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
RH : Je suis resté un an et demi en Israël, je savais qu’il fallait que je rentre pour ne pas être « oublié ». J’avais vraiment envie de revenir. Il a fallu que je passe par la Ligue 2 pour repartir de zéro, pour essayer de me relancer. Je remercie Châteauroux de m’avoir fait confiance. Je travaille tous les jours, j’ai toujours de l’ambition, j’ai 25 ans et j’espère un jour retrouver l’élite.
FM : Vous avez des pistes ?
RH : Je n’ai pas eu de nouvelles de qui que ce soit, personne ne m’a appelé. Je joue, je prends du plaisir dans cette équipe et puis après, on verra comment ça va se passer, mais j’ai toujours de l’ambition personnelle.
FM : Comme rebondir en L1 à court ou moyen terme, donc ?
RH : Oui, rebondir en Ligue 1, dans un club « intermédiaire », pour que je puisse m’épanouir et que je puisse continuer à progresser, à jouer au haut niveau.
Le PSG, club de son cœur
FM : Lors de votre prêt à Valenciennes, il y avait Antoine Kombouaré, qui vous a beaucoup fait jouer. Vous avez une affinité particulière avec cet entraîneur ?
RH : Oui, c’est l’entraîneur qui m’avait lancé en CFA au Paris Saint-Germain. Il me connaît depuis que je suis tout jeune, donc c’est un entraîneur que j’apprécie. Il m’avait fait confiance en m’amenant en prêt pendant un an à Valenciennes, où j’avais joué 20-25 matches, je ne me souviens plus (29 en fait, Ndlr).
FM : Peut-être pensera-t-il à vous si ça continue de bien se passer à Châteauroux... ?
RH : Non, je ne pense pas. Aujourd’hui, je ne suis pas dans cet esprit-là, j’ai les pieds sur Terre, je sais ce qui peut me correspondre. Aujourd’hui, le PSG ça reste l’un des quatre meilleurs clubs en France, et ce qu’il m’importe c’est de continuer à me faire plaisir, et à avoir de bons résultats avec Châteauroux. Si un club se présente pour que je puisse m’épanouir en Ligue 1, ce serait bien, mais après je ne pense vraiment pas qu’un des quatre meilleurs clubs se manifestera.
FM : Quel souvenir gardez-vous de votre passage à Paris ?
RH : Un superbe souvenir ! Je suis un enfant de Paris, j’ai été au PSG de 12 à 22 ans, j’ai passé dix années là-bas au centre de formation. Mon premier match professionnel, c’était à Paris. Après, le seul petit regret que je peux avoir, c’est qu’au moment où j’ai commencé à jouer en professionnel, il y a eu beaucoup de changements d’entraîneurs. J’ai dû avoir 3 ou 4 entraîneurs, et autant de présidents, donc ce n’est pas facile d’avoir à chaque fois un nouvel entraîneur qui vient, de devoir changer à chaque fois.
FM : En effet, ce n’est pas idéal pour la stabilité...
RH : Oui, surtout pour un jeune joueur. Quand on est un joueur confirmé, qui arrive d’un autre grand club, c’est différent. Quand on est jeune, on passe après...
FM : Êtes-vous toujours supporter du PSG dans votre cœur ?
RH : Bien sûr, je les suis à la télé, des fois je vais au Parc des Princes voir leurs matches. J’adore Paris, et je ne leur souhaite que du bien.
FM : Le début de saison doit donc vous ravir !
RH : Oui, ils font un bon début de saison, ils ont des bons joueurs dans chaque ligne. Et puis, il y a Nenê qui éclate donc c’est super.
Un avenir en sélection ?
FM : Au niveau des sélections, vous avez le choix entre la sélection israélienne et tunisienne, c’est ça ?
RH : En fait, j’ai une double-nationalité franco-israélienne, mais aussi mes deux parents qui sont nés en Tunisie. Mais pour l’instant, je n’ai pas de passeport tunisien.
FM : Si par exemple Luis Fernandez vous appelle avec la sélection israélienne, répondrez-vous présent ?
RH : Oui, ce serait bien. Quelle que soit la sélection, c’est toujours de l’expérience de prise, d’être international ça change le statut, de faire des matches de ce niveau-là ça fait progresser, donc c’est toujours intéressant d’être en sélection. Mais franchement, je ne pense pas à ça, j’ai d’autres priorités avant d’aller en sélection.
FM : Pour finir, que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre carrière ?
RH : De pouvoir rattraper le retard que j’ai pris. Rattraper le temps perdu.
->Pierre-Alexandre Bevand