Parlant de Ryan (pour moi le meilleur intervenant du podcast avec Martinelli), voici ce qu'il a posté sur son compte twitter, c'est assez intéressant et ça résume bien ses interventions sur le podcast depuis de longs mois :
Citation
Pour commencer je vais contextualiser la C1 et expliquer dans les grandes lignes ce qu'il faut pour la gagner aujourd'hui. En se basant sur les 10 dernières années, et le début de l'ère Messi & Ronaldo, on peut constater quand on s'attarde sur les équipes qui remportent la C1 qu'il y a un profil clair qui ressort comme gagnant.
Dans 8 cas sur 10, l'équipe championne a une capacité d'organisation et de déséquilibre avant le ballon qui est au minimum notable. Certaines prônent le jeu de position (Barca de Pep), d'autres non (Bayern de Jupp) mais toutes sont capables de s'exprimer en maître avec le ballon.
Elles ont des mécanismes de relances courtes qui permettent de déjouer un pressing et des phases d'attaques placées organisées qui forcent les adversaires à de longues phases de replis. En essence, ce sont des équipes craintes quand elles ont la possession dès les premiers mètres.
L'exception à cette règle, c'est l'équipe capable d'un repli défensif d'énorme qualité. Celle qui est capable de céder la possession du ballon et passer de longues phases de jeu prés de son but, à fermer les espaces, couper les lignes de passes et faire des couvertures.
En gros, l'exception c'est l'équipe capable de sortir un exercice défensif d'énorme qualité. Ex Inter de Mou, puis dans une certaine mesure le Chelsea de Di Matteo (hors Demi) et en élargissant le groupe aux finalistes, on retrouve également l'Atletico de Simeone.
Dans l'ère moderne de la C1, y a donc très clairement une approche qui est beaucoup plus récompensée. Et si c'est possible de contourner cette règle, cela demande un niveau d'organisation de qualité sur le plan défensif qui est hallucinant.
Si l'on attarde sur les points communs de tous les gagnants, au delà de la qualité individuelle des joueurs, ils ont tous deux principes : Des mécanismes de relances travaillés. Qu'ils soient courts et sophistiqués (Barca de Pep) ou simple et direct (Inter de Mou).
Et une liberté positionnelle limitée et toujours compensée. En 2014 Ancelotti s'appuie sur Di Maria & Xabi A pour couvrir la liberté de Ronaldo & en 2015 Luis Enrique a carrément un joueur au milieu de terrain dont la mission principale est de compenser les déplacements de Messi.
En résumé, il a une manière d'approcher la C1 qui amène bpc plus de succès, mais indépendamment de ça, tous les candidats sérieux partagent des principes strictes: Avoir un moyen efficace de faire progresser la balle et payer le prix nécessaire pour les joueurs qui sont libres.
Et maintenant j'en viens au PSG 2017/2018. Cette saison, Emery n'a opté pour aucun des deux profils d'équipes mentionnés plus haut. Son PSG n'est ni une équipe de contrôle qui s'organise avec le ballon, ni une équipe qui peut compter sur une organisation défensive de haut niveau.
Sans doute motivé par l'arrivée de Neymar et Mbappé, qui sont, entre autre 2 des 5 joueurs les plus deséquilibrants du monde, il a miser le jeu de son équipe, à 95%, sur l'improvisation et l'inspiration.
Son PSG ne dispose pas de mécanismes de relances travaillés. Ni en jeu court, ni en jeu long. Ni d'une attaque placée organisée. En phase de relance ou de création, les milieux de terrain, même en la présence d'un vrai 6 comme Motta, se déplacent avec énormément de liberté.Devant, les 3 attaquants ont une position de départ, qu'ils ont également la liberté d'abandonner pour trouver des solutions aux problèmes posés par l'adversaire.
En gros, il y a un cadre, avec une formation et des positions de départs, mais dès que le coup de sifflet et donné, le PSG devient un exercice d'improvisation collectif plus ou moins important selon la qualité de l'organisation présentée par l'adversaire.
On est donc dans une approche complètement expérimentale, qui défie l'une des règles incontournables de la Ligue des Champions actuelle. Puisque Emery n'opte pas pour compenser la liberté donnée à certaines pièces mais en donne à encore plus de joueurs.
Le problème avec cette idée, c'est qu'elle a rapidement montré plus de limites et d'inconvénients que d'avantages. Car malgré la facilité qu'a Paris pour créer des occasions, elle souffre beaucoup face aux adversaires qui se montrent sérieux collectivement.
Un extrait face au Bayern, qui est selon moi, l'équipe qui a le mieux exhibé les problèmes de ce choix d'Emery :
Les joueurs et ici surtout les milieux se déplacent, parfois au même moment, parfois l'un après l'autre, changent de hauteur de manière spontanée, vont dans des zones qui correspondent de manière logique à d'autres et cherchent désespérément comment faire progresser le ballon.
Comme les joueurs improvisent, les actions sont créées sur le fil, du coup les déplacements ne sont pas coordonnées, les angles de passes ne sont pas optimisés et la première conséquence logique de tout ça, c'est que le ballon circule lentement et mal sans gêner l'adversaire.
La 2e, plus dangereuse, c'est que forcement, à force de se déplacer librement, les joueurs finissent par endommager voir éclater l'organisation défensive de l'équipe, ce qui transforme des pertes de balles à 60m du but en occasions intéressantes.
Et c'est quelque chose qu'on peu aussi voir contre Nantes, Strasbourg, l'OM, l'OL et plein d'autres. Peu importe le niveau des individualités de l'adversaire. Avec une organisation et de la concentration, il est possible de grandement gêner le PSG et obtenir de bonnes occasions.
Du coup, la conclusion est claire. Si on peut reconnaître à Emery une certaine audace pour avoir mis en place une idée qui défit clairement les recommandations et règles incontournables de la Ligue des Champions, force est de constater que son expérience est un énorme échec.
Il a opté pour que le PSG soit l'inspiration et l'improvisation de ses joueurs car il dispose de grands talents et de 2 monstres du déséquilibre. Mais la réalité, c'est que cette saison, plus l'adversaire est organisé, plus le PSG se désorganise.
Et pour moi, c'est à cause de cette décision fondatrice que le PSG montre autant de difficultés dans le jeu et s'est fait éliminé de la C1 en montrant un visage aussi décevant. L'idée mise en place est complètement défaillante.
Parce que forcement, en misant autant sur l'improvisation et l'inspiration, Emery a rejeté l'idée d'organisation et sans ça, il est devenu impossible d'optimiser Neymar, qui est vite devenu victime de ce choix en devenant un outil pour compenser les failles de "l'animation".
Il en va de même pour Mbappé, ou Verratti. Aucun des meilleurs joueurs de l'équipe n'a été optimisé par l'idée d'Emery. "L'animation" en a demandé plus, à chaque rencontre et forcement, arrivée en C1, quand le rapport de force n'est plus le même, ça a volé en éclat.
Evidemment, cela n'invalide pas son travail passé. Mais je pense qu'il faut faire très attention au diagnostic de cet échec. La direction du PSG s'est surement trompée dernièrement, les joueurs auraient sans doute pu faire un peu plus sur le plan individuel face au Real...
Mais l'échec de cette saison, c'est purement et simplement l'échec d'une idée d'Emery. Une idée audacieuse, mais en dehors des codes de la Ligue des Champions qui peut être synthétisé très simplement comme une expérience complètement ratée.
Je partage en grande partie cette analyse, sauf sur la conclusion, je pense que c'est moins une "expérience" d'Emery qu'un renoncement devant le vestiaire, Nasser, bref, tout le contexte parisien. Il a plus ou moins essayé de contenter tout le monde, pour en arriver finalement à la gabegie vue au Parc, où il ne reste plus grand-chose d'un point de vue tactique.