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« Il faut que ma situation change »
YOHAN CABAYE, le milieu du PSG, estime que son avenir passe par un départ pour optimiser ses chances de participer à l’Euro.
À vingt-neuf ans, Yohan Cabaye sait qu’il amorce un virage dans sa carrière. Soit il reste à Paris, où il a encore deux ans de contrat, et s’expose au risque de traverser une nouvelle saison avec un temps de jeu limité ; soit il est transféré dans une équipe qui lui fera confiance, comme lorsqu’il est parti à Newcastle, en juillet 2011. Toujours titulaire dans l’esprit de Didier Deschamps, le milieu défensif doit, en tout cas, retrouver du temps de jeu et son niveau de performance pour être certain de disputer l’Euro 2016.
« TRAVERSEZ-VOUS l’une des périodes les plus dures de votre carrière ?
– Oui, c’est la plus dure. Mais je l’affronte sans jamais me plaindre. Et je travaille tous les jours pour vite m’en sortir.
Comment gère-t-on psychologiquement ces moments ?
– J’avais bien repris l’année 2015, avec de bons matches, jusqu’à ce que je me blesse (aux adducteurs contre Caen, 2-2, le 14 février) puis me re-blesse (au genou, à Bordeaux, 2-3, le 15 mars). Pour être épanoui, physiquement et psychologiquement, je dois enchaîner, avoir du rythme, pour garder mes repères sur le terrain. Là, ça devenait difficile.
Dans cette période, que représente l’équipe de France pour vous ?
– À chaque fois que je viens ici, c’est avec un grand plaisir, même si le stage a lieu deux semaines après une longue saison. Ça fait vraiment du bien.
Pour la première fois de votre carrière, vous cristallisez quelques critiques. Comment le vivez-vous ?
– Vous savez, quand ça va très bien, je ne m’enflamme pas. J’ai toujours fait attention aux louanges, parce que je sais qu’elles peuvent vite se transformer en critiques. De la même manière, quand ça va un peu moins bien, je ne suis pas au fond du trou. Je sais que le foot est ainsi. Je sais faire la part des choses.
« J’AI EU UNE DISCUSSION AVEC LAURENT BLANC APRÈS LILLE »
Didier Deschamps disait vous avoir parlé régulièrement : ses mots font du bien ou sonnent-ils comme un avertissement ?
– Ça fait toujours du bien de parler, que ce soit des choses positives ou négatives. Hier encore (lundi) , on a parlé tous les deux. Il m’a dit qu’il me faisait confiance. Ça fait du bien de sentir que le coach est derrière moi. Maintenant, c’est à moi de faire en sorte que la saison prochaine, ça se passe mieux. Comme je le lui ai dit, j’ai juste besoin et envie d’être sur le terrain.
Justement, à partir de quel moment avez-vous senti cette saison vous échapper ? Lors de vos deux blessures consécutives ?
– Ce serait trop facile de se cacher derrière. C’est un ensemble de choses. La première partie de saison a été compliquée collectivement. Individuellement aussi. J’étais bien revenu en janvier et il y a eu un arrêt net dans ma progression. Je ne sais dire si cela aurait été différent sans les blessures, mais c’est sûr que, malgré tous les trophées, ma saison n’est pas trop réussie.
Est-ce dur de se retenir d’aller discuter avec votre entraîneur, Laurent Blanc ?
– J’ai eu une discussion avec lui, après la victoire contre Lille (6-1, le 25 avril). Pour lui, le joueur à ma place est meilleur que moi, voilà ! C’est son opinion, pas de problème. J’ai toujours tout fait pour changer la donne mais cela n’a pas fonctionné. Et je pense qu’aujourd’hui ce sera compliqué pour moi de changer cette situation.
Deschamps déclarait que vous étiez lucide et que vous ne pouviez pas revivre la même saison dans la perspective de l’Euro…
– C’est clair et net. Je le sais. Au club, ils le savent aussi. Ça va être important de bien se poser et de faire le meilleur choix possible.
Est-ce que cela signifie que vous seriez prêt à évoluer dans une équipe de moindre envergure que Paris ?
– Vous savez, on m’avait critiqué quand j’étais parti à Newcastle (en juillet 2011). Soi-disant que je ne voulais pas jouer la Ligue des champions avec Lille et on a vu le résultat : j’ai joué l’Euro 2012 et la Coupe du monde 2014. Moi, je ne suis pas inquiet. Parfois, c’est mieux de reculer pour mieux se relancer, et trouver son plaisir. Je me suis régalé en Angleterre, dans un Championnat qui me correspond bien. Aujourd’hui, je suis au PSG. Certes, j’aurais aimé que ça se passe différemment, le club aussi, mais il y a une réalité. Si j’ai l’opportunité de retourner en Angleterre, j’espère que tout le monde sera assez intelligent pour bien faire les choses. Après, il peut y avoir d’autres destinations…
Seulement, dans le contexte du fair-play financier, le PSG est obligé de vendre, et de bien vendre, pour récupérer de l’argent. Ne craignez-vous pas d’être l’otage de cette conjoncture ?
– J’y ai pensé. Moi, je ne veux être l’otage de rien, ni de personne, même si j’ai conscience que toutes les parties doivent s’y retrouver. Ça doit se passer du mieux possible. Mes représentants travaillent et le font très, très bien.
Envisagez-vous devoir rester à Paris ?
– (Il réfléchit.) Pas trop. Je sais que si je reste, je pourrais tout faire, rien ne changera.
À un an de l’Euro, êtes-vous inquiet par rapport à votre situation ?
– Non, non… Comme je le disais, je ne vais pas exagérer le positif comme je ne vais pas dramatiser le négatif. Aujourd’hui, ma convocation en bleu me conforte dans l’idée que le coach garde confiance en moi mais je sais qu’il faut que ma situation change. Il faut juste que je me retrouve sur le terrain et que je ne me pose plus ce genre de questions : bon, sur ce match, j’ai été plutôt pas mal mais c’est vrai qu’il peut me sortir, est-ce que je vais jouer le prochain ?
« L’ESSENTIEL EST D’ÊTRE PRÊT DANS UN AN »
Collectivement, après ce qu’on a vu contre la Belgique (3-4), faut-il être inquiet à un an de l’Euro?
– Les deux derniers résultats au Stade de France sont négatifs et montrent qu’on est encore loin du compte. Mais ça revient à ce que je disais sur un plan plus personnel : quand l’équipe tournait bien, personne ne s’enflammait et maintenant qu’on est moins bien, il ne s’agit pas de mettre quelqu’un plus bas que terre. On sait d’où l’on vient et qu’on doit garder un état d’esprit irréprochable.
Pour gagner l’Euro, il faudra battre des nations du calibre de la Belgique ou du Brésil (1-3)...
– Bien sûr ! On le sait. On a encore une saison pour progresser ensemble. On a toujours confiance. Ce n’est pas une confiance qui se transforme en arrogance, c’est juste une confiance qui va nous permettre de redresser la barre. On se souvient tous de la tournée en 2013, qui n’avait pas été du tout réussie, à la différence de la Coupe du monde… Il faut être tous ensemble et continuer à travailler.
C’était le sens du coup de gueule du sélectionneur à la mi-temps du match contre la Belgique !
– C’était surtout dire qu’il fallait faire plus, montrer un autre visage. Car on n’en faisait pas assez du tout !
Quelles conclusions doit-on tirer de ces matches de juin, àunan des grandes compétitions ?
– Il est inutile de tirer des conclusions trop hâtives. Que dirait-on si on avait gagné largement contre la Belgique, si on bat l’Albanie samedi et si, dans un an, on ne passait pas les groupes ? Tout le monde peut se poser des questions. L’essentiel est d’être prêt dans un an. »
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Pedro, l’idée qui leur plaît
À la recherche d’un joueur capable d’évoluer sur un côté, les dirigeants parisiens ont relancé la piste menant à l’attaquant du Barça.
DANS SA QUÊTE d’un attaquant capable d’évoluer sur un côté, Paris a récemment relancé une piste explorée la saison passée : celle menant à Pedro Eliezer Rodriguez, dit Pedro. À vingt-huit ans (il les aura le 28 juillet), l’international espagnol (50 sélections, 16 buts) plaît toujours autant aux dirigeants parisiens et, dans le contexte du fair-play financier, il figure en très bonne place sur leur liste. À Barcelone, son club formateur, Pedro n’est plus titulaire et il ne vit plus très bien cette situation. Cette saison, il est apparu à cinquante reprises, toutes compétitions confondues, mais il ne compte, par exemple, que quinze titularisations en Liga. Surtout, Luis Enrique l’a très peu utilisé dans les rencontres de gala. S’il est entré dans le temps additionnel de la finale de la Ligue des champions, il n’avait pas joué la demi-finale aller contre le Bayern Munich (3-0), ni participé au second Clasico (2-1) en Championnat.
LES PISTES DI MARIA OU DE BRUYNE RESTERAIENT D’ACTUALITÉ
Malgré tout, Pedro, dont le contrat arrivait à terme en juin 2016, a accepté de prolonger jusqu’en 2019 pour qu’en cas de départ, le Barça puisse récupérer une indemnité de transfert. Sa signature ne signifie pas pour autant qu’il effectuera une neuvième saison chez les pros en Catalogne. Surtout que le projet parisien serait, selon son entourage, susceptible de l’intéresser. Au PSG, le champion du monde 2010 et champion d’Europe 2012 serait capable d’évoluer sur les deux côtés de l’attaque, mais il peut également évoluer en pointe, comme ce fut le cas parfois avec la sélection ibérique ou lors de ses deux dernières titularisations avec le Barça, en l’absence de Luis Suarez. Et Laurent Blanc a souvent regretté, cette saison, l’absence d’un troisième joueur capable d’évoluer dans l’axe en l’absence d’Ibrahimovic et/ou de Cavani. Du coup, une éventuelle signature de Pedro ne remettrait pas forcément en cause celle d’Angel Di Maria – un dossier sur lequel le Bayern Munich semble avancer également – ou Kevin De Bruyne, qui n’a toujours pas prolongé avec Wolfsburg. Néanmoins, les négociations avec le Barça pourraient être ralenties en raison des élections pour la présidence du Barça, qui auront lieu le 18 juillet. Même si le club catalan ne devrait pas poser trop de difficultés dans les négociations (pour services rendus par Pedro), il s’agira surtout, pour Paris, de trouver un interlocuteur catalan habilité à négocier. Mais les deux clubs entretiennent de bonnes relations, ce qui pourrait faciliter une éventuelle transaction.
L'Equipe