Une page entière sur le fair-play financier dans l'Equipe aujourd'hui. Ca ne concerne pas directement le PSG, je le mets donc ici plutôt qu'en revue de presse.
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Le « fair-play », ils s’y sont mis
Une quarantaine de clubs européens, dont Bordeaux, Marseille, Lyon et le PSG, utilise, depuis près d’un an, le logiciel qui permettra la mise en place des règles de rigueur financière, voulues par l’UEFA dès 2013.
LE FAIR-PLAY FINANCIER, destiné à assainir les comptes des clubs européens en les empêchant de dépenser plus d’argent qu’ils en génèrent, doit entrer en vigueur l’année prochaine. Mais, pour une quarantaine d’entre eux, il est déjà une réalité concrète. Depuis près d’un an, ces clubs pilotes, choisis sur la base du volontariat, testent, en effet, le logiciel informatique permettant de traiter les données financières en fonction des critères exigés par l’UEFA.
En 2010, les pertes cumulées des clubs européens se sont élevées à 1,64 milliard d’euros et l’instance dirigée par Michel Platini a fait du retour à l’équilibre d’ici à 2015 l’une de ses priorités.
Ce matin, à Genève, lors de l’assemblée générale de l’ECA (Association européenne des clubs), Jean-Luc Dehaene, ancien Premier ministre belge (de 1992 à 1999) et président du panel de contrôle financier des clubs, dressera un premier bilan de cette phase d’expérimentation. Quatre clubs français y ont participé : Marseille, Bordeaux, Lyon et, à un degré moindre, le Paris-Saint-Germain puisque le club parisien n’a toujours pas renvoyé ses éléments comptables à l’UEFA (voir par ailleurs).
LE SYSTÈME EST-IL FIABLE ?
Pour l’instant, les clubs concernés se sont contentés de remplir des cases afin de détailler leurs recettes et leurs dépenses lors des saisons 2009-2010 pour certains et 2010-2011 pour d’autres. « C’est une phase très technique de mise en forme de nos résultats financiers pour accéder aux indicateurs voulus par l’UEFA », décrypte Philippe Perez, le directeur général de l’OM. « Ce système basique donne une première lisibilité sur la situation financière des clubs engagés dans les Coupes d’Europe », confirme Alain Deveseleer, le directeur général délégué de Bordeaux. Il est donc encore trop tôt pour évaluer la fiabilité du système. « Nous étions dans une démarche d’apprentissage, pas de vérification », assure Andrea Traverso, en charge des licences et du fair-play financier à l’UEFA. « C’est un bon outil mais il faut attendre avant de tirer des conclusions », confirme Karl-Heinz Rummenigge, le président du Bayern Munich et de l’ECA. L’entrée en vigueur du fair-play financier est prévue pour 2013.
LE MÊME NIVEAU DE CONTRÔLE SERA-T-IL APPLIQUÉ À TOUS LES CLUBS ?
En théorie, oui. C’est l’objectif du fair-play financier. Mais le logiciel mis à la disposition des clubs est d’abord une matrice où les informations fournies n’auront pas toutes eu le même niveau de vérification. « Je suis un peu perplexe, reconnaît Alain Deveseleer, car rien ne permet de déterminer l’origine des fonds, ni de vérifier la pérennité des capitaux investis. En France, les comptes sont validés par la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) ou par des cabinets d’experts comptables. Ce n’est pas le cas dans tous les pays. » « Des clubs risquent d’être confrontés à des problèmes de transparence de leurs comptes qu’ils n’ont jamais connus auparavant », assure Philippe Perez. Jean-Claude Blanc, le directeur général délégué du PSG, est encore plus sceptique : « Si l’on veut uniformiser les règles et parvenir à l’équité, il faudrait d’abord avoir des normes transversales. La première étape n’est-elle pas de faire en sorte que toutes les DNCG européennes aient les mêmes règles, les mêmes normes et le même niveau d’exigence ? » Pour Karl-Heinz Rummenigge, c’est aux clubs de s’autodiscipliner : « Il est capital que tous les clubs respectent les critères afin que règne une certaine justice. Sinon où ira le football ? »
QUELLES SONT LES SANCTIONS VRAIMENT ENVISAGEABLES ?
Cette épineuse question a fait l’objet d’une réunion de la commission finances de l’ECA, hier après-midi, à Genève. Signe de l’importance des travaux de ce groupe de travail, une dizaine de grands clubs européens – dont le Real Madrid – était convié. Jean-Luc Dehaene et Andrea Traverso, au nom de l’UEFA, ont confirmé que le panel de contrôle aurait une mission d’audit et d’analyse. Les sanctions seront prononcées par une instance disciplinaire composée de cinq magistrats. Jusqu’où iront-elles ? Le barème prévoit une échelle de mesures allant de l’avertissement à l’exclusion des compétitions européennes à compter de la saison 2014-2015. « Mais la grille de correspondance entre un type d’infraction et la qualification d’une sanction est encore floue », reconnaît Jean-Michel Aulas, le président de la commission finances. Cette réserve est à la fois stratégique et politique. L’UEFA le sait, elle devra faire preuve de beaucoup de discernement dans toutes ses décisions.
ERIC CHAMPEL (avec A. Me.)
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« Les plus petits ne doivent pas être les plus pénalisés »
JEAN-MICHEL AULAS, le président de Lyon et de la commission finances de l’ECA, estime que l’UEFA devra faire preuve de discernement.
« QUE PENSEZ-VOUS du système de contrôle financier que l’UEFA veut mettre en place au niveau des clubs ?
– Il était un peu lourd au début et il y avait un problème de confidentialité des données pour les clubs cotés en Bourse. Mais l’UEFA a su faire preuve de souplesse et l’a amélioré techniquement.
– Il est donc possible de créer une norme financière européenne propre au football et de la faire respecter dans tous les pays ?
– Cela a été la deuxième phase de notre réflexion, l’adéquation entre des systèmes de financement complètement transparents et d’autres qui le sont moins. Mais je suis optimiste. L’UEFA a une telle volonté d’aboutir. Tous les clubs ont validé le principe du fair-play financier. Un certain nombre de normes comptables ont déjà été acceptées et il faut que les clubs jouent le jeu. Toutes ces mesures sont une chance à saisir pour éviter de se trouver dans une spirale qui pourrait tout dévaster.
– Mais l’UEFA va quand même devoir tenir compte des spécificités des législations ou des règles propres à chaque pays…
– C’est ce que j’ai rappelé récemment à Michel Platini, le président de l’UEFA. Il faut qu’il y ait des interprétations dans l’application des règles. Il ne faut pas privilégier les clubs qui ont les charges sociales les moins lourdes et les droits télé les plus élevés, comme en Espagne. Peut-être faut-il ainsi donner un peu plus de temps au Paris-Saint-Germain pour qu’il soit dans les clous du fair-play financier car, en France, on a des charges sociales plus lourdes qu’ailleurs.
– Il y a aussi le risque qu’un sponsor se montre anormalement généreux avec un club dont il est propriétaire ou très proche, comme Etihad à Manchester City.
– C’est le problème des parties liées. Si les contrats de partenariat ne sont pas passés au prix du marché ou si le naming est l’occasion de verser des sommes considérables, il faudra se poser des questions. C’est pourquoi j’ai beaucoup insisté sur la nécessité d’avoir une marge d’appréciation, pour que les plus petits clubs ne soient pas les plus pénalisés. » – E. C.
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Rummenigge : « Ce que fait Paris me dérange »
KARL-HEINZ RUMMENIGGE n’est pas content et le fait savoir. Interrogé sur les dépenses du PSG cet été lors du marché des transferts (145 M€ sans les bonus en incluant le Brésilien Lucas Moura qui arrivera en janvier), le président du Bayern Munich et de l’ECA (Association européenne des clubs) n’a pas caché son irritation. « Ce que fait Paris me dérange. Lorsque j’entends le montant du salaire de Zlatan Ibrahimovic (14 M€ net d’impôts par an), j’ai mal au ventre. Sur un an, son salaire équivaut à celui de Javi Martinez sur cinq ans (environ 3 M€ net par an). Lorsque je regarde leurs dépenses, celles de Manchester City (54 M€ cet été) ou de Chelsea (100,7 M€ cet été), je me dis que ces clubs ont des pertes considérables. Tous auront l’obligation de respecter les règles du fair-play financier qui stipulent que les pertes ne doivent pas aller au-delà de 15 M€ par saison (*). C'est à l’UEFA de faire en sorte que ces clubs les respectent ou subissent des sanctions. » Remonté contre la politique des dirigeants parisiens, Rummenigge insiste : « Paris ne pourra pas dépenser 100 millions d’euros tous les ans pendant cinq ans, car on ne peut pas dépenser plus que ce qu’on a gagné. Ce que fait le PSG, c’est absurde. » – A. Me.
(*) Pour la période allant de 2013 à 2015.
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Le PSG joue-t-il à cache-cache ?
COMME BORDEAUX, MARSEILLE et Lyon, Le Paris-SG avait donné son accord pour figurer parmi les clubs pilotes de L 1. Mais l’UEFA affirme « n’avoir jamais reçu de chiffres » concernant la comptabilité du club parisien. « Même si la procédure n’est pas terminée », précise cependant l’instance. « Les Parisiens ont peut-être voulu gagner du temps. Je ne les sens pas prêts à entrer dans le dispositif total », glisse Jean-Michel Aulas, le président de Lyon et de la commission finances de l’ECA (Association européenne des clubs). « Faux, rétorque Jean-Claude Blanc, le directeur général délégué du PSG. On a rentré nos données comme l’ensemble des autres clubs concernés. On n’a pas besoin d’un test pour savoir ce qu’il faut faire ou pour être alertés. On connaît les règles. Je suis très confiant sur notre capacité à dégager les revenus en rapport avec nos coûts de fonctionnement et à être au rendez-vous du fair-play financier. » – E. C.