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LIGUE 1. Avec le PSG et le retour de l'AS Monaco, vers un championnat à deux vitesses
Modifié le 17-05-2013 à 14h37
Par Bastien Drut
Docteur en économie
LE PLUS. Ils devraient être les principaux acteurs du mercato estival. Le PSG et l'AS Monaco, de par leurs puissances financières respectives, alimentent les rumeurs de transferts les plus folles (Falcao, Tevez, Ronaldo...). Leur modèle économique est-il viable ? Que faut-il attendre du fair-play financier ? Quelles conséquences sur la Ligue 1 ? Analyse de l'économiste du sport Bastien Drut.
FOOTBALL. Avec la remontée de l’AS Monaco en Ligue 1, le PSG pourrait trouver sur son chemin un club avec des moyens financiers quasiment similaires la saison prochaine (si le contentieux entre l’ASM et la LFP se règle).
En effet, depuis décembre 2011, l'AS Monaco est détenu à 66% par le Russe Dmitry Rybolovlev, 119e fortune mondiale avec 9,1 milliards de dollars selon "Forbes", et prêt à injecter des centaines de millions d'euros dans le club.
Après l'achat du PSG par QSI, une filiale du fonds souverain du Qatar, voici donc la Ligue 1 dotée d'un deuxième club capable de très facilement mettre la main à la poche pour enrôler des joueurs de classe mondiale (on parle ces derniers jours du Colombien Falcao pour une indemnité de transfert de 60 millions, de l'Argentin Tevez et du gardien Victor Valdès...).
Deux "puissances" financières
Le PSG et l'AS Monaco seront dans une posture bien différente de leurs concurrents directs (OM, OL, LOSC, Saint-Étienne, etc.) qui doivent, eux, ajuster leurs dépenses à leurs seuls revenus, sans bénéficier de contrats de sponsoring extraordinaires noués avec des entités proches de l'actionnaire : le contrat du PSG avec la Qatar Tourism Authority est d'un montant de 150 millions d'euros par an, soit l'équivalent du budget du Stade Rennais, de l’AS Saint-Étienne et du Toulouse FC réunis.
Il est donc évident que l'on risque d'assister assez rapidement à un championnat à deux vitesses. Notons tout de même au passage que l’arrivée de nouvelles stars pourrait permettre de vendre les droits TV de Ligue 1 plus cher à l’avenir, ce qui bénéficiera à tous les clubs.
Dans la façon de procéder, il n'est pas difficile de prévoir ce qu’il va se passer à l'AS Monaco : balance de transferts très déficitaire, masse salariale qui explose, déficit important mais comblé par les actionnaires... Une recette déjà observée dans plusieurs clubs de milliardaires. Tout comme le PSG, l'AS Monaco, qui se qualifiera vraisemblablement très vite pour la Ligue des champions, se posera la question du fair-play financier.
Deux solutions sont possibles vis-à-vis du fair-play financier :
1. Ne pas tenir compte des règles du fair-play financier et s’exposer à des sanctions, c’est-à-dire vraisemblablement à une amende (ce qui n’est pas un problème pour les clubs de milliardaires) car l’UEFA ne prendra sans doute pas le risque de se priver de la présence de clubs bardés de stars.
2. Tenter d’équilibrer les comptes en gonflant, artificiellement ou non, les recettes. C’est là que peut intervenir une vraie différence entre le PSG et l’AS Monaco.
Monaco, une position plus fragile
Pour augmenter ses revenus, le PSG peut compter sur des contrats de sponsoring avec des entités nationales du Qatar (l’investissement de QSI dans le PSG s’insère dans un projet national global) mais aussi sur un bassin de population très étendu pour remplir le Parc des Princes et écouler de nombreux produits dérivés.
En revanche, l’AS Monaco ne peut compter que sur un stade de 18.000 personnes, généralement très peu rempli, avec une affluence moyenne à peine supérieure à 5.000 spectateurs pour la saison 2012-2013.
Le rayonnement de la ville de Paris sur la scène internationale est plus important que la principauté de Monaco. De plus, Dmitry Rybolovlev aura beaucoup plus de difficultés que QSI à trouver des partenaires prêts à dépenser beaucoup pour le club.
En d’autres termes, si le PSG devrait trouver un concurrent très sérieux en Ligue 1 avec l’AS Monaco, le club monégasque devrait disposer de beaucoup moins de solutions que son homologue parisien pour respecter les règles du fair-play financier et pouvoir briller à l’échelle européenne.