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Kavala, refuge grec d'anciens de la Ligue 1
Kavala (Grèce) Envoyés spéciaux
De l'avis général, la station balnéaire grecque de Kavala, construite à flanc de montagne, à mi-chemin entre la Bulgarie et la Turquie, a quelque chose de Monaco. Comme pour son modèle, le football est sacré à Kavala, même si le club est nettement moins prestigieux que celui de la principauté. L'AOK retrouve cette saison la première division, après dix ans d'absence.
Cinq joueurs du championnat de France ont pourtant décidé de jouer ici. Frédéric Mendy, Franco-Sénégalais formé à Saint-Etienne, est le premier à avoir signé. L'ex-gardien de Lens et de Liverpool, Charles Itandje, est venu une première fois avant de repartir, effrayé, au bout de quelques heures. "Le terrain et les tribunes n'étaient pas finis, les vestiaires étaient quasi nus. Les dirigeants ont su me convaincre de revenir." Avant d'accepter l'offre grecque, Pierre Ducrocq, qui jouait à Strasbourg l'an passé, a lui aussi tergiversé. Tout comme l'ex-Marseillais Wilson Oruma et Douglão, ancien du FC Nantes.
Les dirigeants grecs ont mis en avant un projet sportif ambitieux : le maintien en première division, puis la Coupe d'Europe dès la prochaine saison. Ils ont surtout sorti le chéquier : les transfuges touchent un salaire deux fois plus élevé qu'en France. Plus les avantages en nature : maison avec vue sur la mer, chauffeur, professeur particulier pour les enfants et billets d'avion. "Les conditions financières ont été déterminantes dans mon choix. En fin de carrière, ça compte beaucoup", avoue Pierre Ducrocq.
Si Kavala a pu se permettre cet effort financier, c'est grâce au "patron" du club, le millionnaire Makis Psomiadis, surnommé "Big Mac". Assis à un mètre du terrain, chapelet orthodoxe et pochette Louis Vuitton sur les genoux, il assiste à tous les entraînements, en mâchant un cigare. L'irrésistible Big Mac est couvé par un garde du corps, mastodonte culturiste au regard vide.
Du haut de ses deux mètres, l'homme d'affaires élude les questions : "Je ne m'exprimerai pas. C'est mon fils le président. Moi, je ne suis qu'un touriste." Stavros, 25 ans, est effectivement le propriétaire légal du club depuis trois ans. Mais, occupé à Athènes (dans l'immobilier), il est rarement au club. Le jeune homme, à l'allure de sportif et à l'anglais impeccable, a l'avantage d'avoir une image plus lisse que son père.
UN PASSÉ ENCOMBRANT
Car Makis Psomiadis traîne un encombrant passé. Issu d'une puissante famille originaire de Kavala, l'entrepreneur (il possède de nombreuses discothèques à Athènes) a été longtemps propriétaire d'un journal, Onoma. En 1995, il a été condamné à seize mois de prison pour avoir publié une photo truquée de la femme du premier ministre nue avec une autre femme, dans une pose équivoque.
Plus tard, patron du club de l'AEK Athènes, il a été condamné, à douze ans de prison, pour faux et usage de faux. Il est aussitôt ressorti, un docteur lui ayant diagnostiqué la tuberculose... Mardi 29 septembre, un tribunal d'Athènes lui a infligé à nouveau quatre années d'emprisonnement pour fraude, après une escroquerie à hauteur de 11 millions d'euros.
Les "Français" de Kavala ont conscience de cet environnement mais s'en moquent. Deux autres joueurs ont pourtant très vite déchanté. Courtisé par le club grec, l'ancien Valenciennois Guillaume Rippert a signé un contrat avant de constater, trois jours plus tard, qu'il n'avait pas été homologué et que sa prime d'arrivée ne lui avait pas été versée. Maurice Hongla, joueur franco-camerounais de 20 ans passé par la Fiorentina et Majorque, a signé en décembre 2008 à Kavala mais est reparti en mars, dépité, sans avoir joué un match.
Imanol Corcostegui et Nolwenn Le Blevennec