Citation (le cobra @ 03/03/2010 à 21:10)

Vous êtes naïfs si vous ne comprenez pas que le foot est depuis longtemps un outil politique.
Quand l'EDF gagne en 98, Chirac se rue dessus pour en faire un symbole de la réussite d'une France "black blanc beur". Quand le psg recrute le même été anelka, luccin, dalmat... il ne cache pas une seconde son intention de rapprocher le club des banlieues. Personne ne se dit alors "quel facho ce perpère il assimile noir avec banlieue".
Je ne serai pas surpris non plus que la venue d'Erding, outre le fait que ce soit un excellent joueur qui a manifesté son intérêt de venir à Paris, ait été un peu encouragée du côté de la mairie de Paris l'année de la "saison de la Turquie en Europe".
Quand des clubs cherchent coûte que coûte à recruter un asiatique (même s'il a 2 pieds gauches), ils disent clairement que c'est pour déclencher l'intérêt du public asiatique. Personne ne hurle pour autant au racisme.
Ce que je veux dire c'est que tout cela repose sur le sentiment d'identification et que ce sentiment est fort humain (les pros du marketing ne s'en offusquent pas et l'ont bien compris). Je n'ai pas de problème à dire que j'ai du mal à m'identifier à une équipe 95% black comme c'est le cas des équipes de jeunes au psg.
C'est choquant qu'un blanc dise cela mais quand un noir te dit qu'il est honteux de ne voir que des blancs à la TV, la plupart des gens l'approuvent et le comprennent. Pourtant son ressenti repose exactement sur le même mécanisme. C'est humain.
Ca ne veut pas dire que je hais les noirs. Ca ne veut pas dire que je ne peux pas m'intéresser à leur culture. Ca ne veut pas dire que je ne peux pas aller bouffer dans un restau africain. Par contre ça veut dire que je n'ai pas forcément envie d'y aller tous les jours et que si au bout d'un moment il n'y a plus que ça dans ma rue je vais gueuler.
Non mais ça, que le foot soit un outil politique, ça n'a rien de nouveau, en particulier depuis 98 - encore que la fameuse "intégration" fêtée à l'époque est restée très superficielle, et que le principal usage politique qui a été fait de ce succès a été de s'en servir pour masquer une politique générale désastreuse. Depuis 98 les politiques ont enfin compris la vraie puissance du sport spectacle et des succès sportifs, opium moderne des masses, à l'image des "panem et circenses" romains.
Par contre, que les joueurs idôlatrés soient blacks, beurs, blancs, jaunes, ou rayés violet/vert, je m'en bats joyeusement les couilles. Je ne cherche pas à m'identifier aux joueurs, je leur demande juste de me donner du spectacle (le beau jeu) et des résultats (pour assoir ma fierté locale/régionale). C'est au club et à la ville que je veux m'identifier, pas spécialement à ses joueurs. Et quand bien même, je me ferais une fierté de m'identifier à un Pauleta (Portugais), un Weah (Libérien), un Rai, Valdo ou Ronnie (Brésiliens), un Dahleb (Algérien), un Susic (Yougo) autant qu'à un Le Guen, Guérin ou Rocheteau.
Cela étant dit, la discrimination positive, par exemple, me donne autant d'urticaire que la discrimination, point. Filer un taf à un black parce qu'il est black, c'est idiot et ça ne lui rend pas service (tout le monde va penser, à tort ou à raison, on ne peut même plus le savoir - qu'il a eu son taf grâce à sa couleur de peau, c'est idiot). Je suis sûrement connement naïf et utopique, mais putain ça me gonfle qu'on juge encore les gens à leur couleur de peau à notre époque. Et a fortiori qu'on se base là-dessus pour foutre la merde dans le club que je supporte.