Citation (sofoot.com)
Quevilly-PSG vu par... Orelsan
15 avril 2010
Fan de foot mais surtout de liberté d’expression, le rappeur Orelsan était à d’Ornano pour assister à la demi-finale de Coupe de France. Et il en a pris plein la gueule.
Avant-match
« L’arrêté préfectoral, c’est n’importe quoi, je n’ai pas tout suivi comment ils en étaient arrivés là. J’ai des potes de Paris a qui on a demandé leur carte. On savait même pas si on allait suivre le match. Quand j’ai vu que le bleu et le rouge étaient interdits, j’y suis allé direct ! Juste histoire de voir, j’ai mis mon Pantalon rouge, casquette bleu et rouge et maillot de Caen. Ce sont des fringues que je mets dans la vie de tous les jours… Pas de réaction en ville, mise à part quelque gens. Les gens ont eu peur d’invasion de Gremlins ! Si c’était Auxerre, personne n’aurait flippé. Il y avait des CRS partout en ville, ça me rappelle quand Obama est venu ! J’ai même vu des voitures de flics en civil … Bref, il n’y avait pas tout à fait les mêmes gens que d’habitude. Non, je n’ai pas vu de supporters de Paris en ville, on m’a dit qu’il y a une dizaine de personnes qui foutaient la merde. »
Aux alentours du stade
En fait, moi, j’habite à côté du stade. Là, c’était plutôt calme. Mon contact était à l’intérieur du stade, mais on ne pouvait pas s’approcher. En fait, tu ne pouvais pas accéder à 500m du stade sans billet ni carte d’identité. Et si t’étais en bleu et rouge, tu ne rentrais pas. Et autour du stade, il y avait un périmètre délimité. Autour du stade, il y a pas mal d’habitations en fait. Du coup, à 500m du stade, j’ai du enlever mon maillot de Caen ! A la TV, on n’a pas vu ni bleu ni rouge. C’est super con, je comprends les mesures pour pas qu’il y ait le bordel, mais on n’est pas à L.A. avec les Crisps et les Bloods ! J’en ai discuté avec des CRS, ils se marraient en disant qu’ils tabasseraient des mecs en bleu et rouge. En fait, c’est comme d’hab, ils sont toujours à coté de la plaque. Ce sont les couleurs qui font la violence ? A chaque fois, ils tapent à côté de la plaque, comme avec les histoires sur mes chansons. De la prévention comme ça, j’ai jamais vu ça ! Bientôt, ils vont interdire les survêts ...
Le match en lui même
« Moi j’étais pour la première fois en tribune invités. C’est la tribune que je n’aime pas d’habitude car ça crie pas, ça fait pas la Ola. Là, il y avait une vingtaine de parisiens qui avaient réussi à se camoufler. Dans le stade, c’était bon-enfant. Et puis les Français aiment bien supporter les petits challengers, le petit qui part de rien et qui retourne dans la misère après. Quevilly a manqué d’expérience, Paris n’arrivait pas à concrétiser. A un moment, il y a même eu une baston sur le terrain. Heureusement qu’on a interdit la violence à l’extérieur du stade… Bref, c’était pas le match de l’année. Tout ça pour ça. »
Après-match
« On est parti au coup de sifflet, car il y avait trop de monde. Il faisait super froid, je ne voulais pas trainer. Il y a même eu un feu d’artifice pour Quevilly ! Dans la loi, il paraît que t’avais pas le droit de manifester pour Paris. Aux péages, on t’arrêtait si tu gueulais "ALLEZ PARIS". Nous évidemment, on gueulait "ALLEZ PARIS". Ce qui était bizarre, c’est que les gens regardaient en souriant, mais c’était choquant. On se serait cru pendant l’occupation. Moi, je trouve ça hallucinant, donc, je voulais voir vraiment. Comme l’histoire des banderoles, faut laisser les gens s’exprimer. Pour moi, le stade est une zone de non-droit. Quand j’avais 12 ans, c’est le seul endroit ou je pouvais gueuler "OH HISSE ENCULE". Au stade, t’as le droit d’être bof et con. J’ai l’impression que tout va être lisse à l’avenir. Et d’ailleurs, ca va se passer comment au Stade de France ? »
Thomas Bohbot