Vous l'attendiez tous, l'interview de Kombouaré dans le So Foot de mai (pour l'instant on reste dans le topic "Anciens"

).
Merci à Dante, NeiBaF et Philo pour avoir contribué à rendre ceci possible.

Citation
"Quand on me cherche, ce n'est pas facile de me maîtriser..."
Kanak au tempérament volcanique, ancien pilier de la défense nantaise ère Coco Suaudeau puis tampon parisien ère Valdo-Denisot, Antoine Kombouaré, devenu entraîneur, a gardé l'âme d'un guerrier. Entretien tout en uppercuts avec un "sage" en perpétuelle rébellion. — par Brieux Férot et Chérif Ghemmour
Entraîneur, ça vous est venu très tôt : vous avez passé le premier diplôme à 26-27 ans, vous étiez encore joueur... Ca vient d'où cette passion d'entraîner ?
Ça vient des gens que j'ai rencontrés, Coco Suaudeau, Raynald Denoueix, du club dans lequel je me suis trouvé, le FC Nantes, un club formateur et aussi de ma culture. Chez nous (en Nouvelle-Calédonie, Ndlr), on vit "claniquement", c'est un mode de fonctionnement où on partage tout, tous ensemble. Ça ressemble à ce qu'on vit sur un terrain : un groupe, une équipe, un club. Ça vient aussi du poste que j'occupais en tant que joueur. J'étais défenseur. Quand on est derrière, on a un champ d'action et de vision énorme. Et puis, à la base, le rôle d'éducateur me plaisait. Aujourd'hui, je suis entraîneur de haut niveau : en théorie, mon rôle n'est plus d'éduquer, mais de gagner des matchs. Mais en fait, l'humain, les règles de vie, la discipline, c'est toujours de ça qu'il s'agit. Je n'ai pas le choix. j'aimerais parler de foot à mes joueurs, de tactique, de ce qui n'a pas marché pendant le match et je me rends compte qu'aujourd'hui c'est secondaire, alors je dois leur parler des soins quand ils sont blessés, des retards, des amendes. D'ailleurs, les amendes, les gars ne les ont pas payées depuis trois semaines, alors on va les doubler ! Moi, c'est comme ça que je fonctionne... Il faut vivre avec son temps. Ça a tellement évolué, il y a des tentations terribles : les salaires énormes, les agents, les portables, les ordinateurs. Les gars peuvent se payer un voyage en avion dès qu'ils ont un week-end de libre. Nous avant, on ne bougeait pas. Ceci dit, à l'étranger, ça se passe différemment. Là-bas, l'institution est la plus forte ! II y a des mesures très fortes pour sanctionner les joueurs : les pépettes ! Ici, les joueurs sont intouchables ! Tu veux les sanctionner avec une retenue d'un trentième de salaire ? Il faut envoyer un courrier, etc. En Angleterre ou en Italie, c'est direct : tu fais une connerie, tu ne t'es pas présenté à l'heure : 50 000 euros d'amende ! Là, ça fait mal ! Mais, je suis sûr que sur la durée, ça paye, les résultats arrivent.
C'était différent quand vous étiez joueur ?
Je me souviens de Nantes : Suaudeau, c'était l'Ancien, le Sage. Je retrouvais là, dans ce club, le fonctionnement clanique de la société kanake. Aujourd'hui, je me retrouve un peu à la place de Coco Suaudeau, et je me dois d'être exemplaire : c'est la tribu, et je suis l'Ancien. Mais je reste humble, je ne pète pas plus haut que mon cul parce que j'apprends tous les jours. La différence avec l'époque Suaudeau, c'est la gestion des hommes. Je peux arriver un jour à l'entraînement et recevoir un coup de fil du président qui m'annonce que le commissariat de police a appelé parce qu'on a un joueur en garde à vue, et c'est à moi de gérer. Je dois sanctionner le gars mais le garder dans le groupe parce que c'est un joueur important. Il faut trouver une sanction juste qui fasse réfléchir les autres. La communication avec les joueurs, en règle générale, c'est un juste milieu à trouver. Moi, je pars du principe que le joueur sait quand il n'a pas été bon, alors pas besoin de trop l'enfoncer. Mais quand il a fait une connerie, il faut sanctionner parce que c'est la règle. J'agis avec eux comme j'agis avec moi : quand je ne suis pas bon, ou que je fais une connerie, ben, je paye. Quand je fais des conneries sur la route, on m'enlève mes points. Il me reste un point sur mon permis... Eh bien, c'est comme ça !
Un seul point ?
Oui. J'ai déjà eu trois ou quatre retraits de permis. Je ne fais pas intervenir mes relations pour résoudre ça. Je suis con, mais c'est comme ça. J'assume mes conneries. Et les joueurs doivent faire pareil. Je le dis souvent : quand un joueur signe dans un club, il ne s'appartient plus, il appartient au club. Il a une image importante à véhiculer. ça passe par l'exemplarité, savoir se tenir, être propre (sic). Quand un joueur fait une connerie, c'est l'institution qui est pénalisée.
Suaudeau, qu'est-ce qu'il représente pour vous ?
C'est lui qui m'a appris le haut niveau. Il était exigeant, intransigeant, pointu. Il tapait sur le mental, à insister sur les points faibles pour progresser. Pas toujours fin psychologue... Il pouvait être cassant. Il savait faire mal, et faire peur. Il fallait être costaud ! À toi de bien comprendre les messages qu'il te faisait passer. Des codes, des petites portes, il fallait creuser. Il ne te donnait jamais les réponses ! Même à l'entraînement avec le ballon, il fallait décoder. C'était rare que tu comprennes le jeu et son intérêt tout de suite... Il fallait de la répétition, retravailler sans cesse, communiquer entre les joueurs. On devait trouver la solution ensemble. C'est carrément le seul entraîneur qui m'a donné l'envie de venir m'entraîner. On savait qu'il y aurait beaucoup de séances différentes, nouvelles et basées sur le jeu. C'était dur ! Il y avait toujours l'esprit de compétition : c'est pour ça qu'à Nantes il y avait beaucoup d'internationaux en équipe de France. Moi, ça m'a toujours fait rire quand j'entendais dire que les joueurs nantais étaient vachement "techniques" : on était des monstres physiques, oui ! Pour pratiquer ce jeu-là, il fallait un physique de fou ! À la 85e minute, un Nantais te faisait un contrôle parfait parce qu'il était technique mais aussi parce qu'il était d'abord costaud, donc encore lucide...
Et vous. vous vous considériez comme un joueur technique ?
Ça veut dire quoi, la technique ? C'est jouer juste, c'est tout. Nous, à Nantes, derrière, on n'était pas des enfants de choeur ! Les Rio, Bossis, c'étaient des coupeurs de têtes ! À Nantes, on faisait une opposition le mercredi, entre les titulaires et les autres : jamais les titulaires ne gagnaient ! C'était un coupe-gorge ! Le match du mercredi, c'était plus hard que le vrai match de championnat du samedi ! À la fin, les titulaires ne voulaient plus jouer contre nous, les jeunes... Mais c'était toujours réglo. À l'entraînement, c'était que physique ! Que des duels ! Aujourd'hui, on ne peut plus faire ça. Les jeunes joueurs de maintenant, ils sont moins chambreurs que nous à notre époque, plus caractériels. Dès que tu en touches un, tout de suite, il sort de ses gonds : "Ouais, tu me touches pas, tu me chambres pas !" Nous, à l'époque, on faisait un toro, le mec au milieu il pouvait y passer la matinée, il devenait fou ! Désormais, un toro ça peut vite partir en vrille parce que dès que tu chambres un peu, on en vient aux mains. Les mentalités ont changé.
À Valenciennes, comment faites-vous passer vos messages, concrètement ?
J'ai cinq capitaines. Ils sont les garants de la méthode, du message, et les relais de tout ce que je veux mettre en place. Ce sont les joueurs les plus expérimentés, normalement ceux qui ont le plus de talent, et sont aussi les mieux payés. À partir de là, il faut assumer sur le terrain. Quand ça ne va pas, ce sont ces mecs-là que je vais choper, ce sont eux qui dégustent : "N'oublie pas que tu es un leader, que tu es venu discuter de ton contrat dans mon bureau. Là, faut assumer." Il ne faut pas se cacher, ils ont un rôle à jouer d'abord sur le terrain et dans le vestiaire. On peut discuter, prendre parfois des décisions communes. Je veux qu'on travaille dans l'honnêteté. Je veux qu'à la fin de notre coopération, le mecs disent non pas que je suis un bon entraîneur, mais que l'entraîneur a été un homme juste. Quelle que soit la durée du contrat, je pars sur un an. Pendant un an, on ferme sa gueule, on travaille ensemble, on se respecte. À la fin de la saison, on fait le bilan : tu es content d'avoir travaillé avec moi ? On continue. Tu n'es pas content ? Au revoir, on se serre la main. Toujours en
entretiens individuels.
Vous avez dû vous construire une identité tactique en tant qu'entraîneur au plus haut niveau...
On a tous une idée sur l'équipe idéale, le système idéal, mais tu ne peux pas jouer dans un système si tu n'as pas les joueurs pour. Moi, aujourd'hui, la chance que j'ai, c'est de participer au recrutement, donc je prends un joueur qui me plaît et qui peut jouer en 4-4-2. Parce que pour moi, c'est le système qui permet à la fois la meilleure occupation du terrain, une meilleure répartition des tâches, un meilleur équilibre et la meilleure gestion de tous les systèmes en face : 3-5-2, 4-3-3, 4-4-2 avec un milieu en losange ou à plat avec Nuno Gomes(©C.u.l.t.u.r.e.PSG.com)... Après, on peut rencontrer des problèmes, comme avec un numéro dix un peu décroché, mais dans l'ensemble, on a le meilleur système pour défendre et surtout pour attaquer.
Vous privilégiez beaucoup le jeu avec le ballon à l'entraînement...
Pour moi, c'est important de jouer et surtout de courir. Le plus important, c'est de faire un travail de course, les gars ne peuvent pas carotter. Et ce travail de course-là, c'est primordial pour le mental, or, le bon joueur, ce n'est pas le mec qui touche techniquement, c'est le mec qui a le plus fort mental pour gagner. Encore plus vrai dans une ville comme Valenciennes, où la situation est difficile pour les gens. Sur le terrain, quand c'est dur, faut pas baisser les armes. Pour nous marquer des buts, il faut nous passer sur le corps.
Revenons à vote carrière. Après Nantes, vous jouez six mois à Toulon, puis le PSG, à la belle époque...
C'est Rolland Courbis qui m'avait fait venir à Toulon et un jour, la police a débarqué au club, un truc de fou. Et Rolland s'est retrouvé en prison... Alors le PSG s'est manifesté. Nantes m'a appris mon métier, le PSG m'a appris à gagner. En cinq ans, on a remporté le championnat, deux coupes de France, une coupe de la Ligue, on a joué cinq demi-finales consécutives de coupes d'Europe. C'était fantastique : on installait Paris sur la scène européenne. C'était la première fois aussi que j'entendais un discours comme celui de Canal : "Nous, on vient, on met de l'argent et on veut des résultats !" Il y a eu l'achat de beaucoup de joueurs, une bonne dizaine, c'est énorme, à la place de joueurs de la période Borelli : c'était la première fois que je voyais qu'on payait des joueurs pour partir... C'était nouveau. Malgré l'image paillettes de Canal+, pas de risques que ça s'éparpille : l'ambiance était très sérieuse. Artur Jorge était hyper rigoureux et le recrutement s'était fait sur des hommes. Au-delà des joueurs, c'étaient des super mecs, qui avaient des vies de famille. Il y avait peu de célibataires. Je n'en connais pas qui ont pété les plombs. On a vu arriver les Lama, Ginola, Guérin, Le Guen, Ricardo, Valdo, que des joueurs qui avaient envie de gagner, ou des jeunes qui avaient un palmarès vierge. Tout le monde avait faim. Moi, mon travail sur le terrain, c'était de mettre des boîtes, d'aller tamponner, d'intimider l'adversaire... Je n'aime pas me faire marcher sur les pieds. Je suis respectueux, mais quand on vient me chercher...
C'est Kanak, ça ?
Oui, je crois. Moi, je reste à ma place, mais je n'aime pas trop les gars qui se la racontent et je n'aime pas l'injustice. Et quand on me cherche, ce n'est pas facile de me maîtriser...
Et le fameux but de la tête, contre le Real, au Parc : c'est vrai cette histoire, qu'après le match, il y a Denisot qui est fou de joie, qui vous prend dans ses bras et vous, tout ce que vous trouvez à lui dire cash, c'est: "Pourquoi je suis remplaçant pourquoi je joue pas plus" ?
Bien sûr ! Parce que moi je comme ça. Je lâche pas l'affaire... Donc, quand Denisot vient me voir après le match et me dit "Antoine, super !", je lui dis "Michel, arrête ! Je ne peux pas accepter. Je ne peux pas comprendre que je ne joue pas dans ton équipe, là !" Alors que c'était un moment du joie, de liesse, des trucs que je n'ai jamais revécus... Quand vous êtes remplaçant, vous avez toujours le sentiment que c'est une injustice. Après, il y a deux façons de réagir. Soit on peut lâcher, on se dit "l'entraîneur c'est un connard, il fait chier, t'appelle mon agent et te me casse au mercato ou à la fin de la saison." Moi, non, c'est mon caractère, je voulais aller à la bagarre pour prouver à l'entraîneur qu'il avait tort. Le coup de tête que je mets contre Madrid c'est pour dire: "Tiens ! Voilà Artur Jorge : c'est pour ta tronche, c'est pour ta gueule !"
Vous avez joué ensuite en Écosse, à Aberdeen...
Ouah, j'ai aimé! Y a pas de chichi. Deux saisons fantastiques. Je rentrais chez moi, je sautais encore mettre la tête. Peu de préparation, ça jouait long, sur les deuxièmes ballons, ça écartait et ça centrait, Un jeu très primaire, de combat, je me suis régalé, Le foot britannique, ça ne chambre pas, c'est le corps qui parle. En France, tu touches un mec, il tourne vingt-cinq fois, t'as l'impression qu'il a la jambe cassée et dès que t'as pris un jaune ou un rouge, il se relève.
Vahid Halilhodzic et Luis Fernandez vous ont proposé d'être leur adjoint quand ils ont coaché Paris, vous avez à chaque fois refusé. On a l'impression que vous ne vouliez pas être n°2...
Jamais ! Moi, c'est n°1 : c'est mon caractère. Parce que demain, si j'acceptais un poste d'adjoint et que le n°1 avait le malheur de mal me parler, il pourrait prendre un pain dans la gueule ! Quand j'étais joueur, j'étais comme ça : même remplaçant, j'avais l'esprit n°1. Quand ça n'allait pas dans le groupe, avec moi ça clashait avec les joueurs ! Je ne sais pas garder pour moi. J'ai eu plein de soucis avec des joueurs, des copains, hein, avec Ginola, Weah, Roche, Sassus, Daniel Bravo... Mais une fois qu'on s'est expliqués, c'est fini, pas de rancune.
Vous parlez souvent de "guerriers", de "pitbulls", vous faites souvent référence au combat et à la lutte, comme celle du peuple kanak contre le colonisateur...
C'est la fierté, l'honneur : debout, ne jamais reculer. Il y va de sa famille et de son clan. Faut bien voir qu'avant la colonisation, les peuples kanaks, ils se bouffaient entre eux. C'étaient des peuples de guerriers. Il y a peut-être 100 000 Kanaks et 28 dialectes. Si on n'a pas le français, on ne se comprend pas. Mes parents, l'un vient de lîle des Pins, l'autre de Lifou, ils ne se comprennent pas. Ça, c'est dans les îles, mais c'est pareil dans la Grande Terre, ils ne se parlent pas, ne se connaissent pas. Mais il y a aussi le sens du partage et l'accueil. Quand les joueurs de France 98 sont venus, ils ont découvert cela, l'autorisation de fouler les terres. Après, on t'accueille comme un frère. C'est ce que je dis à mes joueurs : ce qui reste, c'est ce qu'on a vécu ensemble, le foot, c'est secondaire.
Vous parlez de la Nouvelle-Calédonie à vos joueurs ?
Parfois, mais je ne veux pas leur prendre la tête non plus. Qu'aujourd'hui il y ait l'autonomie, c'est bien parce que ça va permettre aux gens sur place de pouvoir gérer directement le pays. Mais le plus important, c'est que tout le monde trouve sa place dans cette société. Et quand je dis tout le monde, c'est les Kanaks, les Polynésiens, les Caldoches, les Européens, les Asiatiques : il faut faire en sorte que tout le monde puisse cohabiter avec l'autre.
Mathieu Kassovitz est en train de préparer un film sur les événements de la grotte d'Ouvéa. D'après vous, qu'est-ce qu'il ne faudrait pas rater de ce sujet-là pour le traiter de façon vraiment correcte ?
Ce gars, là, qui fait le sujet, doit vraiment aller au fond du problème, dire tout ce qu'il s'est passé. Qu'il n'écoute pas qu'une seule des parties. Il faut bien retranscrire l'ordre des choses : il y a eu la grotte d'Ouvéa et ensuite le meurtre de Jean-Marie Tjibaou (leader indépendantiste kanak, Ndlr). C'est un sujet difficile, Tout le monde n'est pas d'accord sur la façon dont ça s'est passé, moi le premier. Les Kanaks avaient leurs motivations. Pour en arriver là, il s'est passé des choses terribles, terribles... Parce que le Kanak est quelqu'un de "docile", je veux dire il écoute, il prend sur la gueule, mais pour en arriver à prendre des décisions aussi radicales, c'est que l'exaspération était à son comble. J'ai eu très peur ça s'embrase. Parce que moi j'ai grandi au Mont-Dore, avec toutes les couches sociales, toutes les ethnies: Kanak, Caldoches, Wallisiens, Javanais, Tahitiens, Antillais aussi... J'avais des amis de partout. et j'étais ici et la famille était là-bas, les amis. Mun épouse est tahitienne. J'ai prié très fort pour que ça n'arrive pas jusqu'à une guerre civile. Parce qu'on n'en était pas loin.
Et les événements récents aux Antilles, ils ont fait tache d'huile à la Réunion, mais pas en Nouvelle-Calédonie...
Ce n'est pas lié du tout. Aux Antilles, il y a le poids de l'esclavagisme, que nous n'avons pas eu chez nous. C'est une autre histoire : même si chez nous il y a des colons, quatre ou cinq grandes familles qui tiennent un peu l'île, il y a autre chose. Aujourd'hui, il y a plus de pouvoirs partagés, et de richesses aussi. C'est très compliqué, la vie y est très chère, Nouméa n'est pas accessible à tous, mais en tout cas, les gens ont envie de cohabiter ensemble et font des efforts. Je pense que c'est la chose la plus importante et c'est ce qui fait qu'aujourd'hui, même s'il y a des soucis on n'en arrivera pas au pire.
"Kombouaré, ça veut dire quelque chose en langue kanake ?
Non. Je ne sais pas d'où ça vient. Mais je me demande si ça ne viendrait pas d'ici, de métropole. Apparemment, mon arrière-arrière-grand-père serait un Français, peut-être d'Alsace... J'ai cherché un peu. Il se serait marié avec une Mélanésienne. Parce que mon grand-père est un Blanc, Chez nous, ce sont des sujets tabous. J'ai des photos de mon grand-père et de mon arrière-grand-père, ils sont blancs. On a tous un prénom français, Antoine, et un prénom mélanésien. Christian Karembeu, son autre prénom, c'est Lali. Moi, mon nom c'est Kombouaré Koulone Antoine. Chez moi, tout la monde m'appelle Koulone, personne ne connaît le nom Antoine.
Vous êtes l'un des seuls entraîneurs de haut niveau noirs en Europe. Est-ce que, comme Pape Diouf, qui est le seul président de club noir en France, c'est quelque chose que vous mettez en avant, et que vous trouvez choquant ? Est-ce que, comme lui, vous ressentez une pression supplémentaire et un certain devoir d'exemplarité ?
Preuve que non : si j'avais conscience de ça, je ferais en sorte de me tenir plus à carreau et de ne pas me faire expulser par les arbitres ! On me prend avec mes qualités et avec mes défauts. Je ne vais pas me dire: "Mince, Il faut que le fasse attention parce que sinon derrière, les autres ils vont avoir du mal..." Non, Je ne suis pas black, je ne suis pas blanc, je ne suis pas maghrébin, je suis Antoine Kombouaré, entraîneur. Je ne veux pas être le symbole de quoi que ce soit. Les symboles, c'est une fois qu'on est dans le cercueil.
PROPOS Recueillis PAR OF ET CG A VALENCIENNES
So Foot (le mag).