Citation (Lagoaparaiso @ 09/05/2018 14:03)

Il y a de la marge entre peter des genoux et ne pas déclencher une plainte auprès du Proc, ou une descente de flics...
Le probleme est chez vous, dans les directives, les lois ou au Palais de Justice qui ne suit pas ?
Déjà tu pars d'un postulat de base :
Citation
tu sais mieux que moi qu'il y a des wagons de gosses martyrs laissés chez eux "parce que ce serait encore plus déstabilisant de les enlever à leur famille"
qui est en erroné.
On ne laisse pas
sciemment des gosses "martyrs" chez eux. Bien sûr, on peut mal évaluer le contexte de danger, cela arrive, on n'est malheureusement pas omniscients. Des familles, gamins compris, qui savent nous leurrer, il y en a (et y en aura) toujours. Tout comme il arrive, comme je te le répondais de manière ironique, qu'on sur-évalue le contexte de danger et qu'une décision de placement disproportionnée par rapport à la situation soit prise.
On est sur de l'humain, il n'y a absolument aucune méthode qui garantisse l'infaillibilité (tout comme un professionnel expérimenté de l'ASE comprend bien vite qu'il n'y a pas de recette miracle pour éduquer des gamins).
C'est compliqué de te répondre tant c'est une question d'appréciation pour chaque situation et que chaque situation est unique. Les violences physiques sont interdites, ok. Mais est-ce qu'une fessée ou une claque de manière ponctuelle ou sous le coup de l'énervement, ça justifie de balancer l'artillerie lourde ? La récurrence des faits, le crédibilité de la victime, les antécédents, la réaction des parents (déni ? effondrés ? banalisent ? etc...), le contexte social, psychologique, médical,... tout cela il faut qu'on l'appréhende en un temps record (quelques heures quoi) pour décider ou non de saisir le Parquet pour une enquête de police et/ou une ordonnnance de placement provisoire (OPP).
Le cas classique c'est quand un établissement scolaire nous interpelle parce qu'un gamin a fait des révélations de violences physiques de la part de leurs parents. Quand on a un certificat médical qui confirme des coups, en général on n'hésite pas car il est indispensable que le gamin soit examiné par un médecin légiste au plus vite, sans que cela présage de la culpabilité des parents ou non.
On est confronté à tout type de situation, des situations où les "indices" sont très légers et ça s'avère catastrophique et des situations où tout le monde s'affole alors que finalement le contexte de danger est léger.
On a des gamins qui demandent à un pote de leur péter le nez juste pour faire chier les parents... des gamins profil ITEP qui balancent des accusations sans se rendre compte des conséquences, des gamins qui préfèrent accuser leurs parents plutôt que de dire qu'ils se font racketter (et qu'ils sont supporters de l'ASM) etc... Et le pire, des gamins qui ne disent absolument rien et qui couvrent leurs parents alors qu'on a pas mal de soupçons.
Bien sûr, on pourrait se couvrir tout le temps, principe de précaution, toussa toussa,... et tout balancer au Procureur sans réfléchir mais dans les faits, c'est tout aussi désastreux. J'en ai eu quelques uns de placements abusifs et c'est compliqué de rattraper le coup et ça peut être désastreux.
Après, les gamins "martyrs" victimes de parents vraiment sadiques, c'est-à-dire dont la violence est volontaire et assumée, c'est très minoritaire dans nos interventions. En général les violences sont "expliquées" (et non justifiées) et ne sont que les symptomes d'une situation éducative dégradée (et pour le coup, la taloche paraît anecdotique puisqu'elle n'est pas le fond du problème).
Citation
Je me suis mangé une inspection de l'ASE parce que l'assistante sociale de l’école d'une de mes filles trouvait qu'elle manquait souvent l'école (et malgré les attestations médicales...), y'a peut-être des marqueurs plus pointus que les laryngites pour identifier les gosses qui morflent

Il s'agit plutôt d'une évaluation médicosociale menée dans le cadre d'une information préoccupante. A ce stade l'ASE n'est pas saisie, elle se contente de piloter le dispositif (après chaque département fait ça à sa sauce).
L'absentéisme scolaire est un marqueur comme un autre. Il n'est pas question d'être plus pointu ou je ne sais quoi. D'ailleurs c'est un marqueur très révélateur.
Attestations médicales ou pas. S'il y a d'ailleurs une profession qui couvre des horreurs, c'est bien les médecins avec leur secret professionnel à la con.
On en revient à ton interrogation de base, à savoir la détection. Je veux bien qu'on critique l'ASE mais si personne ne nous informe de quoi que ce soit, on peut difficilement faire quelque chose. On n'est pas encore médiums.
Et des gens qui couvrent, il y en a souvent, à commencer par la famille ou les amis, voire les voisins.
C'est pour cela que ces dernières années (depuis 2007 en fait), le dispositif d'information préoccupante a été développé et progressivement renforcé.
Pour finir, non, jamais de la vie on ne laisse un gamin en situation de danger "parce que ça serait plus déstabilisant de les enlever à leur famille". C'est faux et archi-faux.
On peut le laisser dans une situation un peu merdique parce qu'on estime qu'un placement ne lui serait pas plus bénéfique mais si le contexte de violences est avéré, non, jamais.
Faut pas voir de l'idéologie partout hein. C'est pas parce qu'on est majoritairement de gauche qu'on se laisse guider par des idéaux gnangnans à la con.