Les championnats du monde commencent demain et la plupart des français vont découvrir ce p'tit jeune.
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Une autre galaxie pour Lemaître
Le 24 juillet dernier, Christophe Lemaître courait le 100m des championnats d'Europe juniors en 10''04. Le Français de dix-neuf ans suscite du coup énormément d'attention avant son entrée en lice samedi à Berlin.
A-t-on déjà un vu un athlète retenir autant l'attention alors qu'il n'a encore jamais évolué au niveau senior ? Aux Etats-Unis ou en Jamaïque peut-être. En France... Christophe Lemaître, âgé seulement de dix-neuf ans, avait déjà fait parler de lui l'année dernière en devenant champion du monde juniors sur 200m. Cette saison, dans l'épreuve continentale sur la même distance, il a fait encore plus fort. A Novi Sad, il y a trois semaines, il a empoché le titre mais surtout réalisé un temps de 10''04. A cet âge-là, des pointures telles que Tyson Gay, Asafa Powell et même Carl Lewis n'avaient jamais couru aussi vite (*). Déjà retenu pour le 4x100m, le jeune Lemaître a également gagné son ticket pour la ligne droite. Et aujourd'hui les rêves, les espoirs, les questions fusent autour du natif d'Annecy. Sera-t-il le grand sprinteur français tant attendu ? Le verra-t-on en finale mondiale ou olympique ? Peut-être dès dimanche sur la piste berlinoise (21h35) ?
«Je sais que sur 200m, j'ai plus de potentiel, mais un 100m, c'est assez extraordinaire. Toute cette excitation avant d'entrer dans les starts...»
A Berlin, Christophe Lemaître a découvert «un autre univers» avec «une large différence au niveau médiatique». «Mais je dois faire abstraction de ça, enchaîne-t-il calmement. Je garde les pieds sur terre. Je ne ressens aucune pression. Mais je suis quand même excité.» Pour illustrer cette confiance, le jeune Français n'avait pas hésité à s'annoncer en finale avant son arrivée en Allemagne. «C'est audacieux, je l'admets.» Mais il n'a pas infirmé ce premier pronostic. Et, pour se donner le maximum de chance sur l'épreuve reine des Mondiaux, il a laissé de côté, cette saison, le 200m, son épreuve de référence. «Au début de l'été je me suis effectivement dit que ce serait trop dur de doubler, explique Lemaître. Je ne suis pas encore prêt. Et j'ai privilégié le 100m car, des deux courses, c'est ma préférée. Je sais que sur 200m, j'ai plus de potentiel, mais un 100m, c'est assez extraordinaire. Toute cette excitation avant d'entrer dans les starts...»
A ce sujet, les 10''04 obtenus en Serbie lui ont donné son lot de frissons. «Cela été quelque chose d'énorme, a-t-il confié. J'y ai fait un très bon départ, peut-être même un des meilleurs que j'ai jamais réalisé. La mise en action a aussi été très bonne. Les vingt derniers mètres ont été en revanche plus difficiles. J'avais tendance à allonger les foulées et donc à perdre de la vitesse». Réduites de quelques centimètres, ses longues enjambées - couplées avec sa taille - offrent une légère et amusante comparaison avec Usain Bolt, le champion olympique et recordman du monde (9''69) de la spécialité. D'ailleurs Christophe Lemaître voit ce dernier l'emporter dimanche sur la piste bleue du stade olympique de Berlin. Mais "de peu". Et où sera-t-il, lui, à ce moment ? Dans les tribunes ou dans un des huit couloirs réservés aux finalistes ? - O.P. à Berlin
(*) Usain Bolt ne courait pas encore le 100m à cet âge-là et Maurice Greene n'avait aucune référence. (L'Equipe du 25 juillet 2009)