
Y a t'il déjà eu ne serait-ce qu'
un important tremblement de terre en France?
Et si Nice disparaissait.
L'Express - 2009La ville azuréenne a déjà connu des séismes violents. Le dernier remonte à la fin du XXe siècle. Si la situation n'a rien d'inquiétante, les experts attendent des secousses plus régulières et d'une intensité plus élevée dans les prochaines années.
C'est déjà arrivé
20 juillet 1564 Un tremblement de terre ravage l'arrière-pays niçois, dans la vallée de la Vésubie, et fait 300 morts. A posteriori, les chercheurs estiment sa magnitude à 5,9 ou 6 degrés sur l'échelle de Richter.
23 février 1887 Un séisme sous-marin, au large de l'Italie, à la hauteur de San Remo, provoque la mort de plus de 600 personnes. Des dégâts sont observés jusqu'à Nice, où une trentaine de maisons sont évacuées. Sa magnitude est estimée entre 6,3 et 6,4.
Cela peut-il se reproduire?
C'est l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Au choix. Pour les uns, la ville se trouve officiellement classée en zone 2, dite de "sismicité modérée"; pour les autres, elle compte parmi les plus dangereuses de l'Hexagone... La réalité se révèle double: Nice tremble toutes les semaines, agitée par des microséismes, et les spécialistes s'attendent à connaître à intervalles réguliers (tous les quatre ou cinq ans) un tremblement de terre plus puissant -d'une magnitude d'environ 4,5 sur l'échelle de Richter. Pas de quoi affoler les foules, mais suffisant pour entretenir un climat un tantinet anxiogène.
Ce qui se passerait si...
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a établi les conséquences plausibles d'un séisme important sur Nice. Les chiffres sont éloquents: "De 50 à 600 morts, de 10 000 à 40 000 sans-abri, des coûts directs de 3 à 9 milliards d'euros", détaille, laconique, Pascal Dominique, chef de l'unité sismique du service aménagement et risques naturels du BRGM. Il aurait pu ajouter: des casernes et des hôpitaux engorgés, des problèmes d'approvisionnement en eau, une autoroute coupée pendant une semaine et un réseau de télécommunications hors d'usage durant deux ou trois jours. Bref, un scénario catastrophe à faire frémir n'importe quel responsable politique.
Ce qui est prévu pour vous protéger
La vulnérabilité de Nice face aux caprices du sol a longtemps été sous-estimée, voire occultée. "Grâce au travail des scientifiques, nous avons pris la mesure du danger. Au point d'apparaître aujourd'hui comme l'une des villes européennes les plus avancées dans le domaine", assure Yannick Ferrand, responsable du pôle prévention des risques urbains à la mairie.
Des dizaines de sismomètres surveillent en permanence les grondements et quelques failles terrestres sont assez bien répertoriées. "La plupart d'entre elles ont une taille modeste et se déplacent à une vitesse lente (de 1 à 2 mm par an), précise Françoise Courboulex, chercheuse au laboratoire Géosciences Azur (université Nice-Sophia-Antipolis et CNRS). Ce qui n'écarte pas le risque." La connaissance des abysses de la zone ligure est plus problématique: plusieurs failles importantes, mais méconnues, ont récemment engendré deux séismes, en 1989 et 2001, d'une magnitude de 4,5 et 3,9. "Toute la question est de savoir si elles peuvent causer un événement semblable à celui de 1887. D'où l'urgence de poser un réseau de surveillance au fond de la mer", tonne Philippe Charvis, directeur de Géosciences Azur.
Le casse-tête du vieux Nice
"Depuis, nous avons travaillé sur l'aléa sismique en affinant les connaissances, puis en établissant un zonage de vulnérabilité qui prend en compte un maximum d'indices comme l'effet de sol. Jusqu'à mettre en place une stratégie de prévention et de gestion de crise", détaille Yannick Dordigné, responsable des risques majeurs de la communauté d'agglomération Nice-Côte d'Azur. Concrètement, les constructions récentes doivent répondre à des normes antisismiques: meilleur ferraillage, chaînage sur les ouvertures, conception de bâtiments simples, prise en compte d'espaces minimaux entre les immeubles pour éviter les effets d'effondrement de type "château de cartes". Les cas exemplaires du palais Nikaia et des bâtiments du quartier de l'Arenas, sont, à ce titre, mis en avant. Le Vieux Nice, en revanche, semble relever d'une équation insoluble: les solutions technologiques sont peu nombreuses, coûteuses et, avec un taux de renouvellement du bâti de 1% par an, il faudrait un siècle pour le mettre aux normes...
http://www.lexpress.fr/region/et-si-nice-d...que_725646.html