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Le Partenariat Public Privé est-il un modèle de financement viable pour les stades français ?
Le choix du Partenariat Public Privé comme modèle de financement des stades français est aujourd’hui en vogue. Il a été utilisé pour construire le MMArena du Mans, le Grand Stade Lille Métropole, l'Allianz Riviera de Nice, le Stade Vélodrome de Marseille ou encore le futur Grand Stade Bordeaux Atlantique.
Crise économique et développement du Partenariat Public Privé (PPP)
La crise économique actuelle a un double impact sur le modèle de financement des stades français. D’un côté, les collectivités territoriales se désengagent de plus en plus car elles ne peuvent plus supporter les coûts de gestion. De l’autre, les clubs ne peuvent pas investir massivement et donc devenir propriétaires de leur outil de production : le stade.
Le Partenariat Public Privé s’impose donc comme un modèle de financement pour les constructions de nouveaux stades sur le sol français. C’est un contrat administratif par lequel l'Etat ou un établissement public de l'Etat confie à un tiers, pour une période déterminée en fonction de la durée d'amortissement des investissements ou des modalités de financement retenues, une mission globale ayant pour objet la construction ou la transformation, l'entretien, la maintenance, l'exploitation ou la gestion d'ouvrages, d'équipements ou de biens immatériels nécessaires au service public, ainsi que tout ou partie de leur financement à l'exception de toute participation au capital.
Les limites du Partenariat Public Privé (PPP)
Le cas du financement du nouveau stade du Mans illustre très bien les limites du PPP.
Tout commence par un coût d’investissement qui ne cesse de s’alourdir. À l’origine, le coût global du stade était estimé à environ 35 millions d’euros. Finalement, la facture totale est bien loin de cette estimation et le coût de construction du MMArena a finalement dépassé les 100 millions d’euros (104 millions). Dans l’incapacité de régler cette facture bien trop lourde, les collectivités territoriales ont fait appel à un opérateur privé du BTP (Vinci dans le cas présent) pour s’acquitter d’une partie de la facture. Vinci a donc pris à sa charge 52 millions d’euros. Une convention de concession d’exploitation a été signée entre la ville du Mans, le club et l’opérateur privé. Tous les ans, Vinci perçoit différentes rémunérations de la part de la ville et du club.
Dans ce cas, le montage financier semble profiter à l’opérateur privé qui va percevoir chaque année des revenus pendant toute la durée de la concession. Le club n’étant pas propriétaire du stade, il ne percevra pas l’intégralité des revenus provenant de l’exploitation de l’enceinte.
Mais aujourd’hui, le club du Mans doit faire face à un important déficit qui pourrait le conduire à déposer le bilan. Si le club est déclaré en cessation de paiement il sera relégué administrativement en division inférieure. Dans ce cas, le concessionnaire (Vinci) pourra exiger dans un délai de six mois la résiliation de la convention de concession d’exploitation. Cette résiliation impliquerait une compensation financière de plusieurs millions d’euros, à la charge de la ville du Mans et donc des contribuables manceaux.
Les solutions alternatives
La principale solution alternative est un financement exclusivement privé du nouveau stade. Dans le cadre de la Coupe du Monde 2006 en Allemagne, cinq nouveaux stades et de nombreuses rénovations ont été réalisées. L’investissement global provenait à 67% de capitaux privés (source CDES Limoge). Les clubs allemands ont donc largement investi pour devenir propriétaires de leurs stades. Le président du Bayern Munich (Uli Hoeness) a déclaré au journal l’Equipe en date du 8 avril dernier que la meilleure décision qu’il a prise est « sans hésitation, lorsqu’on a décidé de construire l’Allianz Arena. Ce stade nous a permis véritablement de changer de dimension, de prendre encore plus confiance en nous. Auparavant, on jouait au stade Olympique, qui appartenait à la ville et qui ne rivalisait pas avec des enceintes comme le Camp Nou (à Barcelone) ou Old Trafford (à Manchester)".
Certains clubs anglais ont également pris des risques en investissant dans leur stade. C’est le cas du club d’Arsenal qui est aujourd’hui propriétaire de l’Emirates Stadium. L’investissement initial était bien calculé par le club. Le contrat de naming signé avec Emirates a permis de financer à hauteur de 20% cette nouvelle enceinte. En étant propriétaire, le club tire un maximum de bénéfices sur toutes les activités organisées dans le stade. En effet, il n’y a pas que les recettes de la billetterie qui rentrent dans les caisses du club. Il faut y ajouter les revenus des concerts, des séminaires, des visites, des boutiques,…
Avec l’Allianz Arena de Munich, l’Emirates Stadium de Londres est aujourd’hui le stade le plus rentable au monde selon de nombreux observateurs.
Le modèle de financement des derniers stades français
À l’inverse de nos voisins allemands et anglais les clubs français ne semblent pas prêts à investir massivement. La période actuelle de crise économique peut expliquer la frilosité de ces-derniers. Néanmoins, le financement exclusivement privé semble être le modèle d’avenir le plus vertueux et les clubs français qui souhaitent bâtir une nouvelle enceinte vont devoir y penser sérieusement. La réussite des clubs allemands et anglais peut s’expliquer en partie par le fait qu’ils possèdent leur outil de production : le stade. Cet outil de production permet de générer des revenus importants et équilibrés alors qu’en France les clubs sont majoritairement dépendants des droits TV. En France, seul l’Olympique Lyonnais va construire son stade des Lumières avec des fonds exclusivement privés.
http://www.info-stades.fr/fr/article/326/p...tades-en-france