Citation (Lagoaparaiso @ 06/04/2018 09:25)
J'ai essayé de le lire pour la premiere fois quand j'étais ado, j'ai apprécié -comme souvent avec les oeuvre du XIXème et jusqu’à l'avènement de Céline- le français qui tire les larmes, mais je me suis bien fait chier sur le fond et ai laissé tomber au terme du 1er tome que j'ai fini comme on finit l'Everest : fatigué et en manque d'oxygène.
Je m'y suis attaqué à nouveau il y a une dizaine d’années, après avoir beaucoup lu sur l'avènement de la société bourgeoise, l’impressionnisme, les salons, les "oeuvres" de ces dames, et ca a été une révélation. La critique est aussi acerbe que discrète, tout est dans le contexte, comme ces scènes de la bonne société festoyant à Paris alors que le carnage de Verdun bat son plein. C'est la chronique d'un monde qui disparaît avec ses manies précieuses, mais je pense qu'on passe à coté de l'oeuvre de Proust si l'on méconnaît l'univers dépeint selon des angles différents par Hugo, Zola ou Huysmans.
Tu lis ces trois derniers en te faisant des visites du musée d'Orsay, tu enchaînes avec Proust et termines avec Céline, tu t'assures quatre ou cinq ans d'orgie littéraire et culturelle, ca s’enchaîne comme la vie d'un fruit de la fleur au pourrissement en passant par sa parfaite maturité, et tu goûtes vraiment les oeuvres.
Citation (giovanni pontano @ 06/04/2018 09:47)
Je suis dedans. Je commence le 4ème tome. Cette fois ci est donc la bonne. Il y a des passages réellement éblouissants.
ma lecture était jusqu’à présent très fragmentée. J’ai dû lire la première partie, Combray plus de 5 fois. Ce qui est le plus bluffant, ce sont ses reflexions sur la peinture, la musique ou la littérature. Rarement le génie ne m’a autant éclaté à la gueule. Et je suis pas du genre à m’extasier d’office sur la virtuosité en général. Je sais déjà que je vais le relire d’ailleurs.
Ce qui aide, c’est que les personnages reviennent de manière récurente. Il faut absolument finir le premier tome. Et même dans ce dernier, tu peux commencer par un amour de Swann si tu veux car c’est un roman à part entière. Si tu veux y revenir, c’est le signe que cela t’est destiné. Ce qui est fou, c’est la vacuité des autres lectures à côté. C’est ça qui le rend difficile à lire. Proust, c’est en fait très accessible mais ça transforme aussi complètement le lecteur. Il faut pas résister au phénomène. Il faut envisager cette transformation comme une félicité. Il faut pas la refuser. C’est comme une conversion, mais esthétique et non religieuse.
Merci, c'est beau ce que vous dites. Le musée d'Orsay
Je vais persévérer même si c'est toujours dur de résister à une autre lecture, il y a tellement de livres formidables que la tentation de lâcher est forte.
Et puis c'est tellement actuel de passer d'une chose à l'autre, je vais me dire que c'est un acte de résistance de faire preuve d'un peu de volonté.