Devant ses troupes, Nicolas Sarkozy fait le fanfaron
Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas été aussi détendu au dixième étage du siège des Républicains, rue de Vaugirard à Paris. Après un premier tour catastrophique pour le Républicains et une "ambiance de mort", l'atmosphère s'est réchauffée dans le bureau de Nicolas Sarkozy ce dimanche soir. "Le champagne est nécessaire en temps de défaite, obligatoire en temps de victoire ! ", souriait le directeur général des Républicains, Frédéric Péchenard dès 18h45, en citant Winston Churchill devant les journalistes. A cette heure-ci, il sait déjà que la soirée s'annonce meilleure que prévu.
Nicolas Sarkozy, qui avait "les machoires serrées" il y a une semaine, s'est lui aussi détendu. Et comme une soirée électorale ne se fait pas sans un petit réglement de compte avec l'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy a voulu régler celui de sa vice-présidente, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Très agressif" selon un participant, le président des Républicains a apostrophé NKM, lui reprochant d'avoir appelé au retrait des listes LR arrivées troisièmes: "Tu vois, j'avais raison sur la ligne politique et j'espère que tu vas finir par le comprendre. Tant que tu es encore aux Républicains, tu dois défendre la ligne." L'ancienne ministre se lève alors pour rejoindre un plateau de télévision. "Reviens, Nathalie, tu écoutes bien", enchaîne Nicolas Sarkozy. La vice-présidente du parti finit par clore la conversation d'un "Je suis contente pour tout le monde ce soir." La chef de file des Républicains à Paris a une conviction tout à fait différente: selon elle, la victoire de son parti n'a été possible dans le Nord et le Sud que grâce aux voix du Parti socialiste, qui s'est en effet retiré dans lesdites régions. Selon un participant à la réunion, Nicolas Sarkozy a sous-entendu que son ancienne ministre serait sanctionnée dès demain 11 heures, lors du Bureau politique du parti.
"La question de son maintien se pose", confirme un proche du président du parti, légèrement agacé par les prises de position de l'ancienne ministre: "Le problème de Nathalie c'est qu'elle ne pense qu'à elle."
En filigrane de cette discorde, l'éternel débat sur la ligne politique du parti. Les Sarkozystes estiment que l'avenir de la droite se trouve très à droite, à l'inverse de NKM, Alain Juppé ou d'autres, qui préfèrent rogner sur le centre-droit. Le président du parti, à la lecture des résultats de ce soir, se sent renforcé sur sa ligne. L'UDI, avec qui il avait fait alliance, s'en sort moins bien que ses candidats 100% LR. Tout indique donc qu'il mènera une campagne pour la primaire sur le même ton. "La ligne de droite est celle qui marche", conclut un participant à la réunion de ce dimanche soir.
"Ne nous lançons pas dans un débat vain pour savoir si nous étions trop à droite ou pas assez, trop au centre ou pas assez", a prévenu Alain Juppé dans la foulée. Les lieutenants de l'ancien Premier ministre avaient pourtant déjà préparé l'inventaire du sarkozysme à la tête du parti... Le signe qu'ils devront mettre leurs critiques en sourdine ? Possible, alors que les candidats de l'UDI alliés aux Républicains enregistrent de très mauvaises performances. Dans la région Normandie, Hervé Morin est au coude à coude avec son adversaire socialiste. Jean-François Sauvadet perd en Bourgogne-France Comté. Philippe Vigier, le président du groupe UDI à l'Assemblée, échoue aussi à ravir la région Centre. Nicolas Sarkozy ne manquera pas de souligner les contre-performances de ses alliés. "Il faut quand même se souvenir qu'à l'époque des négociations, on était censés leur donner trois régions gagnées à coup sûr !", s'emporte un cadre du parti. Conclusion du même: "la ligne de droite est celle qui marche."
"Le peuple de droite attend un discours de droite", jubile un proche de l'ancien chef de l'Etat, qui boit du petit lait au regard de la modération d'Alain Juppé ce soir: "ils ont été très imprudents de vous alimenter toute la semaine en petites phrases..."
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