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Affaire Tapie
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Bernard Tapie, grande gueule cassée
Par Fabrice Lhomme, Gérard Davet
Le 21 juillet 2017 à 12h50 Mis à jour le 21 juillet 2017 à 16h08
Têtes brûlées (5/6). L’homme d’affaires, qui affronte les soucis de santé, les juges, les médias, est toujours debout, la lippe hargneuse.
Bernard Tapie à Paris, en décembre 2011.
Bernard Tapie à Paris, en décembre 2011. | Yann Rabanier/Modds
Tout était calé. Il avait fallu surmonter ses préventions, calmer ses inquiétudes. Deux pages dans Le Monde pour raconter le vrai Bernard Tapie, cet homme vieillissant, toujours inoxydable malgré ses 74 ans, qui affronte les soucis de santé, les juges, les médias, toujours debout, la lippe hargneuse. Il ne faut pas le chercher, lui qui jure s’être acheté une conduite. Ces temps derniers, il n’avait plus envie de prendre de précautions oratoires. Les journalistes David Pujadas, sur France 2, ou Patrick Cohen, sur France Inter, ont récemment fait les frais de son caractère emporté. Aussi, fin mai, quand on lui avait parlé de ce projet d’article, il avait répondu par texto : « C’est pour le coup de grâce ? »
Il s’était laissé convaincre, finalement.
Jusqu’à ce jour de juin 2017. Deux articles publiés dans Le Monde (l’un consacré à l’affaire qui l’oppose au Crédit lyonnais, l’autre à la situation à La Provence, journal qu’il a racheté en 2013) ont ravivé sa colère. Dans son langage fleuri, cela donne ce texto : « Restons-en là et que Le Monde aille se faire foutre ! Je les emmerde et j’annule donc notre rendez-vous. » Nouveaux coups de fil, nouvelles tergiversations… Comme souvent, il revient sur sa décision et accepte de passer une journée entière en notre compagnie. A condition de jouer sur son terrain. Va donc pour le suivre depuis Orly jusqu’à Marseille, au siège de La Provence, où il passe quelques jours par mois.
A l’image des traits de son visage, désormais figés, Bernard Tapie reste le même. Impulsif et velléitaire. Imprévisible et excessif. Egotique et obsessionnel. Insupportable et fascinant. On se souvient d’un déjeuner, dans la salle à manger de son somptueux hôtel particulier de la rue des Saints-Pères, à Paris, où son cuisinier lui avait demandé s’il devait verser du poison dans nos assiettes. Tapie avait raconté l’anecdote, le sourire carnassier, son énorme chien à ses pieds. Voilà, c’est Tapie. Un jour, il menace, un autre, il demande si nous serions partants pour intégrer la rédaction en chef de La Provence… Ne jamais tomber entre ses mains, ne jamais rien lui devoir, sinon il vous bouffe, à l’ancienne. Curieuse relation, tout de même. On ne l’a jamais ménagé dans nos enquêtes, loin s’en faut, mais une forme de respect semble s’être installée.
L’heure du bilan
A croire que Bernard Tapie ressemble réellement à sa caricature. C’était précisément l’objet de cette journée avec lui : voir qui se cache – ou pas – derrière ce personnage connu de la France entière pour ses outrances, ses coups de gueule, ses incroyables succès et ses terribles échecs, qui l’ont même mené en prison six mois durant, en 1997.
D’emblée, dans le salon « affaires » de l’aéroport d’Orly, il annonce la couleur : « Je bouffe comme avant, je fais du sport comme avant, j’ai toujours le même désir pour ma femme, mais c’est vrai que je m’assagis, je relativise… » Le vendredi soir, il enfourche toujours son vélo pour gagner la Seine-et-Marne et sa maison de campagne. Il fonce. Mais quelque chose a changé. De fait, l’ex-chanteur-pilote-entrepreneur-animateur télé-patron de club de foot-dirigeant d’équipe cycliste-ministre-député-comédien-patron de presse (pardon pour les oublis) semble, si ce n’est apaisé, du moins d’humeur mélancolique. De récents et très sérieux pépins de santé n’y sont pas pour rien. Pour la première fois sans doute, l’homme est enclin à regarder derrière lui, mesurer le chemin parcouru, comme si l’heure du bilan était venue.
« Vous ne vous rendez pas compte, ma salle de bains quand j’étais môme, c’était une cuvette dans la cuisine, lance-t-il. Le rêve, c’était d’aller dans une HLM ! Mais mes parents m’ont donné tellement d’amour, j’étais heureux comme personne. Puis je suis tombé sur cette femme exceptionnelle, qui m’accompagne depuis quarante-quatre ans de mariage et qui m’envoie toujours aujourd’hui des messages d’amour. Ensuite, quand dans la vie t’as battu le record de l’Atlantique, t’as gagné le Tour de France, la Champions League, t’as été ministre, chanteur, acteur… Qu’est-ce que j’ai pas fait ? A ma place, tu ne peux pas te dire que t’as pas été pourri gâté par la vie. »
Bernard Tapie - Réussir Sa Vie
Repu, Tapie ? Il a un secret : la foi. « Je suis très croyant, j’ai cette conviction en moi, conviction que tu ne peux pas expliquer, c’est comme l’amour… » Ce dingue de sport sent la ligne d’arrivée toute proche, il combat cette perspective, mais enfin, si cela doit arriver… « L’idée de mourir, ça ne me fait pas chier du tout. La mort, c’est la consécration de la vie pour moi », jure-t-il. Il dit encore : « Si je suis content de ma vie ? Mais vous êtes malade, je suis plus qu’heureux ! Il ne se passe pas un jour sans que quelqu’un me dise : “C’est en voyant ‘Ambitions’ que j’ai eu envie de faire mon entreprise.” Là, tu te dis que t’es pas venu sur Terre pour rien. Parce que, à l’inverse, j’ai jamais vu un mec m’arrêter dans la rue pour me dire : “Grâce à toi, j’ai eu envie d’être un voyou.” »
L’affaire d’une vie
Tapie prend la navette d’Air France, Paris-Marseille, comme tout le monde. Il a dû revendre son yacht et son avion privé, pressé par la justice. Il s’installe au premier rang, sinon c’est le défilé assuré des fans. On s’était promis, sans illusion, de ne surtout pas aborder LA grande affaire, celle qui lui pollue la vie depuis plus de deux décennies, cette histoire qui l’oppose au Crédit lyonnais dans le cadre du rachat d’Adidas, interminable saga judiciaire d’une effroyable complexité… Les derniers épisodes n’ont guère été favorables à l’homme d’affaires : mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » et « détournement de fonds publics » pour son rôle dans l’arbitrage possiblement truqué lui ayant permis de toucher plus de 400 millions d’euros, il a appris que le parquet de Paris avait décidé de faire appel de la décision du 6 juin du tribunal de commerce, qui lui avait permis d’étaler sur six ans le remboursement de cette somme colossale à l’Etat. Un conseil : si vous croisez Bernard Tapie, n’évoquez JAMAIS cette affaire avec lui, au risque d’en ressortir essoré.
Lire aussi : Tapie définitivement condamné à rembourser 405 millions d’euros
Une fois qu’il est lancé, ou plus exactement qu’il s’est lancé, Bernard Tapie est inarrêtable : « Jusqu’en 2012, j’ai mené des combats, j’en perdais, j’en gagnais… Disons qu’on était sur un terrain normal, parce que tout est permis quand tu entres en politique. Or je ne fais plus de politique. Quand j’ai acheté La Provence, j’ai envoyé un texto à Hollande pour lui dire que ma prise ne signifiait pas mon retour en politique. Mais ils n’en ont pas tenu compte. Parce que les socialistes pensaient que mettre la tête de Tapie sur une pique serait profitable. »
Contre l’évidence, l’ancien boss de l’Olympique de Marseille (OM) conteste être « obsédé » par cette histoire, même si ce combat, il l’admet, lui « donne de l’énergie ». Et puis, Tapie n’est pas du genre à déléguer : « Les avocats qui me défendent à la Cour de cassation, demain, ils croisent la présidente de la chambre commerciale, ça va être : “Bonjour madame la présidente, vous allez bien ?” Et je devrais compter sur ceux-là pour donner leur vie pour moi ? »
« La Provence », son autre grand combat
La bagarre, c’est son ADN. Il a guerroyé contre Jean-Marie Le Pen, la juge Eva Joly, le président des Girondins de Bordeaux, Claude Bez, les médias… Certains s’étiolent dans le conflit, lui s’y épanouit, c’est même là qu’il donne toute sa mesure. Son autre grand combat du moment, c’est le redressement de La Provence. Tapie patron de presse… Pour le moins curieux. « Je déteste les journalistes », dit-il d’ailleurs. Il s’empresse de préciser : « Mais pas la profession, attention ! J’adore l’information, les médias… Autant j’aime pas les journalistes, autant je respecte cette profession. »
Son arrivée à la tête du quotidien marseillais a sérieusement fait tousser la rédaction, voire la profession ? Il s’enflamme : « Ils n’ont pas compris quand j’ai dit que La Provence, c’était une des plus belles marques de France. Tout le monde était ravi, sauf les journalistes : “Ah, ben, on nous prend pour quoi, des vendeurs de savonnettes ?” Alors que je les ai sauvés, j’ai mis 40 millions pour qu’ils ne perdent pas leur emploi. Mais quels connards ! Comment tu veux que je les aime ? J’ai envie de leur poser la question : si vous aviez eu 40 millions, vous êtes sûrs que vous les auriez mis dans l’affaire pour sauver l’emploi ? Ou vous auriez arrêté de bosser pour vous acheter une maison de campagne ? »
Lire aussi : Climat d’incertitude et de tension à « La Provence »
Il se souvient de sa première rencontre avec la rédaction. « Ils voulaient savoir si j’allais gérer La Provence comme l’OM… Je leur ai dit : “Il y a une grande différence avec le football, c’est que j’aimais les footballeurs. Donc si vous cherchez un copain, un grand frère, je ne suis pas le client pour vous. Maintenant, si vous cherchez un patron, qui a mis beaucoup d’argent pour que La Provence soit pérenne, je suis votre homme.” C’est la première et unique fois où je me suis adressé à eux. Et depuis ça marche super bien, malgré les cinq du SNJ. » Le SNJ, c’est le Syndicat national des journalistes, très critique sur la méthode Tapie. Parce qu’ils sont nombreux, et pas seulement au sein du quotidien, à soupçonner l’homme d’affaires d’avoir investi une partie de son argent dans un média afin de le mettre à l’abri des juges et de l’Etat, bien déterminés à récupérer les quelques centaines de millions qu’il aurait perçus indûment. Une prise d’otage médiatico-judiciaire, en somme.
L’accusation le fait bondir – beaucoup de choses le font bondir. En tout cas, il le jure, il n’intervient jamais dans le contenu du journal, qui ne lui convient pas toujours. Il prend en exemple l’édition de ce matin avec, en « une », une grande photo du prince Albert de Monaco au secours des abeilles. Soupir consterné. « Mais je ne ferai rien, si tu interviens, t’es mort », assure-t-il.
Comme un poisson dans l’eau
A Marseille, Tapie semble revivre. Il aime cette lumière, ce décor, cette énergie particulière. L’homme à tout faire de Tapie nous conduit dans les locaux de La Provence. Très fier, l’ancien ministre de la ville fait le tour du propriétaire, surgit sans crier gare dans un comité de direction, sous les yeux étonnés de la dernière « prise » de Tapie, le journaliste Franz-Olivier Giesbert, tout juste propulsé directeur éditorial du quotidien. Comme pour rappeler qui est le « boss », au cas où l’on aurait eu un doute…
« IL A DÛ M’ARRIVER, UN PEU PLUS QUE LA MOYENNE, DE MENTIR, MAIS DANS UN CONTEXTE PROFESSIONNEL. PAR EXEMPLE, QUELQUES COUPS D’ARNAQUE QUE J’AI FAITS DANS LE FOOTBALL. »
On met le cap sur le splendide restaurant du Cercle des nageurs de Marseille et sa vue imprenable sur la Méditerranée, l’un des endroits les plus courus de la ville. Tapie ne connaît pas les lieux. C’est qu’il est casanier : « A Paris, je sors le moins possible, j’ai des déjeuners, oui, mais je ne fais pas de mondanités, pas de dîners, je préfère rester chez moi. Dès que tu quittes ta maison, tu es en représentation, c’est fatigant. Quand tu es dans l’inconscient des gens, on te regarde, il y a les selfies, tout ça. Ça me gave… C’est réconfortant d’être remercié, c’est touchant, cet élan est formidable, mais épuisant. Et frustrant, parce qu’ils auraient envie de parler, mais on ne peut pas parler à tout le monde. »
De fait, cet homme est une star. Détesté, méprisé, adulé, respecté. Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, il est reconnu, harangué… et dragué. On lui parle fidélité, il dégaine son téléphone portable, se connecte sur son compte Facebook et montre l’écran : défilent des dizaines de jeunes créatures, qui, toutes, ont laissé leurs coordonnées personnelles dans l’espoir d’un rendez-vous. Saisissant. « Ce ne sont pas des prostituées, précise-t-il, mais des filles qui bossent. Elles me disent : “J’ai envie de te connaître, je suis fascinée, faut qu’on se rencontre, j’ai écrit un poème”, etc. C’est fou. » A l’en croire, leurs avances sont vouées à l’échec : « Jeune, j’ai été un coureur dingue, je n’arrêtais pas, mais à un moment, je suis passé à autre chose, et puis, je ne veux pas sacrifier ma vie avec ma femme, du moment où j’ai été avec elle, ça a été terminé. »
La combine à nanar
C’est peut-être là le seul domaine dans lequel Tapie a filé droit. Les « combines à Nanard », popularisées par les Guignols, ne relèvent pas seulement du cliché. « Moi, menteur ? Pfff…, soupire-t-il. Il a dû m’arriver, un peu plus que la moyenne, de mentir, mais dans un contexte professionnel. Par exemple, quelques coups d’arnaque que j’ai faits dans le football… » Un jour, il avait eu cette confidence, alors qu’on lui parlait du fameux match truqué entre Valenciennes et l’OM, en 1993 : « J’ai été pris pour des trucs que j’ai pas faits et pas pris pour des trucs que j’ai faits. » Il confirme : « Oui. C’est vrai. Je vais vous donner un exemple d’un truc que j’ai fait sans me faire attraper… Hmmm, lequel ? » Il cherche, farfouille dans sa mémoire, il semble avoir l’embarras du choix. « Ben oui, confirme-t-il, quand t’es au sommet de la gloire, du pouvoir et du foot, il y en a tous les deux jours ! »
Feintes et croc-en-jambe à l’OM
Il se souvient de ce tour de passe-passe réussi, en 1987, alors qu’il présidait l’OM, pour recruter le footballeur ghanéen de Mulhouse Abedi Pelé, au détriment de l’AS Monaco. Apprenant par le président du FC Mulhouse que le prodige africain s’apprête à signer à Monaco, Tapie-l’embrouille entre en action. Il convoque le joueur juste avant sa visite médicale d’embauche, ultime étape avant la signature du contrat avec les Monégasques. « Je lui ai dit : “En général, on fait faire une prise de sang aux joueurs africains, alors quand tu vas passer la visite, tu vas refuser, dire que tu ne supportes pas ça, que c’est plus fort que toi”. » Dans la foulée, Tapie s’adresse à un employé de l’OM qu’il sait proche de Monaco : « Je lui dis : “Tu sais, on l’a échappé belle, j’ai pas pris Abedi Pelé, il est séropositif.” Je savais qu’il me trahirait et le dirait à Monaco. Ça n’a pas raté. Et quand Pelé refuse la visite médicale, Monaco se dit : “Ah oui, c’est vrai, il est séropositif, alors on ne le prend pas.” Et le lendemain, il signait à Marseille ! C’est comme ça. Faut gagner. » Des tours comme celui-là, il en a plein la besace. Comme ce déjeuner où, avec la complicité du médecin de l’OM, il avait fait verser du Valium dans le verre de son entraîneur, le Belge Raymond Goethals, afin de permettre aux célibataires de l’équipe d’accueillir des filles dans leur hôtel, la veille d’un match décisif !
« M’ARRÊTER ? AH NON, JE NE POURRAIS PAS. D’ABORD, JE DORS PEU, DONC J’AI BEAUCOUP D’HEURES À REMPLIR. ET PUIS, J’AI ENCORE DE L’IMAGINATION, DE L’AMBITION. »
« J’ai honte de moi, mais il faut accepter ce qu’on est, avec le bon et le moins bon », concède-t-il. Honte ? Pas sûr. Cet homme s’assume, avec ses excès, cette façon de rudoyer ses employés, beau parleur souvent et sale type parfois. Bonimenteur, toujours. On entend dire qu’il serait capable de vendre de la glace aux Esquimaux… « Cette phrase, pour moi, c’est plutôt un compliment, sourit-il. C’est une vraie performance d’avoir un grand pouvoir de conviction. C’est pas le mensonge qui est grave mais la tromperie. Il y a une distinction entre être un très bon vendeur et tromper les gens. » Finalement, Bernard Tapie a le sens de la nuance.
Le déjeuner s’éternise. Progressivement, le matamore cède le pas à un autre Tapie. Un être qu’on ne connaissait pas. Ses yeux s’embuent – « les sanglots m’arrivent parfois, c’est depuis la taule, c’est plus fort que moi » – lorsqu’il évoque cette petite Algérienne atteinte d’un cancer du poumon en phase terminale. Il n’en parle jamais publiquement. Elle s’appelait Zara, c’était il y a plus de vingt-cinq ans, mais il n’a rien oublié. « Cette gamine de 13 ans voulait une photo dédicacée de moi. Avec ma femme, on va la voir, alitée, on aurait dit une biche, tellement émaciée, avec deux grands yeux noirs. Et dans sa chambre, une dizaine de photos de moi. Tu sors de là, t’es massacré… Alors, ma femme a proposé aux parents qu’on la prenne avec nous, et elle a vécu à la maison un an et demi, on l’a reboostée, on l’a amenée aux sports d’hiver, partout. Et puis, elle est partie… C’est un des plus beaux moments de notre vie à nous, quand tu te sens un peu utile. »
Un one-man-show à venir
Il assure donner, en toute discrétion, de l’argent à diverses causes. Il en a encore les moyens. Il s’imagine un avenir. Son prochain projet : un one-man-show, J’ai un truc à vous dire, prévu pour la rentrée 2018. Tapie en vedette, seul sur scène. Succès assuré. « M’arrêter ? Ah non, je ne pourrais pas. D’abord, je dors peu, donc j’ai beaucoup d’heures à remplir. Et puis, j’ai encore de l’imagination, de l’ambition… Par ailleurs, tout ce qu’on appelle des passe-temps m’emmerde. Il me faut la dose d’énergie existentielle, qu’à la fin de chaque journée, j’ai eu l’impression d’avoir fait quelque chose. »
Pub piles Wonder - Bernard Tapie (1986)
Il lui faut sa ration d’action. Tapie ne cesse jamais de s’agiter, téléphone à la main en général. On en a eu une nouvelle illustration, quelques jours après ce déjeuner, qui a vite fait le tour du microcosme marseillais. Car une drôle de surprise nous attendait de retour au bureau, à Paris. Une lettre anonyme. « Votre présence à Marseille, en compagnie de Bernard Tapie, n’est pas passée inaperçue », commençait « le corbeau ». Les ennemis de Tapie ne lâcheront jamais prise. Et le délateur de signaler une nouvelle « combine à Nanard » : l’homme d’affaires aurait demandé à l’ex-député (PS) des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci de faire pression sur son ami Jean-Jacques Urvoas, alors ministre de la justice, afin d’obtenir un jugement favorable du tribunal de commerce. On a vérifié, bien sûr. Si M. Urvoas n’a pas souhaité s’exprimer, M. Mennucci en revanche nous a confirmé les faits, du moins pour partie : « Tapie m’a appelé, de mémoire en mars 2017, il voulait que je fasse remonter au garde des sceaux les inquiétudes qu’il avait pour la survie des employés de La Provence, à l’approche du jugement du tribunal de commerce. Il m’a dit que, de toute façon, il rembourserait. Je ne suis pas dupe, j’imagine que Tapie se sert de La Provence pour sa crédibilité. J’ai fait une note écrite à Urvoas, qui m’a ensuite rappelé pour m’expliquer que le tribunal de commerce ferait son travail. » Du Tapie pur jus. Cinquante ans que ça dure…
Une série en six épisodes
1. Christine Angot, de bris et de fureurs
2. Jérôme Lavrilleux, en liberté non surveillée
3. Cyril Hanouna, puéril en la demeure
4. Rachida Dati, l’ingouvernable
5. Bernard Tapie, grande gueule cassée
La saison 4 du Monde Festival vous invite à rêver
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Fabrice Lhomme, Gérard Davet
Le 21 juillet 2017 à 16h08
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