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Si Jérémy Menez est parvenu à briller avec l’AS Rome la saison passée, c’est en partie grâce à Christian Damiano. Cet entraîneur français, adjoint de l’illustre technicien italien Claudio Ranieri depuis 2007, est bien placé pour être interrogé sur les chances de réussite de l’ancien Monégasque au PSG. Avec calme et sagesse, Christian Damiano est revenu pour nous sur la période romaine de Menez et sur son arrivée dans la capitale française. L’ancien adjoint de Gérard Houllier à Liverpool n’envisage pas un échec de son ancien protégé.
Christian Damiano, Jérémy Menez a signé lundi au PSG. Qu’est ce que vous en pensez ?
C’est bien pour lui. Il sort d’une expérience en Italie qui a été très importante pour lui. Il revient dans un club français tout auréolé de ses sélections internationales. Maintenant, il faut encore qu’il passe un cran au-dessus en développant plus son côté « leader ». Il sort d’un championnat qui compte parmi les plus durs au monde donc il a beaucoup appris. Je pense qu’il peut beaucoup apporter.
Manquait-il de « leadership »à l’AS Rome ?
A l’AS Rome, c’est plus difficile. Quand vous avez quatre ou cinq champions du monde qui sont déjà les leaders du groupe, ce n’est pas évident pour un jeune joueur français de venir s’imposer comme ça. Ceci dit, il a pu le faire quand même. Un an et demi ou deux ans après son arrivée, il a pris la plénitude de ses moyens.
Ses débuts à l’AS Rome avec Luciano Spalleti n’ont pas été évidents…
Oui, son arrivée a été difficile mais c’est logique et cela vaut pour l’ensemble des joueurs français qui s’en vont en Italie très jeunes. C’est un football qui est tellement difficile.
Fait-il le bon choix en signant au PSG ?
Ça, c’est difficile à dire. On verra avec le temps. Mais je pense qu’il a envie de passer un cap. Il se dit certainement que le PSG sera une rampe de lancement. C’est potentiellement l’un des plus grands clubs français et c’est un club qui vise la Ligue des Champions. Il y a des objectifs importants et je pense qu’il peut grandir en même temps que le club.
« Il sait ce qui l’attend à Paris »
Et à l’inverse, le PSG a-t-il fait le bon choix en recrutant Jérémy Menez ?
Je pense, oui. Personnellement, c’est un garçon en qui je crois beaucoup. Après, ce sont les évènements qui vont le dire. Mais je pense que c’est un garçon avec qui on peut construire. C’est un joueur d’avenir.
C’est donc le bon remplaçant de Ludovic Giuly…
Ils sont effectivement dans le même registre, peut-être que Jérémy est même encore un peu plus offensif. C’est un garçon qui a une grande qualité : il est capable de faire la différence dans les grands moments. Il a un très gros potentiel.
En signant à Paris, une ville dont on connaît l’environnement, n’y a-t-il pas un risque qu’il se disperse un peu ?
A Rome, il y avait le même danger ! La différence, c’est qu’en Italie, la pression de la presse et des supporters est telle que vous êtes dans un conditionnement total. A Paris, c’est vrai que la situation est différente. Il y a un côté moins passionnel que ce qu’on trouve en Italie. Mais je pense qu’il connaît bien son milieu. Il sait ce qui l’attend.
Est-ce un joueur sérieux et consciencieux ?
Pour moi, oui. C’est un garçon qui mérite d’être entouré. Ensuite, dès l’instant où il est en confiance, il est capable de faire de grandes choses.
« Bien sûr qu’il manque de régularité »
Comment étaient vos relations quotidiennes avec lui ?
Elles étaient permanentes. Les dirigeants étaient en fait très déçus de l’avoir embauché à ce moment-là. Ils pensaient que pendant sa première année et demie, il allait montrer plus. Ils m’avaient demandé de les aider pour qu’il s’épanouisse.
Et comment avez-vous procédé ?
J’ai eu la chance, dans ma carrière, d’avoir beaucoup de grands joueurs. C’est un travail journalier avoir d’instaurer la confiance entre le joueur et moi. Ce sont des objectifs que l’on se fixe à court, moyen ou long terme. Et ponctuellement, on fait le point d’une manière confidentielle et personnelle. Ça passe aussi par des séances entrainement individualisées ou supplémentaires dans la semaine.
Vous aviez aussi un rôle de psychologue ?
Au départ, c’est surtout ça. Quand les joueurs ont un tel talent et de telles qualités, vous ne leur apprenez pratiquement plus grand-chose. La seule chose qui reste, c’est de les mettre en confiance pour qu’ils se sentent bien mentalement. Il faut créer un climat de confiance, une relation seine, solide et très hermétique entre les joueurs et vous. A partir de là, les objectifs s’atteignent. C’est ce qu’il s’est passé avec lui. Quand il a pris sa dimension, il s’est retrouvé en équipe de France A, il a fait la différence contre le Milan AC, contre l’Inter Milan, contre le Bayern Munich… C’est lui qui a fait basculer les matchs contre les grosses équipes.
Ne manque-t-il toujours pas d’un peu de régularité ?
Bien sûr qu’il manque de régularité mais ça va venir. C’est un garçon qui est en pleine progression. Il n’a pas encore atteint son maximum. Je pense qu’il va doucement y arriver.
Et pour ce qui est des blessures, n’est-il pas un peu trop fragile ?
Non. Au départ, il a seulement eu un problème de genou qui a été réglé. Ensuite, il a surtout plus été embêté par les coups que par le reste. Comme c’est un joueur qui joue beaucoup dans la profondeur… Par conséquent, il est très exposé pour les défenseurs et il subit malheureusement souvent beaucoup de chocs. Mais sur le plan physique, il a un très gros potentiel. Il peut aller dans les espaces, il va très, très vite… L’image qui me reste de lui n’est pas celle d’un joueur fragile.
« On a un bilan avec Ranieri »
Le voyez-vous rester longtemps au PSG ?
Je pense que son adaptation peut aller très vite. Je connais bien Antoine Kombouaré pour avoir été son instructeur à Clairefontaine. Je pense que c’est un fin psychologue qui va rapidement pouvoir donner toute sa dimension à Jérémy.
Sauf si Antoine Kombouaré est rapidement écarté, ce qui est un peu le risque au PSG…
Oui mais comme toujours, ce sont les résultats qui protègent l’entraîneur. C’est une chose. La deuxième, c’est surtout que Jérémy n’a pas d’état d’âme. Il est capable de se transcender et de faire la différence. Moi, j’ai confiance en lui, j’ai vu les progrès qu’il a faits dès l’instant où on l’a épaulé et où on s’est rapproché de lui. J’ai surtout toujours essayé d’avoir tous les jours des mises au point avec lui.
A titre personnel, êtes-vous toujours l’adjoint de Ranieri ?
Pour l’instant, oui. Mais on attend. Des propositions ? On en a eues. Au jour d’aujourd’hui, on vient d’aligner trois qualifications et trois participations en Ligue des Champions en quatre ans. On n’est pas pressé pour signer. Ce qu’on souhaite, c’est un projet dans un grand club. Ça ne va pas plus loin, même si c’est beaucoup demander (rires).
Vous pourriez redevenir entraîneur ?
Oui, ce n’est pas impossible. Mais il faut que l’opportunité se présente et que le projet soit solide. Pourquoi pas… Mais à partir du jour où on a décidé de faire une équipe ensemble avec Claudio Ranieri, on est devenu le staff le plus performant, après Mourinho. On a sauvé Parme en deux mois et demi, un truc miraculeux ! On prend la Juventus Turin, qui remonte de D2 avec Didier Deschamps, on termine troisième de notre championnat. L’année d’après, on est vice-champion. On va à Rome, on fait encore vice-champion… On a un bilan. C’est pour ça que dans l’immédiat, on veut voir les projets qui seraient les plus intéressants. Mais il n’y a pas d’urgence. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas trouvé que l’on va s’inquiéter…
*edit*ah merde aussi posté par 04 en rdp,effectivement plus judicieux