Ce que je vais dire est très condescendant, mais Besson me fait de la peine. Parce que l'été, parce que pas seul, parce que carte illimité, je sors de Lucy. Et non, juste, non.

Mais le problème, c'est qu'il parait sincère. Il a clairement la volonté de vouloir faire quelque chose de moins bête qu'à l'habitude, et parait être à la recherche d'un peu de reconnaissance de ses pairs, mais absolument rien ne prend : si c'est pas le pire de ses faits formellement, on ne reste pas très éloigné du téléfilm. Le casting lui n'est absolument pas dirigé et (pour les têtes d'affiche) n'est absolument pas préoccupé par le sujet. Freeman et son air débonnaire passe encore, mais Johansson est caricaturale du début à la fin. Quant à Choi Mon-Sik, c'est l'exact archétype de l'asiatique déjà vu et revu dans les (très) nombreuses productions Bessonienne.
Sauf que le pire n'est pas là. Il est dans le propos. La première partie du film s'axe sur une narration éclatée, qui navigue entre ce qui arrive à Scarlett Johansson, et une conférence scientifico-philosophique que donne Morgan Freeman sur les capacités cérébrales de l'être humain, qui marque le point de départ des ennuis. Parce que jusqu'ici, rien n'est plus honteux que ce qu'il signe habituellement de sa main. Mais à partir de ce moment, Freeman va constamment passer son temps à surligner l'évidence et à tenter des envolées philosophiques vis à vis du sens de la vie et des règles à s'imposer lorsque l'on dispose de trop de pouvoirs. Quatre-vingt dix minutes de "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", Oncle Ben en moins.
Et comme le spectateur moyen est un peu con, Besson s'est dit qu'il devrait peut-être y ajouter du visuel. Ainsi, lorsque Morgan Freeman ne littéralise pas ce qui arrive à Lucy, Besson oscille entre du stock shot Bruno Mattéien (quand ça n'est pas de la 3D fauchée), et des envolées lyriques kitscho-dégueu à la Malick. Pas le plus posé. Non non, celui de Tree Of Life. L'univers et son expansion constante sert donc d'illustration à la multiplication des cellules cérébrales de Lucy quand une caméra embarquée ne suffit plus. Parce que le film se veut être une parabole de l'évolution humaine, Lucy rencontre son ainée, le premier être humain connu, lors d'un voyage dans le temps rendu possible grâce à l'entière exploitation de ses capacités cérébrales.
Puis meurt. En se transformant en ordinateur quantique. Sur ces mots : "On nous a donné vie il y a plus de 5000 ans. Maintenant, vous savez quoi en faire".